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Covid : le déficit de la Sécurité sociale sera encore proche de 40 milliards cette année

L’activité est repartie, mais la Sécurité sociale fait encore du surplace à cause de la crise du Covid. La Commission des comptes de la Sécurité sociale, qui se réunit ce jeudi, a réévalué les perspectives de déficit pour 2021 à mi-parcours. Selon nos informations, elle s’attend à une aggravation de 2,6 milliards d’euros du solde négatif du régime général et du fonds de solidarité vieillesse sur l’année, à 38,4 milliards.

C’est peu ou prou l’équivalent du déficit record de 2020, année du début de l’épidémie (38,7 milliards d’euros). Logiquement, cette dégradation s’explique par la poursuite d’une intense crise sanitaire au début de l’année, alors qu’à l’automne, au moment du vote du budget de la Sécurité sociale pour 2021, les parlementaires espéraient une amélioration rapide de la situation.

Surcroît de recettes

L’exercice 2021 bénéficie pourtant d’un surcroît de recettes (5,6 milliards d’euros), dû à un effet de base. En 2020, l’activité a été plus dynamique que prévu, ce qui permettrait en 2021 d’engranger 6,2 milliards de cotisations sociales supplémentaires auprès du secteur privé et 3,6 milliards de produits fiscaux de plus. Cette manne compenserait amplement la baisse de 3,3 milliards des recettes perçues auprès des indépendants – une population particulièrement sensible aux couvre-feux et confinements.

A périmètre constant, les recettes sociales rebondiraient de 4,6 %. La masse salariale du secteur privé croîtrait de 5,2 %, et les impôts et taxes de 5,5 %.

La Sécurité sociale pourrait connaître des rentrées d’argent importantes suite aux mesures décidées pendant la crise : 3,5 milliards d’euros de régularisation des cotisations des travailleurs indépendants non-appelées l’année dernière ; 2,3 milliards de cotisations liées aux revalorisations de soignants du « Ségur de la santé » ; 1,4 milliard d’investissement dans les hôpitaux et Ehpad via le plan de relance européen…

Quant aux aides exceptionnelles accordées aux employeurs et aux indépendants, pesant 3,7 milliards d’euros en 2021, elles seront intégralement compensées par l’Etat.

Le dérapage de l’Ondam

Mais l’augmentation des recettes ne suffit pas à requinquer la Sécurité sociale. Car depuis l’automne, la prévision de dépenses pour 2021 a bondi : 8,2 milliards d’euros de plus (+5,3 %), dont 9,6 milliards de remboursements d’assurance-maladie .

On a ouvert en grand le portefeuille pour tester et vacciner la population contre le Covid. Les dépenses sanitaires exceptionnelles seraient quasiment aussi élevées que l’année dernière, à 13,4 milliards. Le coût de la vaccination ne serait plus de 1,5 milliard mais de 4,6 milliards ; celui du dépistage passerait de 2 milliards à 4,9 milliards. Des enveloppes imprévues se sont ajoutées pour défrayer les hôpitaux et les Ehpad (1,4 milliard), verser des indemnités journalières (600 millions), etc.

En fin de compte, le déficit de l’assurance-maladie plonge encore un peu plus profond qu’en 2020, à 31 milliards d’euros. Il s’éloigne également des 23,7 milliards prévus en loi de financement à l’automne.

Pas de deuxième cadeau pour les retraites

Quant à l’assurance-vieillesse, elle n’a pas droit à un deuxième cadeau du ciel – les 5 milliards apportés l’an dernier par le fonds de réserve des retraites. Si bien que le solde se détériore par rapport à 2020, à 4,4 milliards d’euros. Le déficit est cependant moins élevé que les 9,7 milliards initialement prévus pour 2021.

Le fonds de solidarité vieillesse est aussi toujours dans le rouge, à 2,6 milliards, soit 7 milliards d’euros en cumul avec la branche vieillesse du régime général.

Les branches accidents du travail et famille sont tout juste équilibrées (300 millions et 500 millions), avec des soldes proches des prévisions.

La petite nouvelle, la branche autonomie, est déjà déficitaire (1,2 milliard). Créée l’an dernier pour donner plus de visibilité à un risque dont l’importance va croître, elle aurait dû naître avec un compte à zéro ou presque (400 millions de déficit prévus), mais le sort en a décidé autrement.

De nouvelles embardées sanitaires et économiques pouvant survenir avant la fin de l’année, dans un sens comme dans l’autre, les prévisions pour 2021 risquent encore de bouger beaucoup.


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