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Promotion du territoire : collectivités, entreprises, même combat

En panne d’idées de cadeau ? Pourquoi ne pas puiser dans la nouvelle boutique en ligne de la collection Côte d’Azur . Parfums, bijoux, gourmandises, mode beachwear, artisanat d’art… et même un scooter, tous ces articles, près de 150 au total, ont été choisis et labellisés parce qu’ils incarnent les valeurs d’un territoire et ont été fabriqués par des entreprises et créateurs locaux.

Exit désormais les objets dérivés made in China dans la panoplie de la promotion touristique. Depuis 2017, le Comité régional du tourisme Côte d’Azur France mise sur les talents locaux. La démarche, qui passe par la signature d’un contrat de licence, n’est pas pour autant désintéressée. « Le licensing permet à des entreprises privées d’utiliser notre marque et son capital séduction pour développer des produits et services incarnant l’état d’esprit ‘Côte d’Azur’ ; en contrepartie, des royalties seront reversées au CRT Côte d’Azur France, qui pilote la marque, pour alimenter le plan de communication touristique » explique David Lisnard, président du CRT Côte d’Azur France. « Le partenariat collectivités et entreprises pour proposer des produits sous licences ou cobrandés est relativement nouveau en France, alors que de grandes métropoles comme New-York ou Londres le pratiquent depuis longtemps  », constate Elisabeth Dubost de l’agence Arboresens, spécialiste de ces partenariats.

Paris compte parmi les pionniers en France. La ville s’y est engagée depuis 2014 et propose depuis plus de 300 produits, avec une vingtaine de partenaires licenciés pour des ventes qui ont atteint un montant total de 12,6 millions d’euros depuis le lancement de la démarche. D’autres collectivités s’y essaient, comme Cabourg, qui durant l’été dernier a ouvert un pop store dans les jardins du casino proposant des produits co-brandés, vêtements (avec le Slip Français), objets décoratifs ou encore cidres d’exception.

Effet levier

Une douzaine d’entreprises sont déjà parties prenantes dans la collection Côte d’Azur, elles devraient être quinze pour la saison 2019. Avec quel bénéfice ? Pour La Bastide, se prévaloir de la marque Côte d’Azur France a permis réellement de booster les ventes. Cet atelier protégé (Esat) de l’Association AFPJR a développé depuis une vingtaine d’années une activité de conserverie autour des saveurs provençales. « La labellisation Côte d’Azur France nous a ouvert des portes jusqu’ici difficiles à franchir, notamment dans la grande distribution. Nous avons déjà vendu 4.500 colis et les commandes pour les fêtes de Noël se multiplient » assure Luc Dessauvages, responsable marketing.

Fragonard,  parfumeur grassois , a créé une offre produits spécifique autour du jasmin, de la rose et du mimosa. « Notre maison bénéficie déjà d’une certaine notoriété, nous souhaitions surtout apporter notre pierre à l’édifice, mais il faut reconnaître que le label Côte d’Azur France a été porteur, nous proposons donc cette gamme dans tous nos points de distribution, ce qui n’était pas prévu au départ », précise Charlotte Urbain, chargée de communication. Acquérir une plus grande visibilité à l’international est aussi au coeur de ces partenariats. « Les entreprises profitent de la notoriété de nos marques », confirme Gildas Robert, responsable de la communication des marques à la Ville de Paris. Un atout dont va bénéficier le porcelainier Pillivuyt, Entreprise du Patrimoine Vivant, nouveau licencié de Paris.

L’Hexagone en retard

« Les interactions entre entreprises et collectivités ont tendance à se développer ces dernières années, avec différents niveaux d’implication » analyse Joël Gayet, fondateur de la chaire Attractivité et nouveau marketing territorial d’Aix-Marseille Université. Mais la France est en retard par rapport au monde anglo-saxon. Plus de la moitié des budgets de promotion à Berlin ou encore à Amsterdam sont financés grâce à des partenariats avec des acteurs privés. OnlyLyon a franchi le pas. Lancé en 2007 pour renforcer la notoriété et la compétitivité de Lyon à l’international, ce programme s’appuie sur un réseau d’une quinzaine de partenaires privés, essentiellement des grandes entreprises avec un système de copilotage et de cofinancement.

Les métropoles ne sont pas les seules à innover. L’Isle-sur-la-Sorgue et sa communauté de communes (33.000 habitants) dans le Vaucluse se sont engagées dans une démarche de coconstruction de stratégie de promotion avec un comité où les chefs d’entreprises ont joué un rôle moteur. Et pour financer les actions à venir, une fondation est en cours de création. « Elle vise à développer un écosystème de financement par le don donnant aux acteurs du territoire, de la boulangerie à la grande entreprise, la possibilité de participer au financement de projets à travers différentes formes de dons ou de financements participatifs, une première en France » souligne Joël Gayet, qui accompagne cette initiative.


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