Sciences

Mission Dart : des images suivant le crash spatial dévoilées

S’il est trop tôt pour connaître le résultat du crash de la sonde Dart sur l’astéroïde Didymos, les premières photos livrent d’importants indices.

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Pour la premiere fois, le telescope spatial James-Webb et le telescope spatial Hubble ont effectue des observations simultanees de la meme cible : l'asteroide double Didymos apres l'impact volontaire de la sonde Dart contre sa lune Dimorphos.
Pour la première fois, le télescope spatial James-Webb et le télescope spatial Hubble ont effectué des observations simultanées de la même cible : l’astéroïde double Didymos après l’impact volontaire de la sonde Dart contre sa lune Dimorphos.  © ESA/Webb / NASA, ESA, CSA, and STScI

Temps de lecture : 3 min

Dans la nuit de lundi à mardi, alors qu’elle fonçait droit sur sa cible à plus de 20 000 km/h, la sonde spatiale Dart avait livré en direct de saisissantes images du couple d’astéroïdes constituant Didymos puis de son objectif final, le plus petit, la lune Dimorphos. Des images d’avant le crash.

Mais que s’est-il passé depuis ? Les scientifiques, comme l’astrophysicien français Patrick Michel, aimeraient bien le savoir. Or, s’il faut attendre la mission européenne Hera – qui doit décoller en 2024 et dont il est le responsable scientifique – pour le savoir en détail, de premiers indices ont déjà été récoltés. D’abord, dans la journée de mardi sont arrivées des images prises depuis le sol, comme celle de la mission Atlas (Asteroid terrestrial-impact last alert system). On y voit Didymos filant comme s’il n’était qu’un, subitement auréolé d’un imposant voile lumineux au moment de l’impact et des instants qui suivent. Cela suggère que le crash volontaire de Dart a soulevé beaucoup de poussières, de matières éjectées dans l’espace.

Un intense dégagement de poussières

Mardi, en fin de journée, étaient arrivés des clichés de LICIACub, le petit satellite de l’agence spatiale italienne, pas plus grand qu’une boîte à chaussures. Embarqué par la sonde Dart, il avait été libéré la semaine dernière pour accomplir sa mission : filmer le crash et les éjectas générés par celui-ci. Armé de ses deux caméras Luke et Leia, l’une à champ large et l’autre à champ étroit, il est parvenu à immortaliser ce premier test de déviation d’astéroïde historique. Les premières images livrées ont été prises à quelques dizaines de kilomètres de distance de Dimorphos. Elles sont impressionnantes et confirment l’intense dégagement de poussières lié à l’impact.

Jeudi après-midi, ce sont finalement des images du télescope Hubble et de son successeur James-Webb qui ont été dévoilées. Elles cumulent l’intérêt de documenter l’impact réalisé par la sonde Dart et celui d’être la première observation menée conjointement par les deux plus grands télescopes spatiaux actuellement en activité. De quoi patienter en attendant que le recalcul de l’orbite de Dimorphos autour de Didymos permette de mesurer sa déviation ou de constater sa disparition totale… Laquelle ne peut être totalement exclue.

Cette animation combine trois images du télescope spatial Hubble prises après que la sonde Dart a intentionnellement percuté Dimorphos. Elle s’étend de 22 minutes après l’impact à 8 heures et 2 minutes après la collision. Après l’impact, la luminosité du système a été multipliée par trois et semble rester assez stable, même huit heures après celui-ci. Hubble va continuer d’observer Dimorphos au cours des trois prochaines semaines pour surveiller la façon dont le nuage d’éjectas produit se dilate et s’estompe au fil du temps.
 

De son côté, le télescope James-Webb a observé l’impact cinq heures au total et a capturé dix images avec sa caméra proche infrarouge (NIRCam). Celles-ci montrent un noyau serré et compact avec des panaches de matière comme des traînées s’éloignant du lieu de l »impact. Les scientifiques prévoient également d’observer l’astéroïde dans les mois à venir à l’aide du spectrographe proche infrarouge (NIRSpec) et de l’instrument infrarouge moyen ( MIRI ) de James-Webb. Les données spectroscopiques fourniront aux chercheurs un premier aperçu de la composition chimique de l’astéroïde.


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