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Les étrangers désertent un peu plus le CAC 40

Depuis le début de l’année, les investisseurs étrangers ont massivement retiré leurs capitaux des actions européennes. Selon les chiffres de Bank of America Merrill Lynch, les fonds investis sur la zone euro ont subi 27 semaines de sorties nettes de capitaux au cours des 28 dernières semaines. Le mouvement n’est pas récent et il se confirme aussi pour la France au travers des données de la Banque de France.

Pour la  quatrième année consécutive , les non-résidents ont réduit leur position sur les actions françaises du CAC 40 (34 valeurs en fait, car ArcelorMittal, EADS, LafargeHolcim, Solvay, STMicroelectronics et Technip sont exclus, leur siège social étant établi à l’étranger). A fin 2017, ils détenaient 569 milliards d’euros dans le capital de ces entreprises, soit un taux de détention de 42,7 %. C’est le taux le plus bas depuis 2010. Il était monté il y a quatre ans à 47,8 %.

A l’inverse, après trois années de baisse, la détention des non-résidents dans les sociétés françaises hors CAC 40 a augmenté de 0,6 point de pourcentage à 28 %. Au total, les non-résidents ne détiennent que 37,4 % du capital des actions françaises cotées (-1,7 point sur un an).

C’est la capitalisation boursière du CAC 40 à la fin 2017

Les changements de composition de l’indice (entrée d’Atos à la place de Klépierre et la fusion TechnipFMC dont le siège est maintenant à l’étranger) ont contribué à abaisser le taux de détention de 0,5 point de pourcentage. Mais ce n’est pas la seule explication.

Les étrangers vendeurs d’actions

Selon la Banque de France, sur la base des cours de fin 2016, les non-résidents ont vendu pour 9,1 milliards d’euros d’actions du CAC 40 l’an dernier, quand les résidents y ont investi à hauteur de 19,4 milliards d’euros. Une différence qui explique la forte diminution du taux de détention (-2,4 points) d’une année sur l’autre. C’est la première fois depuis plusieurs années, qu’ils sont vendeurs nets. En 2016, ils avaient encore acheté 5,2 milliards d’euros nets.

Sans surprise, les principaux détenteurs viennent de la zone euro pour 44,6 %, des Etats-Unis pour 32,8 %, du Royaume-Uni pour 7,7 %, le reste du monde ne pesant que 14,9 %. « De 2012 à 2017, la part de la zone euro a augmenté de 3,6 points de pourcentage et celle des Etats-Unis a diminué de 1,4 point », selon l’étude de la Banque de France. Beaucoup d’investisseurs américains ont rapatrié leurs fonds vers les Etats-Unis. « Il y a eu certainement, en fin d’année, un impact de l’annonce de la réforme fiscale américaine, qui a incité les investisseurs à miser sur Wall Street au détriment de l’Europe », avance Christian Parisot chez Aurel BGC.

10 sociétés détenues à plus de 50 % par les étrangers

Conséquence des ventes réalisées par les non-résidents, la part des sociétés françaises du CAC 40 détenues majoritairement par des intérêts étrangers est tombée à 29 %, soit 10 des 34 sociétés françaises du CAC 40. Un niveau bas, jamais vu depuis 2008. C’est 9 sociétés de moins par rapport à 2013. Dans l’ensemble, constate Christophe Guette-Khiter de la direction de la Balance des paiements à la BDF, « les sociétés qui affichent les baisses les plus importantes du taux de détention par les non-résidents en 2017 étaient parmi les plus investies par ces derniers en 2016 ».

Le taux de détention par les étrangers reste d’ailleurs l’un des plus bas d’Europe : 37 % pour l’ensemble des sociétés cotées, contre un taux supérieur à 50 % en Espagne et en Italie, à 55 % en Allemagne, à 63 % au Royaume-Uni et même 86 à % aux Pays-Bas. « A la différence de la France, tous ces pays enregistrent une hausse du taux de détention par les non-résidents des actions cotées entre 2008 et 2017 ».

Le poids de la gestion d’actifs en France, mais aussi les incitations à  réorienter une partie de l’assurance- vie vers les placements en actions via les unités de compte, ont sans doute contribué à augmenter les investissements des Français sur les valeurs du CAC 40. Tout comme la bonne tenue de la Bourse.

Une étude de l’AMF a montré l’an dernier que le taux de détention d’actions et de placements collectifs des Français a  augmenté pour la première fois depuis 2008 , alors que le nombre d’actionnaires individuels a augmenté de 22 % à 3,67 millions en mars 2017.


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