économie circulaireélectroniqueJeunes Poussesrecyclage des déchets électroniquesRSETek

L’électronique dans la boucle de l’économie circulaire

L’économie circulaire peut transformer en profondeur tous les secteurs et toutes les chaînes de valeur, notamment au niveau des déchets électroniques qui ont un impact écologique important, comme le prouve le service de collecte et de revalorisation de Manutan.

Selon l’Ademe, la fabrication d’un ordinateur de 2 kilos nécessite 800 kilos de matières premières, 240 kilos de combustibles fossiles et 1,5 tonne d’eau. Un impact écologique qui pourrait être réduit à condition de lutter contre le gaspillage électronique, comme essaie de le faire Pierre-Emmanuel Saint-Esprit, directeur Économie circulaire du groupe Manutan.

Futura : Que répondez-vous à ceux qui considèrent que l’économie circulaire et les grands groupes ne sont pas compatibles ?

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit : Je crois sincèrement que pour répondre aux défis de notre époque il faut être capable de dépasser ces conflits partisans et essayer d’agir à l’intérieur même d’un écosystème qui a le plus d’impact économique et écologique. Si l’on veut vraiment obtenir des résultats drastiques sur les émissions à effet de gaz, il faut agir là où elles sont produites.

Futura : Quelle est donc votre solution ?

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit : J’ai créé ma start-up Zack en 2016. Elle est une solution dédiée aux entreprises pour la lutte contre le gaspillage électronique, de la collecte des déchets à la revente, le reconditionnement ou le recyclage localement en France. Ce qui n’est pas vendable est donné à nos associations partenaires. Chacune de ces étapes a été confiée à une entreprise d’insertion afin de créer de l’emploi en local. L’entreprise, elle, reçoit à l’issue un bilan RSE complet certifié par l’Ademe, qu’elle peut intégrer dans son rapportage extra-financier.

Futura : Pourquoi votre start-up va changer le monde ?

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit : L’empreinte numérique d’une entreprise est constituée à 80 % des produits électroniques utilisés par ses collaborateurs si l’on prend en compte le bilan carbone et les ressources nécessaires depuis sa fabrication. Plus de 5 000 tonnes de produits électroniques ont pu être sauvées de la décharge depuis notre création en 2016 et 50 emplois directs et indirects créés sur notre territoire. Notre démarche permet aussi de préserver les ressources, notamment les minéraux rares, et de les recycler pour alimenter les entreprises locales. L’économie circulaire n’est plus une option mais une nécessité sachant que les équipements électriques et électroniques représentent plus de 57 millions de tonnes de déchets dans le monde aujourd’hui et qu’ils dépasseront les 70 millions de tonnes en 2030.

Futura : Comment est né le projet et quelles sont les prochaines étapes ?

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit : Avec Timothée Mével, nous avons monté la start-up lors de nos études en master entrepreneurial. L’idée était au départ de lutter contre le gaspillage des déchets électroniques chez les particuliers. Nous nous sommes ensuite focalisés sur le monde de l’entreprise, car nous voulions avoir un effet là où il y a le plus d’enjeux et d’impacts. Depuis février 2022, nous avons été intégrés au groupe Manutan, acteur européen du e-commerce BtoB spécialisé dans la distribution d’équipements et de fournitures aux entreprises et aux collectivités, qui croit en l’économie circulaire et voulait avancer sur le sujet. Nous avons des fortes ambitions à développer de nouveaux services sur le mobilier usagé par exemple, mais aussi d’essayer d’embarquer l’écosystème de la distribution et d’accompagner les fournisseurs dans le développement de l’écoconception. C’était vraiment une opportunité de pouvoir accélérer l’impact de l’économie circulaire à grande échelle.

Futura : Si vous étiez Premier ministre, quelle mesure phare mettriez-vous en place ?

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit : J’ai co-créé le collectif EC 2027 qui regroupe plus de 250 experts de la société civile, du monde académique, des entreprises, du secteur public et du secteur associatif pour placer l’économie circulaire dans le débat public. Nous agissons à la fois en plaidoyer sur des mesures réglementaires réalistes sur le terrain, en sensibilisation sur l’économie circulaire mais aussi en créant des synergies notamment entre les entreprises qui ont un rôle majeur à jouer sur le sujet.

Futura : À quoi va ressembler le monde en 2050 ?

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit : Deux mondes s’offrent à nous : celui où nous aurons réussi la transition écologique et l’autre où ce ne sera pas le cas. Personnellement, je veux croire à la première, celle où nous aurons atteint la neutralité carbone, où nous aurons limité la hausse des températures à 1,5 °C. Il faut vraiment pour cela retrouver notre capacité à agir au service du collectif et du bien commun.

Futura : D’ailleurs, quel sujet d’actualité de Futura vous a passionné ?

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit : Pour résoudre un problème, il faut l’étudier et le définir précisément. L’approche scientifique est fondamentale dans la transition et la contribution de Futura est efficace en cela. L’article sur la pollution des microplastiques et la solution proposée m’a d’ailleurs marqué.


Continuer à lire sur le site d’origine