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Les nouveaux métiers révolutionnés par les drones

Le 8 septembre dernier, les participants de l’Electrik Park Festival, à Chatou (Yvelines), ont vu une drôle de machine voler dans le ciel. Reliée par un fil, opérée par Azur Drones, sa mission était de repérer les incidents et les intrus de ce rendez-vous de musique électrique. Opérateur de drones, devenu fabricant, la société a également développé des appareils capables d’assurer des missions de surveillance de sites industriels. « Il est plus gratifiant pour un agent d’utiliser un drone que sa Maglite, cela va modifier en profondeur le métier de surveillant », s’enthousiasme Stéphane Morelli, fondateur et directeur général de  Azur Drones .

Vieux routier de la profession, l’homme ne décrit pas une révolution totale, mais plutôt une évolution des mentalités. la start-up Uavia , qui a levé récemment 2 millions d’euros, a développé une plate-forme permettant de détecter des intrusions à distance, d’effectuer des contrôles de routine. Son argument commercial est imbattable : le drone effectue de la surveillance la nuit, des cartographies et des mesures le jour. Un contrat de prestation a déjà été signé il y a un an avec Total.

Techniquement, l’autonomie des machines s’allongeant et les capacités des caméras capables d’inspecter n’importe quel ouvrage sans monter sur une nacelle s’améliorant, les secteurs potentiellement intéressés se multiplient. Du 27 au 28 septembre, aura lieu sur l’ ancien centre d’essai en vol de Brétigny-sur-Orge un Salon consacré aux drones professionnels. Il est organisé par le cluster Drone Paris Région, qui compte 52 adhérents, dont une trentaine d’entreprises.

Modèle numérique

Pour un propriétaire de carrières, l’arrivée de ces appareils constitue une petite révolution. Il faut une journée et demie pour relever physiquement 1.000 points sur une carrière de 20 hectares. En vingt minutes, un drone calcule plus de 1 million de points permettant de cartographier et quantifier les réserves de matériaux. Il faut alors une demi-journée de traitement informatique et l’on obtient un modèle numérique de surface, des images en trois dimensions au centimètre près. Des images du sol rectifiées géométriquement ou des modèles numériques d’élévation permettent de tout savoir sur la largeur les courbes de niveaux, la quantité de matériaux présents, la hauteur des fronts de taille. De quoi faire la différence dans l’évaluation des stocks ou la surveillance des quantités prélevées sur le terrain.

Qui doit utiliser la machine ? Un pilote autoentrepreneur ou un cabinet de géomètre expert qui a investi dans un drone ? Les seconds accusent les premiers de casser les prix. Benoît Greuzat, spécialiste du sujet pour l’ordre des géomètres experts, est formel : acheter moins cher une prestation doit être fait avec une extrême prudence. L’utilisation professionnelle nécessite des habilitations. « Lorsqu’un géomètre expert utilise un drone, il a une démarche d’expertise, conforme au cahier des charges du client, et est capable de certifier son action », explique-t-il.

montant du marché de la vente de drones professionnels dans le monde en 2017 contre 2,4 milliards en 2016.

Sur le papier, tous les groupes de BTP, les propriétaires de réseaux (Enedis et EDF), de pylônes ou d’éoliennes sont potentiellement intéressés par le fait de pouvoir examiner leurs ouvrages sans risques et plus rapidement. Mais il ne suffit pas que les directions générales soient convaincues de son efficacité, encore faut-il disposer d’un service normé sur l’ensemble de la France ! SNCF Réseau a créé sa propre filiale Altametris en 2017. Elle possède une équipe de télépilotes, analystes et développeurs.

Offre pour les collectivités

Pour répondre à la demande des collectivités, des services de secours, des organismes HLM, l’Ugap a identifié une offre de service portant à la fois sur l’achat de matériel et d’outils informatiques.

Les communes utiliseront-elles un jour les machines pour vérifier si des petits malins ont omis de déclarer une piscine ? En réponse à la question d’un sénateur, le ministère de l’Ecologie a mis en avant la protection de la vie privée. Une infraction sur une propriété privée constatée à l’aide d’un drone peut être considérée comme illicite dès lors que la zone contrôlée est inaccessible aux regards.

Thermographie par temps froids

Il n’empêche, dans l’immobilier les usages paraissent illimités. Ces dernières années, les opérations de thermographie des bâtiments se sont multipliées afin de détecter les plus mal isolés. Mais celles-ci doivent être réalisées dans des conditions techniques précises, par temps froid et sec, de manière à faire apparaître les déperditions de chaleur et la mauvaise isolation des toits. Montant de la facture pour un lot de 3 à 4 immeubles : environ 5.000 euros. Vidzit, start-up qui vend ses prestations aux agences immobilières, met en avant un « effet waouh » et promet cinq fois plus de clics et une remontée dans les classements Google sur les maisons filmées par drone.


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