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Budget : le pouvoir d’achat va repartir à la hausse en 2019

Entre les hausses des prix des carburants à la pompe et  les retraités « qu’il faut arrêter d’emmerder » selon la terminologie présidentielle , la petite musique de la rentrée sonne comme une rengaine sur un pouvoir d’achat en berne. Un danger pour le gouvernement, qui cherche à contre-attaquer. Ainsi Matignon entend présenter le projet de loi de finances pour 2019, qui doit être dévoilé lundi, comme celui des bonnes nouvelles pour les portefeuilles des ménages.

Effet d’annonce ou réalité ? Selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), que « Les Echos » se sont procurée, il y aura bien « un gain de pouvoir d’achat de 3,5 milliards d’euros en 2019, soit 0,3 point de revenu disponible brut », après une année nulle en 2018. Un chiffrage inférieur à celui de l’exécutif, qui table sur des gains supérieurs à 5 milliards d’euros, selon nos informations.

« Il y aura bien des mesures très substantielles pour le pouvoir d’achat, ce qui constitue une bonne nouvelle pour l’économie française compte tenu du ralentissement de la conjoncture constaté cet été », indique une source à Bercy.

Gains contestés en 2018

Déjà l’an dernier, l’équipe d’Edouard Philippe avait assuré que le budget pour 2018 serait avantageux pour le porte-monnaie des Français. Mais le message avait rapidement été brouillé par la décision de faire en deux temps  la baisse des cotisations salariales , si bien que  l’Insee comme l’OFCE avaient contesté les gains promis . Cette fois, même si les chiffres diffèrent, l’OFCE convient d’une tendance à la hausse.

« L’effet sur le pouvoir d’achat du projet de loi de Finances 2019 sera positif globalement mais cela dépendra des revenus des ménages. Il y aura des gagnants et des perdants », prévient toutefois Mathieu Plane, l’économiste de l’OFCE qui a chiffré les mesures.

Les plus positives sont d’abord  la suppression des cotisations maladie et chômage pour les salariés – qui gagneront 4,5 milliards d’euros par rapport à 2018 grâce à l’application de la mesure sur toute l’année – puis la suppression de la seconde tranche de la taxe d’habitation à l’automne 2019 (3,5 milliards). Ensuite,  la revalorisation de la prime d’activité, de l’allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse augmenteront le revenu des ménages de 1,7 milliard d’euros. La fin des cotisations sociales sur les heures supplémentaires (700 millions) ou encore la montée en puissance du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital auront aussi un impact positif, mais un peu moins important.

Divergence sur la fiscalité écologique…

Dans la colonne négative, la désindexation des pensions, des allocations familiales et des allocations logement représentera un manque à gagner pour les Français concernés, dont les retraités. En cas de revalorisation de seulement 0,3 %, comme annoncé par le gouvernement, et dans l’hypothèse d’une inflation de 1,3 % l’an prochain, la baisse du pouvoir d’achat sera de 3,2 milliards d’euros. L’OFCE considère également que  la réforme du mode de calcul des APL (basée sur les revenus contemporains) entraînera un manque à gagner de l’ordre de 1 milliard d’euros pour les Français.

Et puis il y a la  fiscalité écologique , le grand point de divergence entre le gouvernement et le think tank. L’augmentation des taxes sur l’énergie et les carburants, coûtera 2,8 milliards d’euros que l’OFCE impute en totalité sur les ménages. Or pour l’exécutif, environ 40 % de la somme (1,1 milliard) sera supportée par les entreprises.

… et le tabac

Autre différend, la hausse des prix du tabac : l’OFCE estime que cela pèsera à hauteur de 800 millions sur les Français, pas l’exécutif qui mise sur des consommateurs se détournant plus franchement des cigarettes.

Les promesses du gouvernement pourraient toutefois pâtir de mesures qu’il n’a pas décidées.  La hausse des cotisations de retraite Agirc-Arrco actée par les partenaires sociaux amputera le revenu disponible des Français de 1,8 milliard selon l’OFCE, soit la moitié des gains calculés par le think tank.


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