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Apple dote l’iPhone Xs d’une eSIM, angoisse des opérateurs télécoms

La sortie d’un nouvel iPhone est généralement une bonne nouvelle pour les opérateurs télécoms, qui voient affluer les clients en boutique. Mais cette année, la fête aura un petit goût amer. Apple leur a réservé une mauvaise surprise :  l’iPhone Xs et son grand frère le Xs Max sont en effet munis d’une double SIM.

Et il ne s’agit pas – comme sur de nombreux modèles « Dual SIM » de la concurrence – de deux emplacements pour loger une carte à puce physique. L’iPhone embarque toujours une seul SIM traditionnelle, mais aux côtés d’une eSIM (pour « embedded » SIM).

Ce n’est pas une première. Le Pixel 2, le smartphone maison de Google sorti l’an dernier (mais pas disponible en France), avait la même configuration. Mais voir l’iPhone sauter le pas est un signal autrement plus fort.  Comme pour nombre de technologies , l’adoption par Apple pourrait être le signe d’une généralisation.

Changer d’opérateur en quelques clics

En quoi est-ce un problème pour les opérateurs télécoms ? L’eSIM remplit les mêmes fonctions qu’une SIM classique (l’abréviation signifie « subscriber identity module ») : authentifier l’utilisateur du téléphone et sécuriser sa connexion au réseau de l’opérateur. Mais elle est soudée à la carte mère du téléphone.

iPhone XS et XS Max : première prise en main depuis Cupertino

Alors qu’une SIM classique est programmée en usine avec les informations données par l’opérateur, une eSIM est mise à jour à distance. Une fonctionnalité très pratique pour le consommateur. Il n’a pas à se soucier de recevoir une carte SIM par courrier. Et quand il veut changer d’opérateur, il lui suffit de quelques clics pour mettre à jour son eSIM.

Bien sûr, cette perspective n’enchante pas les opérateurs. Ils craignent également d’être court-circuités par les constructeurs et de perdre la relation avec le client final. « Rien n’empêche Apple de proposer demain des abonnements en boutique. Ou de gérer la facture téléphonique directement dans iTunes », explique un connaisseur du secteur.

Voitures, PC, montres…

Bilan, les opérateurs freinent des quatre fers. Alors que la technologie existe depuis 2010 et dispose de standards définis par la GSMA (le regroupement mondial des opérateurs télécoms) depuis plus de trois ans, rien n’a vraiment bougé.

La eSIM a conquis d’autres marchés, mais pas celui du smartphone. On en trouve dans les voitures connectées, mais aussi dans certaines tablettes, des PC et d’autres objets connectés. Apple l’a introduite dans l’iPad dès 2014. Samsung, dans sa montre Gear S3 en 2016, suivi par les Apple Watch de troisième et quatrième générations.

Pour les opérateurs, c’est un des rares attraits de la eSIM : ils peuvent lier plusieurs objets connectés au même forfait. Une occasion de facturer un peu plus cher et de fidéliser les clients.

Mais l’argument n’a pas fait recette jusqu’à aujourd’hui. En France, seul Orange prend en charge l’eSIM pour la montre d’Apple. Et aucun opérateur français n’est mentionné par Apple parmi les  14 qui accepteront l’eSIM de l’iPhone .

« Tout le monde s’attendait à ce que cela arrive. Apple va désinhiber d’autres constructeurs, se félicite Frédéric Vasnier, vice-président exécutif, services mobiles et Internet des objets de Gemalto. Le géant français des communications sécurisées a beaucoup à gagner avec l’eSIM : il fournit les puces et les logiciels. Mais le nouvel iPhone n’a pas ‘que’  une eSIM. Chaque opérateur continuera de choisir s’il franchit le pas ou non. »


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