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France Burgy, pour former les fonctionnaires

Ce sont 400 millions d’euros de budget et pas moins de 2.300 collaborateurs que France Burgy s’apprête à piloter. A 57 ans, elle dirigera dès janvier le puissant Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), un établissement public déconcentré qui forme les agents des collectivités.

Elle ne nous dira rien de ses ambitions, mais elle a montré – en trente ans d’expérience dans les collectivités – qu’elle aimait « expliquer et convaincre ».

Dans son poste actuel de directrice de l’agence de développement Rouen Normandy Invest, elle a fait travailler ensemble sept entités publiques, dont la Métropole de Rouen, principal financeur, et 120 entreprises.

Le tout, « en tandem » avec un chef d’entreprise et 12 collaborateurs. « Elle vous met juste un peu de pression pour vous pousser dans votre zone d’inconfort », souligne un cadre.

Cash, méthodique, elle avait commencé par commander à l’Ifop un sondage de notoriété. L’Armada étant le seul point perçu comme positif, elle a proposé que l’on s’appuie sur ce rassemblement de voiliers à venir pour organiser à Rouen une série d’événements économiques.

En même temps, il faut « oser tout mettre sur la table, y compris les résultats négatifs du sondage, obtenus selon une méthode incontestable » avant de proposer des outils. « France nous a permis de disposer d’un vrai diagnostic pour travailler sur l’attractivité. C’est peut-être dû à sa formation de véto ! » souligne Bernard Leroy, le président de la Communauté d’agglomération Seine-Eure.

Car, après une année de prépa, cette native de Strasbourg a d’abord intégré l’Ecole vétérinaire de Lyon pour exercer un métier en lien avec sa « passion des chevaux ». Elle passe sa thèse à 23 ans « un bébé dans les bras », puis se voit affectée, en tant qu’inspecteur vétérinaire de l’Etat, au contrôle sanitaire de l’abattoir public de Grenoble.

A l’époque du scandale du veau aux hormones, elle doit réaliser des saisies sur des carcasses de viande non saines, ce qui ne lui vaut pas que des amis. « Il m’est arrivé d’être enfermée dans le frigo d’un abattoir, ce qui forge le caractère ! » raconte celle qui, à 26 ans, prendra la tête du laboratoire d’analyses du département de l’Eure.

Elle montera dans ce département une direction environnement avant de passer en 1995 à la région Haute-Normandie d’Antoine Rufenacht (RPR), qui la charge de dossiers portuaires et fluviaux. Puis, c’est au tour du département de Seine-Maritime dirigé par Charles Revet (UDF) de lui confier sa direction de l’environnement. Aux côtés des élus et des agriculteurs, elle travaille sur des solutions hydrogéologiques pour éviter, en cas de fortes pluies, l’infiltration des eaux de surface dans la nappe phréatique. Son credo : « Il faut convaincre avant de réglementer » répète-t-elle.

Las, le nouveau directeur général des services lui lance qu’elle a le défaut « d’être une femme », d’avoir « une cervelle » et de « gagner trop d’argent ». France Burgy prend alors un congé pour convenance personnelle, le temps de décrocher un DESS de finances et d’évaluation des politiques publiques à l’université de Rennes.

Après un passage à la région Ile-de-France, elle rejoint Yvon Robert, président (PS) de la communauté d’agglomération de Rouen comme directrice générale adjointe. Le département de Seine-Maritime devenu socialiste la nomme au même poste, où elle assurera l’intérim du directeur général des services tout en faisant de la prospective financière.

Et comme elle n’a jamais oublié ce conseil – « chaque fois que vous prendrez de nouvelles fonctions, préoccupez-vous d’abord de l’état de la tirelire » -, elle prévient l’exécutif que les finances sont en péril. N’étant pas entendue, elle rejoint la région (socialiste) Haute-Normandie, comme directrice générale des services, une fonction peu féminisée. Là, elle met en place un outil de gestion prospective, fait face à une grève de cadres et gère un changement de présidence. Mais le plus difficile est à venir : la fusion des deux régions normandes dans un contexte d’incertitude politique. Elle se rend, avant le scrutin de 2015 à une formation (organisée par « Les Echos » !) sur la « conduite humaine d’un projet de fusion ».

Entourée de dirigeants du privé, elle explique qu’elle doit emmener ses équipes dans la fusion, sans connaître « ni les élus, ni le projet, ni la politique financière, ni l’implantation du siège ». « Madame, lui répond alors le formateur, sauvez-vous le plus vite possible ! » Ce qu’elle fera peu après.


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