Economie

Ce mardi, Brussels Airlines aura 20 ans : « Les optimistes nous donnaient six mois »

Le 15 février 2022, Brussels Airlines célèbre son vingtième anniversaire.

Ce même jour, en 2002, SN Brussels Airlines est lancée, succédant à Sabena, qui a fait faillite en novembre 2001. Depuis début 2017, Brussels Airlines est entièrement détenue par le groupe allemand Lufthansa. Bien que SN Brussels Airlines ait été lancée en février 2002, la relance de Sabena a en fait commencé quelques mois plus tôt. Avant même que la faillite ne soit déclarée, une nouvelle compagnie aérienne, plus petite, est déjà en cours de création. Celle-ci est basée sur Delta Air Transport (DAT), la filiale régionale de Sabena.

Le premier vol de la nouvelle DAT, à destination de Genève, en Suisse, a lieu le 10 novembre 2001, trois jours à peine après la déclaration de faillite de la Sabena. Les actions de DAT sont cédées pour un euro symbolique à SN Airholding par les curateurs de la Sabena fin 2001. Cette dernière avait été créée par un consortium d’une quarantaine d’investisseurs mené par les financiers Etienne Davignon et Maurice Lippens. Ils avaient levé près de 200 millions d’euros.

Le 15 février 2002 – date désormais considérée comme l’anniversaire de la compagnie aérienne – le directeur général Rob Kuijpers annonce que le nom de DAT va être modifié pour devenir SN Brussels Airlines. Peu de gens parient sur la compagnie aérienne. « Les optimistes nous donnaient six mois », a déclaré l’ancien PDG Bernard Gustin. « Mais nous étions assez naïfs pour croire au business plan. » Gustin élabore le plan d’affaires de la nouvelle compagnie aérienne en tant que consultant chez Arthur D. Little, et devient son PDG quelques années plus tard.

29 destinations en Europe

À l’époque, SN Brussels Airlines propose 29 destinations en Europe. Fin avril 2002, le réseau Afrique, l’un des piliers de l’ancienne Sabena, est relancé, bien que ces vols soient confiés à Birdy Airlines jusqu’en 2004.

Le nouveau nom et les avions de SN Brussels Airlines font toujours référence au code d’identification de la Sabena (jusqu’à aujourd’hui, les codes de vol de Brussels Airlines commencent par cette combinaison de lettres), et la queue des avions porte toujours la célèbre Sabena-S. Cette dernière ne changera qu’après la fusion de SN Brussels Airlines et de Virgin Express. Après des discussions infructueuses, Virgin passe en effet sous les ailes de SN Airholding en avril 2005. Dans un premier temps, les deux sociétés restent indépendantes sur le plan opérationnel, puis en mars 2006, la fusion est annoncée.

La fusion des deux compagnies est officialisée un an plus tard, et entre-temps, le nouveau nom Brussels Airlines est dévoilé. Le logo est aussi modifié avec un « b » composé de sphères rouges, qui est resté le signe distinctif de la compagnie aérienne jusqu’à fin 2021. Détail intéressant : le logo était initialement composé de treize sphères, mais une a rapidement été ajoutée pour satisfaire les superstitieux.

Arrivée de Lufthansa

À la mi-septembre 2008, la compagnie allemande Lufthansa annonce son entrée dans la compagnie aérienne belge. À la fin du mois de juin 2009, les Allemands détiennent effectivement 45 % de SN Airholding, acquis pour 65 millions d’euros. Brussels Airlines rejoint également l’alliance commerciale Star Alliance.

Lufthansa dispose d’une option qui lui permet d’acheter les 55 % d’actions restantes à partir de 2011, pour un montant maximal de 185 millions d’euros. À l’époque, cependant, le secteur de l’aviation traverse une période difficile, notamment en raison du prix élevé de la paraffine. Brussels Airlines plonge dans le rouge et Lufthansa annonce rapidement qu’elle n’envisage pas de rachat complet tant qu’elle n’aura pas renoué avec les bénéfices.

Entre-temps, Brussels Airlinesse tourne vers l’Afrique. Après une tentative ratée de faire décoller AirDC au Congo, la compagnie aérienne congolaise Korongo Airlines effectue son premier vol en avril 2012. C’était un partenariat entre Brussels Airlines et l’homme d’affaires George Forrest. Environ trois ans et demi plus tard, en septembre 2015, le rideau tombe sur la compagnie aérienne déficitaire.

Sur le plan intérieur, Brussels Airlines élabore le plan de réduction des coûts « Beyond 2012-2013 » afin de redevenir rentable. En décembre 2012, un accord est conclu avec les syndicats. Aucun emploi n’est supprimé, mais des mesures temporaires sont prises, telles qu’un gel des salaires et le travail à temps partiel. Les résultats s’améliorent année après année et en 2015, Brussels Airlines enregistre un bénéfice net de 41,3 millions d’euros, le premier bénéfice depuis 2010. La compagnie aérienne transporte également un nombre record de 7,5 millions de passagers.

