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Le conseil d’administration de Nissan révoque Carlos Ghosn

Après plus de quatre heures de délibération en réunion extraordinaire depuis 16 heures ce jeudi (8 heures à Paris), les membres du conseil d’administration de Nissan ont officiellement décidé de démettre Carlos Ghosn et  Greg Kelly , l’un de ses plus proches lieutenants, de leurs titres au sein du conseil.

Dans un communiqué, Nissan explique que ces décisions ont été prises «à l’unanimité », «après avoir passé en revue un rapport détaillé de l’enquête interne » menée par le constructeur japonais contre les deux hommes,   poursuivis pour malversations financières . Les deux (autres) administrateurs proposés par Renault, Jean-Baptiste Duzan et Bernard Rey, ont donc été semble-t-il convaincus par les éléments à charge -alors qu’ils étaient partis pour demander une simple suspension des deux hommes, en attendant une décision de justice.

Autre élément notable, Hiroto Saikawa n’a pas été nommé président intérimaire. Un comité spécial de trois administrateurs (parmi lesquels Jean-Baptiste Duzan) a été nommé pour travailler sur la gouvernance et proposer au conseil la nomination d’un nouveau président. Il s’agit notamment de faire la lumière sur les failles dans la gouvernance du groupe, qui aurait facilité le montage de malversations financières par Carlos Ghosn.

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Le vote de ce jeudi n’est toutefois qu’une étape dans le processus de limogeage du grand patron devenu président du constructeur en 2000, un an après son arrivée dans le groupe en tant que directeur des opérations. Pour renvoyer Carlos Ghosn et Greg Kelly et mettre en place une nouvelle direction, Nissan va devoir convoquer une assemblée générale de ses actionnaires afin de soumettre au vote le renvoi de certains administrateurs ainsi que la nomination d’une nouvelle équipe. Décidé à tourner le plus rapidement la page Ghosn, la société réfléchirait d’ailleurs à avancer de plusieurs mois cette assemblée générale habituellement organisée en juin.

Ghosn abattu moralement

Ce jeudi, les médias nippons assurent que le procureur continue d’accumuler les charges contre le patron français de 64 ans. Initialement accusé d’avoir volontairement minimisé, pendant cinq ans, le montant de sa rémunération dans le rapport remis aux autorités boursières du pays et d’avoir profité d’un réseau de résidences de luxe acquises par Nissan, par le biais de montages financiers dans des paradis fiscaux, il est maintenant soupçonné, selon le quotidien « Yomiuri », d’avoir demandé au groupe de verser chaque année, depuis 2002, un salaire de 100.000 dollars par an à sa soeur aînée au titre de « conseillère spéciale ». Autant d’accusations dont le caractère illégal est encore impossible à vérifier mais qui alimentent la construction, dans l’opinion publique japonaise, de la culpabilité de Carlos Ghosn.

Selon nos informations, le dirigeant serait encore sous le choc de son arrestation surprise et de son placement en détention. Abattu moralement, quasiment coupé du monde, il n’aurait, pour l’instant, pas pu activer une véritable stratégie de défense afin de donner sa version des faits qui lui sont reprochés.


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