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Macron attaque sa rentrée par les derniers arbitrages budgétaires

Un retour de vacances placé sous le signe budgétaire. Mercredi après-midi, à l’issue du conseil des ministres de rentrée, Emmanuel Macron présidera une réunion à l’Elysée pour décider, avec Edouard Philippe et les ministres concernés, des derniers arbitrages sur le budget 2019. Complexe par essence, l’exercice l’est un peu plus cette année, compte tenu d’une  croissance moins forte que prévu. 

« Emmanuel Macron veut un budget marqué par ses priorités », plaide l’Elysée. Ce qui signifie des budgets en hausse pour l’éducation nationale et la défense et la sécurité, ainsi que pour le développement durable. En face, le gouvernement doit aligner de sérieuses économies s’il veut maintenir son objectif d’un déficit de 2,4 % du PIB l’année prochaine. L’année dernière, les coupes budgétaires notamment sur la politique de logement, n’avaient pas manqué de créer la polémique, ce qui sera encore le cas cette année.

Vacances studieuses

Après des vacances discrètes et studieuses du Fort de Brégançon, marquées par un agenda diplomatique soutenu (visite de Theresa May, entretiens téléphoniques avec Donald Trump, Vladimir Poutine, Angela Merkel ou encore le président turc Recep Tayyip Edorgan) Emmanuel Macron revient avec un agenda européen très dense. Il sera au Danemark et en Finlande fin août et verra Angela Merkel début septembre. A l’arrivée, les élections européennes de mai 2019 qui seront le premier test électoral pour le chef de l’Etat, qui veut unir les progressistes en Europe. Un an après le discours de la Sorbonne, ce sera l’heure des premiers bilans.

En politique intérieure, il doit aussi retrouver un élan. La machine à réformer mise en place par Emmanuel Macron et orchestrée par son Premier ministre Edouard Philippe, qui tournait à plein régime depuis mai 2017, a connu un net coup d’arrêt en juillet dernier quand l’exécutif a été contraint, sous la pression des oppositions suite à l’affaire Benalla, de suspendre les débats sur la réforme constitutionnelle à l’Assemblée nationale. Or les chantiers qui se profilent, comme la prochaine réforme des retraites, s’annoncent périlleux. 

Ces arbitrages sur le budget 2019 devraient être rendus publics fin août, au moment du séminaire gouvernemental qui se tiendra à l’Elysée le 31 août.

Rentrée en deux temps

 Avec ce séminaire, l’exécutif tient, comme l’année dernière, une rentrée en deux temps. Elle sera dense, car il n’y a pas que la croissance économique moins bonne que prévu qui vient compliquer le budget et la rentrée d’Emmanuel Macron. Le contexte politique de la rentrée 2018 est bien éloigné de celui de 2017. Le choc de l’ affaire Benalla  qui a secoué l’exécutif et l’ensemble de la majorité vient perturber la mise en route de l’an II du quinquennat qu’Emmanuel Macron avait esquissée lors de son  discours devant le Congrès en juillet dernier. Il avait plaidé pour la mise en place d’un nouveau « contrat social ». 

Si le chef de l’Etat a endossé la  responsabilité politique de l’affaire Benalla, celle-ci a aussi mis au jour une fragilité de l’exécutif qui provoque toujours des remous. S’il n’a pas baissé significativement dans les sondages, l’image du locataire de l’Elysée a été atteinte. 

«L’affaire Benalla n’est plus qu’un sujet marginalement évoqué spontanément par les Français, mais elle laissera des traces. Elle a renforcé l’image d’un président arrogant et autoritaire », analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique et Opinion chez Harris Interactive. 

Pour la première fois depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron s’est retrouvé sur la défensive, donnant l’impression de subir les événements et accordant par la même occasion un espace politique inespéré aux oppositions de droite et de gauche qui l’accusaient déjà de dérive monarchique. De leur côté, les députés de la majorité ont été déboussolés. Cette affaire a relancé les oppositions de droite comme de gauche qui comptent bien profiter de cette vague. Jean-Luc Mélenchon et Laurent Wauquiez feront leur rentrée politique le week-end prochain, le premier à Marseille, le second par sa traditionnelle ascension du Mézenc.

Après s’être exprimé devant les députés de la majorité fin juillet à la Maison de l’Amérique Latine, Emmanuel Macron n’a pas prévu, à court terme, de s’adresser aux Français. « Il a déjà évoqué l’affaire deux fois », rappelle son entourage. D’ici à la fin de l’année, l’Elysée sera aussi réorganisé. L’affaire Benalla est venue se greffer à un audit lancé fin 2017 par Emmanuel Macron pour améliorer le fonctionnement du Palais et éviter un dérapage similaire. 


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