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L’Etat choisit l’appel à projets pour lancer la réforme des pôles de compétitivité

Inéluctable depuis la fusion des régions et attendue avec fébrilité par tout l’écosystème de l’innovation en France,  la réforme des pôles de compétitivité est en marche. Ce jeudi, lors de sa visite de l’IRT M2P à Metz, en Lorraine, le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé le lancement de phase IV, qui s’ouvrira en 2019 et devrait s’achever en 2022 pour coïncider avec la fin du premier mandat présidentiel d’Emmanuel Macron. «  C’est un message politique fort du gouvernement qui a bien compris la problématique complexe et l’enjeu des pôles », estime Jean-Luc Beylat, président de l’Association française des pôles de compétitivité (AFPC). «  On a pas mal discuté ces derniers mois avec les différents cabinets ministériels concernés, on a été écouté mais on a eu du mal à converger  », reconnaît-il.

Aucun des gouvernements précédents n’a pris le risque politique d’engager un processus de délabellisation d’une partie des 71 pôles initiaux, jugés trop nombreux pour l’Hexagone. Globalement, leurs résultats sont ressortis positifs, mais individuellement disparates, des dernières évaluations réalisées en 2016 par les cabinets EY, Erdyn et Technopolis ou par la Cour des comptes. Depuis leur lancement en 2004, ils ont mobilisé près de 9 milliards d’euros, dont deux tiers de financements privés.

Des critères de sélection exigeants

Pour accélérer leur consolidation qui s’est déjà amorcée (lire ci-dessous), le gouvernement d’Edouard Philippe a choisi un mécanisme de sélection plus habile, qui va induire inévitablement des fusions ou des rapprochements entre les pôles les moins performants ou sous-dimensionnés. A priori mi-juillet, l’Etat lancera un appel à projets, dont le cahier des charges est en préparation avec l’AFPC et les régions. «  Avec un haut niveau d’exigence, parce que ce doit être l’occasion pour les pôles de monter en gamme  », a souligné Edouard Philippe. Parmi les principaux critères de sélection susceptibles d’être retenus figurent la taille critique, l’ambition européenne, l’implication dans les politiques nationales (filières, CNI…), l’interaction avec des structures telles que les IRT, ITE…, les dynamiques interpôles ou l’impact économique sur les entreprises. «  N ous garantirons aux pôles qui auront franchi la barre, une vraie visibilité sur leurs financements, en fonction bien sûr de leur performance », a assuré le Premier ministre.

Nouveaux projets d’ici à fin septembre

A ce stade, les modalités de financement des projets collaboratifs de R&D et des budgets de fonctionnement des pôles ne sont pas arbitrées. «  Depuis dix ans, l’enveloppe du Fonds unique interministériel (FUI) a chuté de 200 à 50 millions d’euros. Nous avons expliqué au gouvernement que ce montant est très insuffisant, il nous a entendus et essaie de renforcer sa capacité de financement  », confie Jean-Luc Beylat, qui préside aussi le  pôle Systematic«  C’est pourquoi,  n ous allons fusionner plusieurs sources pour constituer une enveloppe unique au sein du PIA, qui mobilisera près de 400 millions d’euros pour la période 2019-2020  », a répondu, jeudi, Edouard Philippe, tout en précisant que les pôles y auront «  un accès privilégié, mais pas exclusif  ».

Le calendrier est serré. Les contrats de performance 2013-2018 des pôles de compétitivité qui ne seront plus, avec cette nouvelle donne, répartis en trois catégories (mondiaux, à vocation mondiale ou nationaux), arrivent à échéance d’ici à six mois. Les nouveaux projets devront être soumis à l’Etat, qui ne s’est pas fixé un nombre limite arbitraire, a priori avant fin septembre. D’ores et déjà, certaines régions, à l’instar de l’Ile-de-France, procèdent à leurs propres évaluations.


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