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Les chantiers de l’exécutif pour la rentrée

Inquiétude sourde autour du prélèvement à la source

Déjà élevé, le rythme d’interviews accordé par Gérald Darmanin à la presse – notamment régionale – sur le thème du prélèvement à la source devrait encore accélérer dans les semaines à venir. Le ministre des Comptes publics est appelé à redoubler de pédagogie sur une réforme entrant en vigueur en janvier prochain et qui inquiète jusque dans son propre camp. Les plus pessimistes craignent que l’amputation automatique du salaire net des Français ait un impact négatif sur la consommation (notamment sur celle des retraités, moins informés car moins tentés par la déclaration sur internet), et surtout efface les bénéfices politiques de la suppression complète des cotisations chômage et partielle de la taxe d’habitation qui interviendront à l’automne. L’exécutif va devoir aussi gérer la question des crédits d’impôts (notamment ceux versés pour l’emploi à domicile), qui ne seront pas mensualisés dans un premier temps. Enfin, de nouvelles revendications d’aménagements pourraient émerger, alors que Bercy a concédé durant l’été  des gestes en faveur des TPE-PME (qui bénéficieront d’un dispositif gratuit pour gérer la collecte) et des particuliers employeurs à domicile (qui voient la réforme reportée d’un an pour leur cas). 

L’équation se complique pour le budget

Gérald Darmanin va devoir composer avec une conjoncture dégradée pour élaborer le budget 2019. Les chiffres dévoilés durant l’été ont confirmé le  ralentissement de la croissance , qui rend désormais quasi hors d’atteinte la cible gouvernementale de 2% en 2018. Bercy va donc revoir ses calculs pour cette année (cela ne devrait pas trop affecter l’objectif d’un déficit à 2,3% du PIB) mais surtout pour l’an prochain. Si la prévision de 1,9% pour 2019 devait être revue à la baisse pour le projet de loi de finances qui sera présenté fin septembre, cela obligerait sans doute à serrer un peu plus la vis sur les économies. Celles-ci restent encore floues, même si de nouveaux efforts sur l’emploi et le logement ont été annoncés. L’exécutif devra notamment trancher sur la possibilité de faire payer aux entreprises les arrêts maladies (avec à la clé un milliard d’euros d’économies), ce qui a provoqué une levée de boucliers du patronat. La question est aussi celle des effectifs de la fonction publique, alors que le gouvernement est resté très prudent jusque-là.

Agenda social à Matignon

L’agenda social du gouvernement est particulièrement chargé dans les prochaines semaines. A partir du 29 août, les leaders des organisations syndicales et patronales seront reçus un par un par Edouard Philippe à Matignon. Avec plusieurs sujets sur la table. D’abord, en juillet,  Emmanuel Macron a proposé aux partenaires sociaux d’ouvrir une négociation sur l’assurance-chômage et les règles d’indemnisation. Syndicats et patronat ont aussi rendez-vous, fin août, avec le cabinet de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et vont se pencher sur la durée et le montant des indemnisations et la possibilité de les cumuler avec des revenus d’activité réduite. Le sujet hérisse déjà les syndicats, qui craignent une baisse des droits. Ensuite, l’exécutif voudrait faire payer les indemnités journalières maladie qui ne cessent d’augmenter avec le recul du départ à la retraite, aux entreprises. Là, ce sont les patrons qui sont vent debout contre ce projet. Autre sujet, un rapport commandé par Matignon sur le système de santé au travail sera remis le 27 août au Premier ministre. 

Le retour du Plan pauvreté

Prévu avant l’été, le plan pauvreté devait montrer qu’Emmanuel Macron n’est pas le président « de droite » que la gauche n’a de cesse de dénoncer. Mais sa présentation a été reportée au mois de septembre. Raison officielle : il n’était pas encore totalement finalisé. Raison officieuse : en pleine coupe du monde de football, l’exécutif ne voulait pas qu’il passe au second plan, comme l’a rappelé la ministre de la Santé,  Agnès Buzyn , ce qui n’a pas manqué de créer la polémique. Les mesures qui doivent être annoncées sont destinées à mettre fin à « l’assignation à résidence », comme l’a rappelé Agnès Buzyn dans les colonnes du « JDD » en août. A savoir principalement un nouveau dispositif d’accompagnement pour les jeunes de 18 à 25 ans et une réforme du RSA afin de redonner la priorité à l’insertion des bénéficiaires. 


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