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Tour de France 2021 : cinq pistes pour limiter les chutes massives en course

Des idées pour renforcer la sécurité. Alors que la 108e édition du Tour de France a été marquée par de nombreuses chutes massives lors des premières étapes, de nombreuses voix du monde du cyclisme se sont élévées pour alerter sur la dangerosité croissante du peloton. De Marc Madiot au Syndicat des coureurs (CPA), en passant par les coureurs eux-mêmes, qui ont marqué le coup en mettant le pied à terre quelques instants mardi 29 juin au départ de la 4e étape, chacun a proposé des solutions. Franceinfo: sport fait le point sur les effets de chacune d’entre elles.

Couper les oreillettes à l’approche de l’arrivée

C’est le serpent de mer du cyclisme, celui qui revient à chaque carambolage : les oreillettes. Lancées en 1990, adoptées en 1996, écartées en 2014 puis revenues en 2016, elles suscitent beaucoup d’interrogations et d’inquiétude au sein du peloton. S’il semble difficile, désormais, de les voir totalement disparaitre, une hypothèse consiste à n’y insérer qu’une voix commune pour les coureurs en fin d’étape de plaine, plutôt que de laisser celles des directeurs sportifs, parfois véhéments et stressants pour les coureurs.

« Avoir une oreillette type Radio Tour avec une information véhiculée en anglais, pourquoi pas ? Ca peut être envisageable, mais le débat s’élargit au sens des échappées », observe le consultant de France Télévisions Yoann Offredo. Et de poursuivre : « Quand Kluge et van Avermaet s’échappent [lors de la 6e étape] et accélèrent à 20 km de l’arrivée, les directeurs sportifs de Quick Step le voient sur la télévision de la voiture et informent leurs coureurs [celle de l’équipe du sprinteur Mark Cavendish], qui ensuite accélèrent. » Une voix unique pourrait-elle calmer la nervosité du peloton ? « Si on fait cela, les directeurs sportifs auront un rôle moins important. Ils deviendront des chauffeurs de route et ils ne le souhaitent pas », anticipe Yoann Offredo.

Adapter le parcours du début de Tour de France

Une autre piste consiste à proposer un parcours sans grosses difficultés pour les coureurs dans le final des premières étapes. « Je considère que la vraie problématique, ce sont les trois ou quatre premiers jours. L’une des seules solutions est d’aménager des premières étapes sans trop de pièges sur la route : des routes trop étroites, des îlots, des ralentisseurs… », souligne Cédric Vasseur, ancien coureur et manager de la formation Cofidis.

Une piste que réfute Yoann Offredo : « Non, car dans ce cas-là, on fait les courses sur un parking avec deux plots et on tourne autour. Un coureur cycliste doit savoir tout faire : frotter, se placer, tenir des bordures. A ce jeu-là, il y a des gagnants et des perdants. La première semaine du Tour a toujours été décisive pour cela. »

Un tour annoncé tranquille, une étape très nerveuse, des chutes en pagaille, et les mots forts de Marc Madiot… Voici le résumé de cette 3ème étape du Tour de France avec Yoann Offredo.


Supprimer les freins à disque

Autre innovation récente qui crée des risques de blessure au moment de la chute, mais aussi en amont : les freins à disque. « On a la possibilité d’attendre le plus possible pour freiner », explique Cédric Vasseur. En freinant au dernier moment, le risque de percuter le coureur situé devant soi augmente, surtout dans un peloton nerveux et composé de plus de 180 vélos. « Mon coureur Jesus Herrada me disait : ‘Dans le peloton, ils ne freinent pas ! Ils viennent te taper l’arrière avec leurs cocottes de frein mais ils ne freinent pas car cela fait perdre de l’énergie.’ Parfois, ça ne passe pas », déplore le manager de Cofidis.

Etendre la règle des 3 kilomètres

C’est la proposition énoncée par Tim Declercq (Deceuninck-Quick Step) à la suite des chutes de la 3e étape entre Lorient et Pontivy, où beaucoup de coureurs sont allés à la faute dans les dix derniers kilomètres. Le grand coureur belge avait proposé d’étendre la règle des 3 kilomètres (si un incident survient dans le final d’une étape de plaine, le coureur est crédité du temps de son groupe à la banderole des 3 km) aux 5 ou 10 kilomètres en fonction de l’arrivée.

« Je suis assez partagé. Pour être un futur vainqueur du Tour, il faut savoir frotter, se placer. Il y a des coureurs comme Contador qui viennent se mêler au sprint. Ca peut énerver les trains des sprinteurs mais chaque seconde est importante sur le Tour de France », analyse Yoann Offredo, rejoint par Cédric Vasseur. « C’est une fausse bonne idée. Au lieu de frotter à 5 ou 6 kilomètres de l’arrivée, on frottera un peu plus loin. On déplace simplement le problème de quelques kilomètres », juge-t-il.

Tour de France : le peloton proteste contre les chutes

Réduire le nombre de coureurs par équipe

Enfin, alors que chaque équipe présente sur le Tour de France est composée de huit et non plus neuf coureurs depuis 2018, des voix s’élèvent pour réduire encore le nombre de participants, afin d’avoir un peloton moins compact. « Non, on a déjà perdu pas mal de coureurs. Dans ce cas-là, on fait une course à dix coureurs », tranche Yoann Offredo.

Pour Cédric Vasseur, cette mesure pourrait surtout être contre-productive pour les coureurs engagés. « Si on n’a plus que six coureurs par équipe, ceux qui sont là auront encore plus de travail à faire. Sur une logique sportive, on ne peut pas descendre en-dessous de huit coureurs. Cette proposition n’apporterait aucune solution, et créerait même un effet pervers avec des coureurs hyper sollicités. On ne pourrait plus compter sur eux pendant plusieurs mois ensuite », conclut le manager de la formation Cofidis.

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