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La disparition des glaciers sera plus importante que prévu

La moitié des glaciers au moins pourrait totalement disparaître d’ici à la fin du siècle, selon une étude publiée ce vendredi dans la revue Science.

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Le glacier du Rhone, en Suisse.
Le glacier du Rhône, en Suisse. © FABRICE COFFRINI / AFP

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Les glaciers fondent encore plus vite que prévu. Ils pourraient perdre entre 14 % et 23 % de masse de plus que ne l’estimaient les scientifiques jusqu’à présent, selon une étude d’un consortium international de chercheurs publiée ce vendredi 6 janvier dans la revue Science. Entre 2015 et 2100, les glaciers perdraient 26 % selon le scénario optimiste – mais déjà compromis – d’un réchauffement climatique limité à + 1,5 degré ; jusqu’à 41 % en cas de réchauffement à + 4 degrés.

Une telle fonte provoquerait une élévation du niveau de la mer de 9 à 15,4 centimètres d’ici la fin du siècle. Pour la première fois, l’étude estime aussi le nombre de glaciers qui pourraient disparaître. D’ici 2100, 49 % à 83 % – selon le degré de réchauffement du globe – seraient ainsi rayés de la carte. Il s’agit en grande partie des glaciers de petite taille, d’un kilomètre carré. Les plus étendus, s’ils vont perdre beaucoup de masse, ont, eux, encore un peu de sursis.

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Icebergs et débris rocheux

« Les petits glaciers sont plus exposés car ils n’ont plus de zone où ils vont se régénérer avec de la neige », explique Étienne Berthier, glaciologue au CNRS qui a participé à l’étude internationale. Comme un glaçon sorti du congélateur, leur fonte est inexorable. Les glaciers des Pyrénées, par exemple, désormais dans des zones trop chaudes pour se régénérer, ne sont plus que le vestige d’une époque révolue. Début novembre, l’ONU avait déjà prévenu qu’un tiers des glaciers classés à l’Unesco auraient disparu en 2050.

Comment expliquer ces conclusions plus pessimistes que les précédentes, alors que les chercheurs se sont pourtant basés sur les mêmes scénarios du réchauffement climatique établis par le Giec ? Étienne Berthier avance plusieurs pistes d’explication, à commencer par la correction des modèles par les données observées ces 20 dernières années. « On remarque que la fonte des glaciers va crescendo : la perte de masse est plus rapide aujourd’hui qu’il y a 20 ans. »

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Les chercheurs ont également pris en compte deux nouveaux paramètres pour leurs calculs. D’une part le vêlage d’icebergs, c’est-à-dire la part des glaciers en bord de mer qui ne fond pas mais se détache en formant des icebergs, mais aussi la couverture de débris rocheux tombés des pentes des glaciers qui se fragilisent et s’effritent. Ce dernier paramètre « peut avoir deux effets opposés, détaille Étienne Berthier. Si la couche est fine, elle noircit le glacier, qui capte plus la chaleur du soleil, et cela accélère la fonte. Si elle est épaisse, elle peut au contraire jouer un rôle d’isolant ». Des conclusions plutôt pessimistes qui ne doivent pas conduire à la fatalité, interpelle le chercheur français. « Même si une partie des glaciers est condamnée, d’autres peuvent encore être préservés en limitant le réchauffement climatique. Et le seul moyen d’y parvenir, c’est de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. »


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