EconomiePME - Régions

Champagne : les « promos chocs » de la grande distribution, hantise des professionnels

Des bouteilles de champagne à 5,99 euros ! Soit moins chères que le prix des 1.200 grammes de raisin – 6 euros environ le kilo – nécessaires pour les fabriquer. Comme Carrefour, Système U ou Casino, le groupe Leclerc a fait, en cette fin d’année, du champagne l’un de ses produits d’appel visant à générer du trafic en magasin. 

Pour parvenir à ces niveaux de prix, la grande distribution dispose d’une arme redoutable : la carte de fidélité, qui permet des réductions sans officiellement vendre à perte. « Ce n’est pas le cas de toutes les enseignes. Certaines ne se gênent pas. Il est déjà arrivé que nos champagnes soient vendus en dessous du prix de vente auquel nous les avions cédées au grossiste ! Souvent nous n’avons pas le temps, ni les moyens, de réagir face à ces pratiques », confie, sous couvert d’anonymat, un vigneron de l’Aube.

Double jeu

L’interprofession tente, depuis plusieurs années, de lutter contre ces pratiques, auxquelles participent – il faut l’admettre – certaines maisons pour générer du chiffre d’affaires en fin d’année ou réguler leurs stocks. « Le problème est qu’afficher  le champagne à peine plus cher que le soda laisse penser au consommateur que c’est un produit banal, or c’est un produit d’exception », glisse un responsable du  Comité Champagne .

Les « promos choc » ont pourtant tendance à diminuer. Après avoir battu des records en 2016, le nombre de prospectus dédiés aux bouteilles vendues entre 13 et 16 euros – l’essentiel de l’offre promotionnelle – a chuté de 12 % en 2017. Une érosion liée notamment à l’effondrement des ventes de champagne premier prix dans les enseignes de hard-discount, rattrapées elles aussi par la premiumisation de l’appellation.

Loi EGalim

Les professionnels estiment que la  loi EGalim va mieux encadrer les promotions et « endiguer la course à l’érosion de la valeur », selon le Comité Champagne. Soumises à davantage de contrôles, les opérations promotionnelles devraient continuer de décliner et la course entre les enseignes se déplacer sur le terrain de l’offre. La grande distribution demeure un circuit majeur de vente pour le champagne avec 47,6 millions de bouteilles vendues chaque année, soit près du tiers des expéditions en France.


Continuer à lire sur le site d’origine