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France-Suisse : Didier Deschamps, des choix qui ont coûté cher

Rien n’est joué, même quand on est largement favori et même quand on est sorti en tête du « groupe de la mort » sans la moindre défaite. L’équipe de France l’a appris à ses dépens en s’inclinant en huitièmes de finale de l’Euro 2021 face à la Suisse (3-3, 5-4 t.a.b.), lundi 29 juin. Si la surprise est grande de voir les champions du monde se faire éliminer aussi tôt lors de ce championnat d’Europe, un sentiment d’insécurité s’était installé bien avant la rencontre.

Plus le match approchait, plus nos interlocuteurs se montraient méfiants. A Bucarest, les journalistes ne le sentaient pas et les supporters français ne fanfaronnaient pas dans les rues de la capitale roumaine. Il y avait comme une odeur de piège pour les Bleus, engagés tête baissée dans leur quête de sacre européen. Plus tôt, avant elle, les exemples de l’Italie, emmenée en prolongation par l’Autriche, ou encore les Pays-Bas, surpris par la République tchèque, avaient pourtant envoyé un avertissement. 

Ce n’est pas tant par excès de confiance que l’équipe de France a péché contre la Suisse, même si elle s’est complètement relâchée après le but du 3-1 marqué par Paul Pogba (75e). Elle s’était mise de toute façon des bâtons dans les roues dès le coup d’envoi avec un chamboulement tactique qui a ajouté des problèmes à une formation qui avait déjà beaucoup de lacunes. Sans aucune contestation possible, les choix de Didier Deschamps ont une part importante dans le naufrage précoce des Bleus.

En optant pour une organisation tactique en 3-5-2, le sélectionneur espérait créer un effet miroir avec celle de son adversaire, habitué à jouer de cette manière. L’idée était de créer des un contre un partout sur le terrain face à une Suisse aux individualités moins fortes, tout en compensant les absences de Lucas Hernandez et Lucas Digne à gauche en densifiant sa défense centrale. Pour ce faire, Clément Lenglet était intégré au duo Raphaël Varane-Presnel Kimpembe et c’est à Adrien Rabiot qu’est revenu le rôle d’assurer le rôle de piston gauche.

Mais tout ça a très vite tourné au vinaigre. La Suisse a ouvert le score à la 15e minute grâce à Haris Seferovic, venu couper de la tête un centre venu de Steven Zuber, avec un Clément Lenglet complètement perdu. Surtout, les vagues se sont succédé sur le côté droit de la défense tricolore, où Zuber et Ricardo Rodriguez ont joué très haut pour constamment proposer des deux contre un à Benjamin Pavard. Vladimir Petkovic avait sans doute bien regardé les rencontres des Bleus contre l’Allemagne et la Hongrie.

Plus de dix minutes après une scène où Raphaël Varane a forcé Benjamin Pavard à se replacer, Didier Deschamps a dû attendre l’irruption d’un streaker à la 37e pour prononcer la fin du 3-5-2. Et après s’être renié une première fois, il a remplacé Lenglet par Kingsley Coman, se rendant peut-être compte qu’intégrer un joueur qui n’a plus joué depuis un mois et demi au coeur d’une défense expérimentale, n’était peut-être pas la meilleure idée. Surtout lors du premier match à élimination directe d’un Euro.

« Ça n’a pas fonctionné parce que cette équipe suisse nous a mis en difficulté. Elle créait des décalages sur notre côté droit. On ne s’attendait pas à ce qu’elle joue comme ça« , a concédé Deschamps en conférence de presse. Trop occupé à faire des ajustements pour parer son aile gauche, le sélectionneur a oublié que son autre flan était déjà défaillant. Il l’était encore plus en isolant son défenseur central de formation à un poste très exigeant. « L’équipe de France a l’habitude de la solidité, elle a connu de la fébrilité« , a reconnu le sélectionneur après le match. « La première mi-temps ne me donne pas raison, évidemment. Aurait-on fait mieux en commençant  différemment ? Peut-être, mais on avait fait ce qu’il fallait pour inverser la tendance... » 

C’est avec une confiance entamée que son équipe est revenue sur la pelouse après la pause. Même si ses individualités ont fait des étincelles jusqu’à mener 3-1, grâce à son trio offensif et à l’homme fort Paul Pogba, les champions du monde n’ont à aucun moment donné l’impression d’endosser le statut de favori qui devait leur revenir. L’exultation du groupe, une fois le break accompli, a automatiquement été suivie par un relâchement total, avec deux buts encaissés dans le dernier quart d’heure.

Un relâchement également à attribuer à Deschamps, qui a remplacé Antoine Griezmann par Moussa Sissoko à deux minutes de la fin du temps réglementaire, pour préserver le résultat à 3-2. L’attaquant du Barça, qui avait joué son rôle de leader technique pour la première fois de l’Euro, aurait sans doute été utile en prolongation et surtout aux tirs au but. La suite est celle que l’on connait.


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