De nouveau rentable

Brussels Airlines est à nouveau rentable. On s’attend alors à ce que Lufthansa lève son option d’achat. Toutefois, en raison des attentats survenus à l’aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016, la décision est reportée de quelques mois supplémentaires.

Puis fin septembre, le conseil de surveillance de Lufthansa donne enfin son feu vert. À la mi-décembre, un accord est conclu avec les actionnaires (les investisseurs de la première heure). Lufthansa débourse 2,6 millions d’euros pour les 55 % d’actions qu’elle ne possédait pas encore. Ce faible prix est dû à un prêt que Lufthansa avait accordé à Brussels Airlines et qui n’avait pas encore été entièrement remboursé.

La prise de contrôle complète a lieu le 9 janvier 2017. Mais ceux qui pensaient que ce serait le début d’une période de calme se trompent. Entre-temps, Lufthansa annonce que Brussels Airlines serait intégrée à Eurowings, la filiale à bas prix du groupe allemand. Cela entraîne une grande agitation interne, malgré les messages rassurants de l’Allemagne. Et c’est aussi l’une des raisons du départ du PDG Bernard Gustin fin mars 2018, après dix ans à la tête de la compagnie aérienne.

En juin 2019, un soupir de soulagement parcourt les rangs de Brussels Airlines, lorsque Lufthansa annonce que la filiale aura finalement sa propre place au sein du groupe, donc distincte d’Eurowings. Mais immédiatement, la société mère allemande exige des économies, un « plan de redressement », pour Brussels Airlines. « L’accent doit passer de la croissance à la rentabilité », déclare la PDG Christina Foerster, l’Allemande qui avait succédé à Gustin. Le plan « Reboot » dessine une compagnie aérienne plus petite mais plus rentable, avec pour objectif de passer à une marge bénéficiaire d’au moins 8 % à long terme.

De « Reboot » à « Reboot Plus »

Brussels Airlines a transporté un nombre record de 10,2 millions de passagers en 2019, mais quelques mois plus tard, la pandémie de Covid-19 éclate. « Reboot » doit être étendu à « Reboot Plus », avec des opérations accélérées et élargies. Le Belge Dieter Vranckx, qui avait succédé à Foerster au poste de PDG début 2020, annonce que la flotte sera réduite de près d’un tiers (à 38 appareils) et qu’un millier d’emplois sont menacés, soit un quart des quelque 4 000 emplois que compte alors Brussels Airlines. Grâce aux départs volontaires et au travail à temps partiel, le nombre de licenciements obligatoires est toutefois limité à soixante.

En raison du lourd impact du coronavirus, Brussels Airlines doit aussi recourir à des aides d’État pour survivre à la crise. Elle reçoit 290 millions d’euros du gouvernement (principalement des prêts), et Lufthansa apporte 170 millions d’euros à sa filiale. En 2020, Brussels Airlines enregistre finalement une perte d’exploitation (ebit) de 332 millions d’euros.

Le 1er mars 2021, un nouveau PDG est nommé : l’Allemand Peter Gerber. Il peut progressivement tourner son regard vers l’avenir, maintenant que la compagnie aérienne sort peu à peu du marasme. Il y a plusieurs points positifs : au troisième trimestre 2021, par exemple, le premier bénéfice opérationnel depuis le début de la crise est enregistré. Brussels Airlines prévoit également un été chargé en 2022, ce qui se concrétise par la mise en place d’un vol long-courrier supplémentaire. De plus, le PDG vient d’annoncer dans une interview à De Tijd que la compagnie aérienne recherche 140 nouveaux employés permanents et 148 travailleurs temporaires.

Premier avion flambant neuf

Brussels Airlines s’est déjà vu promettre trois Airbus A320neos flambant neufs (pour les vols moyen-courriers) d’ici 2023. Ce sera la première fois dans l’histoire de la compagnie aérienne qu’elle recevra un avion flambant neuf, directement de l’avionneur. La page des années turbulentes passées a également été symboliquement tournée avec un nouveau logo – neuf sphères de tailles différentes placées en forme de carré – qui a été présenté en novembre 2021.

D’autre part, la direction doit faire face à des troubles sociaux qui éclatent régulièrement dans l’entreprise. En décembre, une nouvelle grève de 24 heures a été organisée par les agents de bord pour exiger de la direction plus de respect pour la charge de travail excessive, le bien-être du personnel et le respect des conventions collectives de travail.

Brussels Airlines emploie actuellement quelque 3 100 personnes. Sa flotte se compose de 39 appareils (dont 9 A330 long-courriers), qui desserviront 85 destinations pendant la saison estivale. La compagnie aérienne est considérée comme la spécialiste de l’Afrique du groupe Lufthansa. Les résultats 2021 du groupe Lufthansa, y compris ceux de Brussels Airlines, seront annoncés le 4 mars prochain.