Commerce : l’Union européenne porte plainte contre les Etats-Unis à l’OMC

La commissaire européenne au commerce Cecilia Malmström à Bruxelles, vendredi 1er juin.

L’Union européenne « porte plainte à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les Etats-Unis et la Chine », a annoncé la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, vendredi 1er juin. L’Union européenne proteste ainsi, comme elle l’avait annoncé, contre la décision des Etats-Unis d’augmenter les droits de douane sur l’acier et l’aluminium en provenance de l’UE à compter de vendredi.

En ce qui concerne Pékin, l’UE s’en prend « au transfert injuste de technologie » des entreprises européennes actives en Chine.

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« Si les acteurs de ce monde ne respectent pas les règles, alors le système risque de s’effondrer. C’est pour cela que nous portons plainte aujourd’hui contre les Etats-Unis et la Chine devant l’OMC, a déclaré Mme Malmström. Et cela démontre que nous ne choisissons aucun camp. Nous défendons un système multilatéral pour un commerce mondial fondé sur des règles », a-t-elle plaidé.

« Cela démontre également notre détermination à traiter les causes profondes des tensions actuelles dans le système commercial, mais nous devons le faire dans le cadre du système fondé sur des règles et de ses remèdes », a-t-elle ajouté.

Cette plainte est la première étape d’une riposte contre l’attaque commerciale américaine que l’Union prépare depuis plusieurs mois et qui compte deux autres leviers.

Taxer des marchandises américaines

Le premier serait l’imposition de droits de douanes punitifs à certains produits. La Commission européenne a établi il y a quelques semaines une liste de marchandises américaines d’une valeur de 2,8 milliards d’euros, qui pourraient être taxées, parmi lesquelles des produits en acier, le bourbon, le beurre de cacahuète, les motos et les jeans.

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Selon la Commission européenne, la mesure pourrait entrer en vigueur le 20 juin au plus tôt, après avoir présenté aux 28 Etats membres une proposition détaillée fixant un taux de droit de douane pour chacun des produits. Un conseil extraordinaire des ministres du commerce pourrait être convoqué dès la semaine prochaine afin d’en discuter.

Des mesures de sauvegarde

Le second serait l’utilisation de mesures dites « de sauvegarde », autorisées par l’OMC si un afflux soudain d’importations perturbe « sérieusement » ou menace de perturber une industrie nationale.

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Ces mesures de « sauvegarde » risquent de nuire davantage à d’autres pays que les Etats-Unis, mais elles permettraient de protéger l’économie européenne : l’UE craint en effet des « effets secondaires » des restrictions américaines à l’importation. Car les producteurs d’acier du Brésil, de Chine, de Russie, de Corée du Sud, de Taïwan ou de Turquie tenteront de réorienter leurs produits qui ne sont plus compétitifs aux Etats-Unis vers le marché européen.

Eviter la surenchère

La riposte européenne doit en tout cas être minutieusement calibrée car l’effet immédiat des taxes américaines pourrait rester circonscrit : l’Union n’a exporté qu’environ 6,4 milliards d’euros en valeur d’acier et d’aluminium l’an dernier aux Etats-Unis.

L’objectif est aussi d’éviter la surenchère. Depuis Berlin, jeudi, la chancelière allemande Angela Merkel a insisté sur sa crainte d’un « risque d’escalade ». La veille, M. Macron avait convoqué la mémoire des années 1930, rappelant que les guerres commerciales « [pouvaient] rapidement dégénérer en guerres tout court ».


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