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Nissan réclame une relation plus « juste » avec Renault, Mitsubishi démet Carlos Ghosn

Suivant  la décision de son actionnaire principal Nissan , le constructeur Mitsubishi Motors a décidé ce lundi de démettre, à son tour, Carlos Ghosn de son poste de président du conseil d’administration qu’il occupait formellement depuis décembre 2016. Le conseil d’administration a également désigné Osamu Masuko, le directeur général du groupe, pour assurer la présidence par intérim.

A l’époque, le patron français avait promis de consacrer une large part de son énergie au redressement du groupe, dont Nissan avait pris le contrôle quelques mois plus tôt en acquérant 34 % du capital de son ancien concurrent fragilisé par un scandale de performances falsifiées. Mais les dirigeants de l’entreprise estiment qu’il n’est plus en mesure de mener à bien cette mission depuis  son arrestation spectaculaire il y a tout juste une semaine par les agents du procureur de Tokyo, qui lui reproche des malversations financières.

Pas de « charge tangible » concernant Renault

Si le vote du conseil d’administration de Nissan avait fait l’objet la semaine dernière de quelques spéculations, du fait de la présence en son sein de deux Français issus de Renault, la décision de Mitsubishi Motors ne semble faire aucun doute. En l’absence de Carlos Ghosn, sept des huit membres du conseil d’administration devraient se prononcer ce lundi lors de la réunion organisée au siège de Tokyo à partir de 16h30 (heure locale, 8h30 heure de Paris). Et tous devraient voter sa révocation en tant que président.

Pour le « chasser » complètement du conseil d’administration, le groupe devra toutefois réunir, dans les prochains mois, une assemblée générale de ses actionnaires afin de faire élire un nouveau conseil. Une semaine après son interpellation, Carlos Ghosn ne conservera donc plus, ce lundi soir, que son titre de PDG de Renault ainsi que ses titres de PDG et de président de l’Alliance Renault-Nissan BV, détenue à 50 % chacun par Renault et Nissan.

Dimanche soir, le ministre français de l’Economie, Bruno le Maire, a rappelé que Carlos Ghosn ne serait pas démis de ses fonctions chez Renault tant qu’aucune « charge tangible » n’aura été présentée par le Japon à ses interlocuteurs français. « Nous n’avons pas d’informations » sur ces charges, a assuré le ministre, avant d’appeler Tokyo à les lui communiquer rapidement.

Nouvelles accusations dans les médias

Les médias japonais continuent d’accuser Carlos Ghosn d’une multitude de pratiques financières floues, dont l’illégalité n’est pas encore avérée. Le parquet de Tokyo, lui, accuse essentiellement le patron français d’avoir sciemment dissimulé une partie de ses revenus dans les documents financiers remis par Nissan aux autorités boursières nippones.

Ce lundi matin, le quotidien « Mainichi » assure que le dirigeant aurait sous-évalué, dans les documents financiers, le montant de ses rémunérations mais aurait également omis de déclarer un accord, négocié avec Nissan, prévoyant le paiement différé d’une partie de sa future retraite.  Autant de dissimulations que Carlos Ghosn nierait strictement lors de ses auditions devant le procureur.  Greg Kelly , son adjoint arrêté la semaine dernière, aurait lui aussi contesté ces manipulations, a affirmé la presse nippone.

Renault-Nissan, une relation « pas juste »

Anticipant un bras de fer juridique long et complexe, la direction de Nissan essaie de tourner au plus vite la page Ghosn. Voulant notamment démystifier l’idée d’un complot interne fomenté contre l’ancien patron qui agite une partie des cadres étrangers de la société, Hiroto Saikawa, le PDG du constructeur, s’est adressé, directement ce lundi matin, aux salariés de son groupe pour leur expliquer les raisons concrètes de la révocation de Carlos Ghosn.

Il aurait notamment pointé les dérives de la concentration des pouvoirs organisée par l’ancien patron. Selon l’agence Kyodo, il aurait par ailleurs laissé entendre que la crise actuelle allait être l’occasion de revoir l’équilibre de la relation avec Renault. « Cette relation n’est pas juste », aurait notamment lâché le PDG.


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