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Emploi public : comment Le Drian veut limiter l’effort du Quai d’Orsay

Jean-Yves Le Drian va-t-il réussir là où Laurent Fabius avait échoué? Comme son prédécesseur, le ministre des Affaires étrangères, qui a l’oreille de l’Elysée, veut étendre sa tutelle au-delà des personnels à l’étranger qui lui sont déjà rattachés. Il vient d’obtenir partiellement gain de cause auprès de Matignon.

Dans le cadre de la mission Action publique 2022, il s’est montré très gourmand. Une note en date du 6 novembre 2017 signée du secrétaire général du Quai suggère de « mettre sous plafond d’emplois du [ministère] tous les agents affectés à l’étranger qui participent à l’action extérieure, à l’exception des agents de la DGSE et des militaires en Opex [opérations extérieures, ndlr] ». 

En clair, Jean-Yves Le Drian veut récupérer la gestion de tous les conseillers économiques, sociaux, agricoles et autres ainsi que les personnels qui travaillent avec eux. Cette demande intervient alors qu’il a été décidé une baisse de 10 % de la masse salariale des fonctionnaires à l’étranger

Beau diable

Elle a suscité une levée de boucliers, lors la réunion interministérielle durant laquelle Edouard Philippe a annoncé ces économies, le 6 avril. Juste avant, dans un courrier commun, Gérard Collomb, Nicolas Hulot, Nicole Belloubet, Florence Parly, Bruno Le Maire, Stéphane Travert comme Muriel Pénicaud ont mis le Premier ministre en garde notamment contre « le remplacement progressif d’experts par des généralistes déconnectés de la conception et de la mise en oeuvre des politiques publiques ». Le Quai d’Orsay, qui emploie 85 % des personnels de l’Etat à l’étranger, est accusé de vouloir faire porter le poids des économies sur les autres administrations.

« Le Drian se bat comme un beau diable pour garder ses postes », explique un de ses collègues au gouvernement. Non sans succès. Malgré la bronca, il a réussi à récupérer les fonctions support des autres réseaux, leurs budgets et leurs biens immobiliers. La décision est censée être annoncée lors d’une prochaine réunion interministérielle mais c’est un secret de polichinelle.

Se déroule maintenant une bataille de chiffres pour savoir combien de postes seront concernés. Le Quai aurait ainsi des visées sur un gros tiers des quelque 600 postes des services extérieurs de l’Etat de la direction du trésor, la plus impactée par la réforme car elle emploie 5 % des agents à l’étranger.

Le transfert des fonctions support ne devrait pas exonérer Jean-Yves Le Drian réduire sa masse salariale en 2019. Les autres ministères auraient obtenu que « chacun [ait] ses objectifs de baisse d’effectifs ». Mais rien n’a été dit sur la suite. Et le ministère des Affaires étrangères ne semble pas avoir revu à la baisse ses ambitions. Il vient de créer un poste de « chargé de mission pour la mise en place de la réforme de l’action extérieure portant unification du réseau de l’Etat à l’étranger ». L’offre diffusée indique que le fonctionnaire issu d’un des grqnds corps qui sera embauché devra « poursuivre la réflexion » sur cette réforme, remarque un syndicaliste de Bercy.


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