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Voitures électriques : le jour où le prix des batteries baissera…

Si la voiture électrique occupe l’essentiel de la communication avec la voiture autonome, elle n’a pas encore, dans la réalité des ventes, une place en rapport avec les débats qu’elle suscite. Le prix reste en effet le principal frein à l’achat des voitures électriques, selon une étude internationale de l’Observatoire Cetelem de l’automobile. Celle-ci prévoit un marché restant marginal à très court terme, malgré sa croissance spectaculaire, car il part de zéro.

« Le véhicule électrique est perçu comme une voiture plus chère à l’achat que son équivalent thermique pour 86 % des automobilistes dans le monde et 91 % des Français », relève l’étude. Et cela, pour une très bonne raison : le prix de la batterie elle-même qui impacte trop lourdement le prix final. C’est la raison pour laquelle Tesla a d’abord ciblé un marché premium et que les voitures électriques ont d’abord essaimé dans le haut de gamme.

Et la barre vers laquelle il faudrait tendre est très basse, car, selon une autre étude de l’institut Bloomberg New Energy Finance (BNEF), le prix moyen d’une voiture thermique est actuellement de 28 000 dollars. Un chiffre qui devrait passer à 30 000 dollars en 2030 en raison des contraintes liées à l’environnement et obligeant à dépolluer ou hybrider ces voitures.

Baisser le coût des batteries

Pour parvenir à rivaliser, au moins sur le plan du prix, avec la voiture thermique, il faudra, selon BNEF, que le coût des batteries baisse encore de 67 % d’ici à 2030. Les spécialistes du secteur prévoient en effet que le coût du kilowattheure de batterie puisse passer de 209 dollars actuellement à 100 dollars. Autre souci, le nombre de kilowattheures embarqués sur une voiture induit l’autonomie, mais aussi l’encombrement, le poids et… le coût. D’où la nouvelle proposition des constructeurs de plusieurs batteries au choix, comme on le fait sur un smartphone.

Mercedes EQC, la première "tout électrique" de l'Etoile © Daimler AG - Global Communications Mercedes-Benz Cars Daimler AG - Global Communications Mercedes-Benz Cars

Mercedes EQC, la première "tout électrique" de l'Etoile © Daimler AG - Global Communications Mercedes-Benz Cars Daimler AG - Global Communications Mercedes-Benz Cars

La batterie de la Mercedes EQC, la première « tout électrique » de l’Etoile, ressemble à ça. Rien à voir avec une batterie de démarrage

© Daimler AG – Global Communications Mercedes-Benz Cars Daimler AG – Global Communications Mercedes-Benz Cars

Directement fonction de cette quantité de kilowattheures, le deuxième frein majeur est bien celui de l’autonomie. Seuls 30 % des automobilistes, selon l’Observatoire Cetelem, « imaginent pouvoir acheter une voiture électrique ayant moins de 300 km d’autonomie ». Ce chiffre descend à seulement 13 % en France.

De plus, trois quarts des répondants jugent insuffisant le nombre de bornes de recharge, ce qui est un problème transitoire avec l’équipement des réseaux… tant que le nombre de voitures électriques ne croît pas trop. Sinon, on fera la queue à la borne comme on fait la queue à la pompe, mais pour « falre le plein » cela prendra plus de cinq minutes par voiture lorsqu’il s’agit de moteurs thermiques.

Bien sûr, les automobilistes parcourent environ 50 km par jour seulement en moyenne… « L’autonomie n’est pas un problème réel, c’est psychologique », estime Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile. Une opinion que ne partage pas Le Point, car les automobilistes qui n’ont pas les moyens d’acheter plusieurs voitures (une pour la ville, une pour les loisirs, une pour les enfants, etc.) dimensionnent le choix du véhicule unique sur l’usage maximal.

Critères d’achat

Ce sont donc les vacances qui, avec la famille au complet et les bagages, vont déterminer le cahier des charges de l’achat. Ce critère capital a bâti le succès des monospaces dans les années 80, remplacés aujourd’hui par l’hégémonique SUV. Mais, à 90 % du temps, ces SUV sont occupés par une ou deux personnes dans le meilleur des cas. Et l’autonomie maximale, même si elle n’est pas souvent exploitée, reste un facteur essentiel et rassurant. À la différence d’une voiture électrique qui devient une « auto immobile » en fin de journée, ancrée sur son poste de recharge qui va réclamer des heures pour faire le plein. Pas question, dès lors, de ressortir de façon inopinée.

La Renault ZOE est, parmi les petites voitures électriques, la plus convaincante

© Renault

Cependant, et fort justement, plus de 80 % des personnes interrogées « croient à l’avenir de la voiture électrique ». Elles jugent que c’est un véhicule « propre », « agréable à conduire » et « renvoyant une image positive et moderne ».

« Sur le papier, elle coche toutes les cases. Le frein principal, c’est le prix », estime M. Neuvy. « Les gens se disent que, même en faisant des économies à l’usage, avec moins d’entretien, moins de consommation de carburant, ça reste une voiture qui est plus chère avec une autonomie plus limitée. Cela veut dire payer une voiture plus chère pour moins bien. C’est un problème majeur », selon lui. La solution transitoire passe, selon Le Point, par la location, qui est réversible et n’expose pas le client aux aléas de l’obsolescence technique.

Les véhicules 100 % électriques représentent environ 0,9 % des immatriculations dans le monde, 1 % en Europe et 1,3 % en France. L’Observatoire Cetelem prévoit une part progressant à 3 % en France à la fin 2020. « Les ventes en France et en Europe vont rester assez marginales à très court terme », prévient M. Neuvy. Mais il souligne « que les automobilistes qui roulent en voiture électrique depuis longtemps disent qu’ils ne reviendront pas en arrière. Donc on voit bien qu’elle a un gros potentiel ».

Il faut néanmoins tempérer cet enthousiasme affiché, car l’acheteur de la voiture électrique a, aujourd’hui encore, une démarche militante.


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