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Euro 2021 : quatre questions sur la tenue des matchs au Royaume-Uni, alors que le pays connaît une hausse des contaminations due au variant Delta

La menace du variant Delta plane sur l’Euro et Wembley. C’est dans le stade londonien, au Royaume-Uni, que doivent se tenir les demi-finales de la compétition les 6 et 7 juillet, ainsi que la finale, le dimanche 11 juillet, dans un stade rempli à 75% puisque la jauge a été portée mardi à 60 000 spectateurs. Mais le retour en force de variant du coronavirus sur le sol britannique, où il est désormais majoritaire, fait craindre une hausse des contaminations chez les supporters de football des pays européens qui se rendraient à Londres pour ces rencontres. Franceinfo revient en quatre questions sur cette menace de plus en plus grande sur l’Euro.

Quelle est la situation épidémique au Royaume-Uni ?

Outre-Manche, le variant Delta, découvert en Inde, s’est diffusé rapidement, remplaçant en quelques semaines le variant Alpha, apparu fin 2020 dans le sud-est de l’Angleterre. Le pays a enregistré jeudi 17 juin 11 007 nouveaux cas de Covid-19 en une journée, dépassant ainsi la barre des 10 000 pour la première fois depuis fin février. Après un long confinement et une campagne vaccinale très efficace, le Royaume-Uni semblait tourner le dos au virus, mais la courbe est repartie à la hausse à la mi-mai.

Une étude publiée jeudi par l’Imperial College London et Ipsos MORI (en anglais) a révélé que les cas sont en « augmentation exponentielle » dans toute l’Angleterre, principalement dans les groupes d’âge non vaccinés. Les données suggèrent que les cas doublent tous les 11 jours. En testant 109 000 personnes entre le 20 mai et le 7 juin, les chercheurs ont en effet constaté une augmentation de 50% des infections par rapport à la précédente phase de test (15 avril-3 mai).

« Le variant Delta est plus transmissible de l’ordre de 40% à 60% par rapport au variant Alpha, lui-même 50% plus transmissible que le variant original »a averti mardi Mahmoud Zureik, professeur en épidémiologie et santé publique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines sur franceinfo. Pour l’heure, sa dangerosité reste difficile à établir. « Les premiers résultats suggèrent que le variant Delta est plus redoutable, mais ils doivent être consolidés et il faut d’autres études pour confirmer » sa plus grande nocivité, assure-t-il. « On a plus de risque d’être hospitalisé », avance-t-il toutefois.

Cette hausse survient alors que 58% des adultes du pays ont reçu leurs deux doses de vaccin. Mais attention, après une seule injection du vaccin de Pfizer-BioNTech ou d’AstraZeneca, la protection contre le variant Delta n’excède pas respectivement 36% et 30%. Ce pourcentage remonte respectivement à 88% et 60% avec les deux doses, selon des données officielles anglaises communiquées fin mai. Les autorités ont réduit de 12 à huit semaines l’écart entre les doses pour atteindre deux tiers des adultes complètement vaccinés d’ici au 19 juillet. Cette date est désormais celle prévue pour la levée des dernières restrictions sanitaires, après qu’elle a été repoussée de quatre semaines.

Quels gouvernements ou instances font part de leur inquiétude ?

Face à cette situation épidémique, Boris Johnson a assuré vendredi que tout serait fait pour « protéger le pays du Covid ». « La santé publique reste la priorité », a-t-il ajouté. Mais l‘Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé sa préoccupation mardi face à l’assouplissement des restrictions dans certains des pays hôtes, sans les citer. « Dans quelques-unes des villes, les cas de Covid-19 sont déjà en hausse dans les zones où se jouent les matchs », relève Robb Butler, directeur exécutif de l’OMS Europe, dans une déclaration écrite à l’AFP.

