Economie

Comment aider les jeunes désabusés par le monde du travail ? « Bien se connaître, c’est la clé pour s’épanouir »

Lydia, tout juste diplômée en marketing, était heureuse de trouver son premier « vrai » travail. Après plusieurs années d’études, elle pouvait enfin commencer à bosser dans le domaine qui lui plaisait vraiment. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu. « L’ambiance était très mauvaise, il y avait une sorte de compétition malsaine entre les collègues. C’était à celui qui en faisait le plus. Je n’osais pas quitter le boulot, même quand j’avais fini ma journée. J’ai fini par faire un burn-out ». Leila, elle, s’est vite aperçue que son boss ne lui donnait pas beaucoup d’autonomie. « Je devais lui demander l’autorisation pour la moindre petite chose, j’avais l’impression qu’il ne me faisait pas confiance ». Steve, lui, est étudiant, en dernière année de droit. Mais il n’a encore aucune idée de ce qu’il compte faire dans quelques mois. « Tous mes potes savent, mais pas moi. Je suis totalement perdu. Rien ne me fait vraiment envie, et je culpabilise. »

Toutes ces situations, Lydwine Thibaut aurait parfaitement pu les rencontrer au cours d’un de ses ateliers. Dans son asbl « Cocorico », la jeune femme s’efforce en effet d’aider les gens désabusés par le monde du travail en leur donnant les clés pour se reconnecter à leurs aspirations. « Je reçois beaucoup de personnes dans la quarantaine. Mais aussi quelques jeunes, entre 24 et 30 ans », explique-t-elle. « Ils ont en commun le fait de ne pas se sentir complètement épanouis dans leur travail. Soit c’est le management qui leur déplait, soit l’environnement de travail. Ils ont l’impression d’avoir vite fait le tour et de ne pas se sentir réellement utiles. Moi-même, à la sortie de mes études, je n’avais pas spécialement envie de travailler. En tant que chercheuse d’emploi, je voyais le monde du travail comme quelque chose de très hostile. J’ai donc créé cette asbl pour les accompagner. »

Comment trouver un travail épanouissant?

« La connaissance de soi, c’est vraiment la clé pour s’épanouir dans son travail et pour faire un choix éclairé. », souligne-t-elle. « Il est par ailleurs essentiel de ne pas se laisser accabler par une mauvaise expérience de travail. On apprend par l’expérience – bonne ou mauvaise – ce qui nous convient et ne nous convient pas. Ceux qui se connaissent bien gagnent juste du temps dans le processus. » Mais comment faire pour y arriver?

D’abord, il faut définir son rapport au travail. « Les gens en plein doute professionnel doivent faire le bilan de ce qu’ils ont connu et définir vers quoi ils ont envie d’aller. Chacun a sa propre vision du travail, même les jeunes qui cherchent leur premier emploi. Comment voient-ils le travail? Comme un moyen de gagner de l’argent ou comme une façon de s’épanouir? Si leur but à ce moment précis, est de trouver un travail qui paiera leur loyer, ils ne prendront pas le même job que s’ils veulent trouver leur réelle vocation. Il faut simplement identifier clairement son but. »

Ensuite, il est important de se reconnecter à son moteur. Qu’est-ce qui me pousse à agir, me plait, me fait avancer? Un militant pour le climat aura par exemple du mal à travailler pour une entreprise qui n’est pas en phase avec ses valeurs écologiques. Pour se sentir épanoui, il est donc très important de trouver une entreprise qui correspond à nos moteurs, que ce soit au niveau des valeurs, du contenu du job mais aussi du management. « Il est en tout cas très important de bien faire la différence entre un travail et une expérience de travail », souligne Lydwine Thibaut. « Récemment, un jeune homme m’expliquait qu’il ne voulait plus travailler dans son domaine, qu’il voulait absolument changer de voie. Mais en analysant ce qui le faisait vibrer, on s’est rendu compte que tout le renvoyait vers ce domaine-là. Il avait juste tendance à penser que tous les jobs seraient les mêmes, mais ce n’est évidemment pas le cas. »

Troisièmement, il faut faire un bilan de ses compétences. « Si on souhaite se réorienter, il est important de faire le bilan de ses compétences, afin de trouver le travail qui nous correspondra le mieux. Dans quoi est-on fort? Est-ce qu’on a envie de mettre ces compétences-là au service de notre futur travail? Sur quoi peut-on s’appuyer pour trouver un nouveau projet? »

Enfin, il faut chercher sa prochaine destination. « Sur base de tout ce qu’ils ont identifié, vers quel job ont-ils envie d’aller? Qu’est-ce qui pourrait leur correspondre? Certaines personnes ont peur de prendre cette décision car elles s’imaginent qu’elles ne pourront plus revenir en arrière. Mais on n’est pas obligé de choisir une seule orientation pour le reste de sa vie, on peut en changer en fonction de ses besoins, de son moteur et de ses nouvelles compétences. »

« Le travail est trop souvent vu comme un poids, alors que c’est un merveilleux outil de développement personnel », conclut la jeune femme qui encourage tout un chacun à se poser les bonnes questions pour se sentir heureux au boulot.