Le mystérieux drone spatial X-37B de retour après 908 jours en orbite

Officiellement utilisé pour tester de futures technologies spatiales, l’appareil de l’armée américaine mène aussi des missions plus agressives… et secrètes.

Par Guerric Poncet

Le drone spatial américain X-37B a atterri samedi 12 novembre à Cap Canaveral, en Floride, après une mission record de 908 jours en orbite, soit 30 mois. Comme pour chacune de ses missions, l’US Air Force et l’US Space Force n’ont dévoilé que très peu de choses sur les expérimentations menées dans l’espace, à l’abri de la plupart des regards indiscrets, par son appareil issu des laboratoires secrets Phantom Works de Boeing. Pour sa sixième mission, le X-37B a été doté pour la première fois d’un module de service lui permettant de mener encore plus d’expérimentations en orbite.

Quatre fois plus petit que les célèbres navettes de la Nasa mises à la retraite en 2011, cet appareil télépiloté sert officiellement de « plateforme d’essais » pour des vaisseaux spatiaux du futur. Il teste des technologies de navigation, de protection thermique ou encore de propulsion avancée. Les moteurs à ions par exemple doivent permettre d’utiliser beaucoup moins de combustible, y compris pour les satellites, dont la durée de vie dépend de la capacité à se maintenir sur leur orbite.

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« Depuis le premier lancement du X-37B en 2010, il a pulvérisé des records et fourni à notre pays une capacité sans équivalent pour tester et intégrer rapidement de nouvelles technologies spatiales », a expliqué Jim Chilton, vice-président de Boeing en charge du programme.

Un drone très curieux

Mais les missions du X37-B ne se limitent pas à la science. En coulisses, des experts du domaine spatial militaire confient que le X37-B fait partie des objets les plus actifs et donc les plus observés par les nations qui en sont capables. « Il ne reste pas tranquillement dans son coin ! Il approche des satellites étrangers, il émet des ondes et manœuvre de manière surprenante, nous peinons à le suivre », nous expliquait par exemple début 2022 un haut responsable militaire d’un pays de l’Otan.

Le drone est donc aussi un laboratoire de la guerre spatiale. Il permet notamment à l’armée américaine de tester des manœuvres inamicales sur des cibles américaines ou d’en mimer sur des cibles étrangères, afin de faire passer un message diplomatique. « Lorsque le X37-B s’approche à quelques centaines de mètres d’un satellite espion russe, c’est la Maison-Blanche qui parle au Kremlin et qui dit “moi aussi, je peux casser tes jouets” », avait ajouté le haut gradé.

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Après cette sixième mission, le X37-B affiche plus de deux milliards de kilomètres au compteur, et a passé 3 774 jours en orbite. Il est probable que l’autre exemplaire de ce drone spatial reprenne la direction de l’espace dans les semaines à venir, le Pentagone laissant généralement très peu de temps entre deux missions.