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À la COP15, des échanges insolites dans la salle de prière de l’ONU

Des négociateurs de la Conférence mondiale pour la biodiversité se recueillent entre deux réunions intenses, dans un espace déconnecté du stress ambiant.

De notre envoyé spécial à Montréal,

Les negociations de la COP15 doivent s'achever lundi 19 decembre, au palais des congres de Montreal, au Canada.
Les négociations de la COP15 doivent s’achever lundi 19 décembre, au palais des congrès de Montréal, au Canada. © ANDREJ IVANOV / AFP

Temps de lecture : 2 min

Les négociations de la Conférence mondiale sur la biodiversité (COP15) à Montréal ont beau piétiner et se poursuivre très tard chaque nuit dans des tourbillons de désaccords, il y a un endroit où la pression retombe : la salle de prière. Ce petit local d’une vingtaine de mètres carrés, dans lequel on a poussé les frigos d’une cuisine pour installer des canapés et de la moquette, sert pour tous les croyants, quelle que soit leur religion. « C’est ouvert à tous, allez-y si vous voulez ! » grommelle le garde de la sécurité des Nations unies posté à l’entrée.

Le lieu est souvent vide, mais en attendant quelques minutes devant la porte aux heures stratégiques de certaines prières ou de certaines pauses dans les sessions de négociations, nous croisons des pratiquants. Badge de négociateur autour du cou, Karim*, musulman, s’amuse de la situation. « On a des échanges parfois tendus dans les salles de réunion mais quand on vient ici, on respire et on retrouve chacun notre Dieu, ou nos dieux », glisse-t-il dans un sourire.

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« Les divinités veulent qu’on réussisse »

Un peu plus tard, un catholique espagnol sort de la pièce en rangeant une petite Bible dans sa lourde veste. « Je suis stressé toute la journée, la salle de prière est une zone neutre dans laquelle on peut avoir quelques instants de silence, pour rassembler ses idées et retrouver une sorte de paix intérieure », explique Manuel. « Je prie plutôt à l’hôtel, mais avec les horaires étendus des négociations finales, je dois venir dans cette salle », ajoute-t-il. Juste après lui, un Français nous avoue ne pas être croyant, mais venir dans la salle de prière pour trouver un peu de calme et « vider son cerveau ».

L’après-midi, nous croisons un moine bouddhiste, tout d’orange habillé. « Nous pouvons négocier beaucoup de choses entre humains, mais au bout du compte, c’est de notre rapport à la nature et au vivant qu’il s’agit, les divinités veulent qu’on réussisse », assure l’homme, qui appartient à la délégation thaïlandaise. Lorsqu’ils se croisent, les croyants se sourient, échangent parfois quelques mots en anglais devant la porte de la salle, mais rarement plus. « Nous avons très peu de temps », plaide l’Allemande Gesine, protestante. « Nous ne pouvons venir que quelques minutes, et encore seulement si on renonce à la pause pipi pour prier ! » glisse-t-elle en repartant vers les salles de conférences.

Les négociations de la COP15 sont entrées jeudi 15 décembre dans leur dernière ligne droite, avec l’arrivée des ministres de l’Environnement de nombreux pays, censés débloquer les très nombreux points de désaccord encore présents dans les textes. Elles doivent s’achever lundi 19 décembre.

* Les prénoms ont été changés.


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