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Laïcité à l’école : dans la majeure partie des cas « les situations compliquées sont résolues grâce au dialogue », estime un syndicat enseignant

Rémy Sirvent, secrétaire national du syndicat enseignant SE-Unsa demande,  samedi 1er octobre sur franceinfo, des précisions sur la « hausse des signalements » d’atteinte à la laïcité à l’école annoncée vendredi par le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye. Il met en avant que dans la majeure partie des cas, « les situations compliquées sont résolues grâce au dialogue ». Certains vêtements, notamment les qamis et abayas ne sont pas « les plus faciles à traiter », selon Rémy Sirvent, « pour autant on a besoin d’aller dans la précision, de faire du cas par cas » avec les élèves.

franceinfo : Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a confirmé vendredi une hausse des signalements d’atteintes à la laïcité à l’école depuis la rentrée. Quelle est votre réaction ?

Rémy Sirvent : Ce sont de chiffres qui demandent à être précisés. Ce qui nous intéresse, c’est de connaître l’état des résolutions. La loi du 15 mars 2004 prévoit, avant d’engager toute procédure disciplinaire, d’instaurer un dialogue avec les élèves concernés. Quand on avait interrogé par voie de sondage les enseignants sur ces résolutions, ils nous ont répondu que dans 98% des cas les situations compliquées sont résolues grâce au dialogue. On a confiance dans les équipes éducatives pour mettre en place ce dialogue et expliquer des lois parfois méconnues des élèves, notamment celle sur les signes religieux à l’école. Des élèves pensent que la laïcité est antireligieuse, ce qui n’est pas du tout le cas. Mais cette loi fixe un certain nombre de règles qu’il ne faut pas franchir.

Quelles sont les règles qui sont le plus souvent enfreintes concrètement à l’école ?

Il s’agit de signes ou de tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse. Ça concerne les signes religieux traditionnels, tels que le voile, une croix d’une dimension trop importante ou une kippa. Il y a aussi d’autres nouveaux signes qui manifestent une appartenance religieuse, sur lesquels on a eu quelques alertes. Notamment pour les garçons des qamis, ces pantalons d’Afghanistan, ou pour les filles les abayas, qui sont des robes très couvrantes et longues. Ce ne sont pas des signes religieux à proprement parler, mais dès qu’une tenue est utilisée pour manifester une appartenance religieuse, elle rentre sous le coup de la loi.

Sur ces abayas justement, le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye reconnaît que l’interprétation d’un vêtement religieux ou non n’est pas toujours facile et ne doit pas faire l’objet d’une circulaire ministérielle. Comment ça se passe concrètement dans les établissements ?

On peut avoir quelques indices qui montrent que le port d’une tenue peut être utilisé à des fins religieuses. Quand l’élève la porte tout le temps, on peut avoir quelques doutes. C’est là que le dialogue doit s’engager pour demander aux élèves si c’est un signe de reconnaissance religieuse. Ce ne sont pas les cas les plus faciles à traiter, pour autant on a besoin d’aller dans la précision, de faire du cas par cas. Un dialogue n’est pas une concession, ce n’est pas une négociation. Si jamais les personnes s’enferment dans leurs certitudes, on peut passer par des procédures disciplinaires.

Les enseignants sont-ils suffisamment accompagnés et soutenus par l’encadrement dans les établissements ?

Quand on a interrogé les enseignants, 74% d’entre eux nous ont dit qu’ils n’avaient pas bénéficié de formation initiale aux principes de laïcité. 94% nous ont dit ne jamais avoir eu de formation continue. On a besoin d’équiper les enseignants. Mais les atteintes à la laïcité ne sont pas uniquement dans les écoles publiques. Il y a aussi les écoles privées mais aussi dans les établissements hors contrat où la loi sur les signes religieux n’existe pas alors que l’enseignement privé est essentiellement financé par l’argent de la République laïque.


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