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Festival de Cannes 2021 : avec « Flag Day », Sean Penn fait son grand retour devant et derrière la caméra

Sean Penn n’a pas hésité à revenir en compétition cette année, après le fiasco en 2016 de The Last Face qui lui avait valu les pires critiques. Il brigue à nouveau la Palme d’or avec Flag Day, un magnifique film sur les rapports filiaux, d’après une histoire vraie, qu’interprète l’acteur-réalisateur avec sa propre fille, Dylan Penn.

Jennifer Vogel doit reconnaître le braqueur que la police vient de prendre en flagrant délit. Reconnaissant son père, elle se le remémore, charismatique, prometteur d’une vie vécue comme une aventure. Après la séparation de ses parents, devenue adolescente, elle avait décidé de le retrouver et de vivre avec lui. Célibataire et vivant d’expédients, ce père absent l’avait alors prise tant bien que mal sous son aile, et embarquée dans ses frasques. Jusqu’à ce que, devenue femme, Jennifer se désillusionne et réalise sa vocation de journaliste.

Adapté des mémoires de Jennifer Vogel (The Flim-Flam Man), journaliste américaine, Flag Day (le Jour du drapeau qui célèbre l’adoption de la bannière étoilée en 1777), renvoie au rêve américain, de la réussite, du dollar, et de cette possibilité unique que promet cette nation à se réaliser par l’argent ou la célébrité. Le portrait de John Vogel, rattrapé par son passé avec la réapparition de sa fille, illustre cette mentalité, presque une philosophie, où en Amérique tout serait possible.

La chute n’en sera que plus rude pour John. Jennifer, elle, saura en réchapper en ne suivant pas les traces de son père, et grâce à son talent. C’est elle qui réalisera le rêve américain de son père, en partant de moins que rien pour devenir une journaliste accomplie et reconnue, à l’issue d’un parcours initiatique.

« John Vogel est un menteur » n’a cessé de seriner sa mère à sa fille. Un beau parleur qui mène sa vie à sa perte et vous y entraîne. Jennifer n’y croit pas et le rejoint parce qu’elle a foi en lui. Elle déchantera quand elle comprendra que les emplois honnêtes qu’il dit décrocher ne sont pas faits pour lui et ne sont que mensonges. La réussite de Flag Day repose sur l’empathie qu’inspire John, malgré ses travers. Comme Jennifer, on craque pour ce doux rêveur mythomane qui croit à ses « bobards » plus gros que lui. Sean Penn est éblouissant dans le rôle et part bien placé pour un prix d’interprétation.

Mais la réalisation est tout autant remarquable, dans la temporalité tout en flash-backs du film, ici parfaitement articulés, loin des facilités coutumières. Cette mémoire, introduite par le mystère de cette jeune femme interrogée pour on ne sait quoi, dévoile progressivement l’ »objet du délit » : John Vogel, son père. Un anti-héros de la débrouille embarqué dans une épopée de la survie.

Flag Day retrace le road movie d’une vie passée sur les routes désertes, de motel en motel où se croise une faune interlope et dangereuse. Temps et espace font bon ménage au cinéma, et Sean Penn en tire tout le suc en tournant en analogique, non en numérique, ce qui apporte plus de texture, une chaleur à la matière filmique. Ces images splendides, vivantes, et le rythme soutenu subliment les personnages au coeur d’un film bouleversant. Magnifique.

Genre : Drame
Réalisateur : Sean Penn
Acteurs : Sean Penn, Dylan Penn, Katheryn Winnick, Josh Brolin, William Hurt
Pays : États-Unis
Durée : 1h48
Sortie : 22 septembre 2021
Distributeur : Le Pacte

Synopsis : John Vogel était un personnage hors norme. Enfant, sa fille Jennifer s’émerveillait de son magnétisme et de sa capacité à faire de la vie une grande aventure. Il lui a beaucoup appris sur l’amour et la joie, mais elle va découvrir sa vie secrète de braqueur de banques et faussaire. Tiré d’une histoire vraie, Flag Day est le portrait d’une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille.


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