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Les grandes banques espagnoles se libèrent enfin du boulet immobilier

Les banquiers espagnols vent debout ! Les dirigeants de principaux établissements financiers ibériques sont tous montés au créneau, vendredi à l’occasion de leurs résultats semestriels, pour rejeter l’idée agitée par gouvernement de Pedro Sánchez d’un nouvel impôt sur les dépôts (actuellement taxés à 0, 003 %), afin de contribuer à financer le déficit du système de retraites publiques.

« Ce n’est pas le moment et ce n’est pas non plus une bonne idée », estime Gonzalo Gortazar, le directeur général de CaixaBank. « Mettre des impôts sectoriels pour résoudre un problème structurel peut provoquer des distorsions dans le jeu de la concurrence, surtout au niveau international », plaide son homologue de Sabadell, alors que le numéro deux de Santander estime que l’établissement « pourrait revoir sa structure légale » si un tel projet voyait le jour.

Efforts pour se libérer des actifs douteux

Cette levée de boucliers intervient alors que les banques espagnoles ont à peine passé le cap de la crise. « Elles bénéficient de leur internationalisation qui permet de diversifier les risques, indique Gonzalo Lopez Eguiguren, analyste chez Mirabaud Securities. Leurs efforts considérables pour se libérer des actifs douteux permettent de baisser le volume des provisions. Elles se sont  débarrassées en bonne partie de l’encombrant portefeuille immobilier hérité de la crise et on devrait en voir clairement les effets d’ici l’an prochain, mais le point faible demeure l’impact des intérêts négatifs. »

BBVA entre incertitudes au Mexique et en Turquie

Deux jours après Banco Santander , BBVA a ainsi annoncé 2,6 milliards d’euros de bénéfices au premier semestre (+15 % sur un an), malgré un produit net bancaire (PNB) en recul de 1,8 % sur la période, à 8,6 milliards d’euros. C’est la bonne tenue de ses activités au Mexique qui joué en faveur (avec des bénéfices en hausse de 21 %). Le géant latino-américain représente plus du tiers des activités du groupe et vient compenser pour l’instant, un coup d’arrêt en Turquie (-0,2 %). Mais pour l’analyste Nuria Alvarez chez Renta 4, « BBVA est dans une situation compliquée, du fait de l’incertitude politique qui plane ses deux grands marchés internationaux, entre l’attente de la renégociation du NAFTA au Mexique et le manque de visibilité en Turquie ».

Plongeon de Sabadell

CaixaBank a également tiré son épingle du jeu ce semestre. Après avoir  nettoyé ses comptes plus rapidement que prévu , le PNB s’affiche à 2,4 milliards d’euros (+3,5 % sur un an) et le bénéfice à 1,3 milliard d’euros (+ 54,6 % par rapport à la même période l’an dernier), grâce à la baisse considérable des provisions et à la progression de sa filiale portugaise BPI.

Sabadell fait moins bonne figure et a annoncé 120 millions d’euros de bénéfices pour le premier semestre (plongeon de 67,2 % sur un an) avec un PNB de 2,1 milliards, en baisse de 7,6 %. Cette contre-performance est due en bonne partie aux dotations pour la vente en cours de son portefeuille immobilier et aux dépenses liées aux problèmes d’intégration informatique de sa filière britannique TSB.

L’incertitude Bankia

Pour sa part Bankia a présenté un bénéfice à peu près stable à 515 millions, et un PNB en hausse de 5,3 %. Elle a commencé au deuxième trimestre à tirer avantage de ses synergies avec Banco Mare Nostrum (BMN). Mais l’incertitude continue de planer sur l’avenir de l’entité nationalisée en 2012 et dont le fonds de restructuration bancaire détient toujours 61 %. « La vente de Bankia devrait avoir lieu d’ici 2019, signale Nuria Alvarez chez Renta 4. Mais le problème est que la rentabilité demeure faible et l’Etat devra attendre pour revendre ses participations, s’il veut espérer récupérer la meilleure partie de ce qui a été investi dans le sauvetage de la banque ». Reste à savoir combien de temps il peut patienter.


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