Economie

À quoi vont ressembler les nouveaux billets européens ? Le dessinateur des coupures actuelles s’attend à un vif débat

Vingt ans après leur mise en circulation, la Banque centrale européenne (BCE) vient d’annoncer un toilettage du graphisme des billets en euros, afin de les rapprocher davantage des citoyens. Mais l’homme qui les avait conçus à l’origine s’attend à un vif débat entre Européens sur le sujet avec le risque de voir ressurgir les rivalités nationales.

Le dessinateur autrichien des coupures en euros, Robert Kalina, peut aujourd’hui contempler son « œuvre » depuis une retraite paisible. Longtemps inconnu du grand public, cet ancien graphiste de la Banque centrale autrichienne était ressorti vainqueur d’un concours organisé en 1996 pour concevoir la série de sept billets, de 5 à 500 euros.

Il avait dû surmonter alors une difficulté de taille : trouver des motifs dans lesquels tous les Européens puissent s’identifier, sans qu’ils soient rattachés à un pays en particulier. Le cahier des charges interdisait le recours à tout symbole d’identité nationale comme les portraits de personnages célèbres, utilisés habituellement pour les coupures nationales. L’idée lui est venue de recourir à l’architecture. S’inspirant de bâtiments réels, il a retravaillé et simplifié leur image afin que les ouvrages « ne soient plus reconnaissables » mais reflètent de manière symbolique des siècles d’histoire européenne.

Malgré les nombreuses crises qui ont scandé l’histoire de l’euro, M. Kalina juge que le symbolisme derrière ses créations « reste valable ». Or, la BCE a annoncé début décembre son projet de nouveaux dessins sur les billets en euros d’ici 2024. Ainsi, des personnages historiques ou des monuments emblématiques du continent pourraient être choisis pour la prochaine série. « La question est de savoir si les gens ont suffisamment évolué pour supporter que, par exemple, des personnes connues soient représentées », même si elles font partie d’abord de l’héritage d’un pays en particulier, s’interroge M. Kalina. « La jalousie ou quelque chose d’autre ne vont-ils pas finir par ressurgir ? », s’interroge-t-il.

La musique peut être une solution à son avis, avec de « grands compositeurs qu’on ne peut réduire à un seul pays, comme Beethoven ou Mozart ». La musique « est une langue où l’on n’a pas besoin de mots et que tout le monde comprend », estime-t-il.