Vendredi, déjà, Paris et Berlin avaient fait part de leur inquiétude. « Je pense qu’il est important que nous continuions à être très vigilants (…) et cela vaut en particulier pour les grandes manifestations »​, avait estimé la chancelière lors d’une conférence de presse avec Emmanuel Macron. « C’est bien par exemple qu’à Munich il y ait 14 000 fans qui puissent se retrouver, bien sûr​, comme ce fut le cas lors de la rencontre entre l’Allemagne et la France, mais quand je vois des stades remplis dans d’autres pays d’Europe, je suis un petit peu sceptique et je me demande si c’est la bonne réponse à la situation actuelle​ ».

Une référence à peine voilée à la Hongrie, seul pays organisateur de la compétition qui n’impose aucune jauge dans son stade pour cet Euro. Et, dans une proportion moindre, au Royaume-Uni et sa nouvelle jauge à 60 000 personnes à Wembley. Emmanuel Macron, lui, a promis la plus grande vigilance. « Tous nos joueurs et nos équipes sont, comme vous le savez dans des bulles sanitaires, c’est-à-dire qu’ils ont été isolés (…) donc pour ce qui est de nos équipes les précautions sont prises, la question qui reste posée ici [concernant] la finale va évidemment être pour les supporters et l’encadrement ».

De son côté, le chef du gouvernement italien Mario Draghi veut « que la finale du championnat européen ne se déroule pas dans un pays où les contagions sont en train de croître rapidement », a-t-il assuré lundi. 

Quelles sont les conditions d’accueil pour les derniers matchs sur le sol anglais ?

Le stade de Wembley doit encore être le théâtre de cinq matchs lors de cet Euro :  deux huitièmes de finale dont Italie-Autriche, les demi-finales et la finale. Pour les trois matches du groupe D de l’Angleterre, au premier tour, 22 500 spectateurs, soit environ 25% de la capacité de l’enceinte londonienne, étaient autorisés. Pour les matchs à élimination directe, la jauge du stade est passée à « au moins 50% », soit 40 000 personnes, une nouvelle dont s’est « ravie » l’UEFA dans un communiqué. Cette jauge grimpera enfin jusqu’à plus de 60 000 spectateurs pour les trois derniers matchs de la compétition.

Les restrictions sanitaires et notamment les règles de quarantaine en vigueur au Royaume-Uni depuis le mois de février restent cependant contraignantes : dix jours pour les personnes arrivant des zones orange (soit la plupart des pays européens) et rouge. Or cette règle pourrait poser problème à l’UEFA, car de telles mesures empêcheraient la venue des supporters, mais aussi des 2 500 invités (officiels et sponsors notamment) le 11 juillet. Sur son site, l’UEFA précise toutes les règles en vigueur pour qu’une personne puisse entrer en Angleterre, en provenance d’un autre pays que le Royaume-Uni ou l’Irlande et assister aux matchs (test négatif, quarantaine, formulaire de localisation, etc.) 

Dans un communiqué, l’UEFA a néanmoins annoncé mardi qu’elle s’activait pour faciliter les déplacements. « Pour le moment, nous sommes en pourparlers avec les autorités locales pour essayer de permettre aux fans des équipes participantes d’assister aux matchs, en utilisant un concept strict de test et de bulle qui signifierait que leur séjour au Royaume-Uni serait inférieur à 24 heures et leurs déplacements seraient limités aux transports et sites approuvés uniquement », détaille l’instance footballistique.

L’UEFA a-t-elle envisagé des plans B ?

Pour contourner ces règles en vigueur outre-Manche, l’UEFA a envisagé une délocalisation des derniers matchs, affirmait jeudi le journal The Times (en anglais). Une information démentie par l’UEFA : « Il n’y a pas de plan de rechange pour la tenue de ces rencontres », a assuré mardi un porte-parole de l’organisation cité par L’Equipe, comme si l’annonce des autorités britanniques sur la nouvelle jauge mettait fin au débat. « Je suis reconnaissant envers le Premier ministre pour leur travail acharné afin de conclure cet arrangement avec nous, pour faire de la fin de ce tournoi un grand succès à Wembley », a commenté le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, dans le communiqué publié mardi.


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