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« Je voudrais en parler, mais je n’y arrive pas » : après la mort de Lola, les habitants du 19e arrondissement de Paris partagés entre tristesse et sidération

Devant le collège Georges-Brassens, dans le 19e arrondissement de Paris, les visages sont fermés. A 17 heures, lundi 17 octobre, les enfants sortent par grappes. Un père demande à sa fille comme elle va. « Moyen, moyen », répond-elle. Lola, retrouvée morte vendredi, était l’une de ses camarades de classe.

Le corps de la jeune fille de 12 ans a été découvert recroquevillé à l’intérieur d’une malle, dans la cour de son immeuble, situé à 300 mètres du collège. La principale suspecte, âgée de 24 ans, a été mise en examen dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour meurtre et viol avec actes de torture et de barbarie. Un homme de 43 ans a également été mis en examen lundi pour recel de cadavre et placé sous contrôle judiciaire.

Les parents, plus nombreux qu’à l’accoutumée, ont du mal à contenir leur émotion. Une mère essaie de s’exprimer, alors que ses enfants viennent de la rejoindre, mais elle fond immédiatement en larmes. « Je voudrais en parler, mais je n’y arrive pas », articule-t-elle en s’excusant.

Les parents d’élèves tentent de rassurer, expliquent qu’ils ont mis en place une « mailing list », notamment pour faire circuler les informations concernant la cellule psychologique mise en place pour les élèves, parents et professeurs de l’établissement.  Agnès, dont le fils et la fille connaissaient bien Lola, avoue être très « secouée ». La famille a appris la nouvelle samedi et n’a parlé « que de ça » ce week-end. « Je garde la tête froide, j’espère simplement que tous les coupables ont été arrêtés », souffle-t-elle.

Dahbia B. a été interpellée dès samedi à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), après avoir été identifiée grâce à des images de vidéosurveillance où elle apparaissait la veille avec l’adolescente, après sa sortie du collège et avant sa disparition. Elle a aussi été aperçue par des riverains, plus tard dans l’après-midi, en train de pousser une grande malle en plastique.

Léanna, une habitante du quartier, affirme avoir vu cette femme vendredi soir, aux alentours de 18 heures, en chaussettes, devant l’immeuble où le corps de Lola a été retrouvé. « Elle hurlait : ‘Il l’a fait, il l’a fait !' », raconte-t-elle. « Elle répétait cette phrase continuellement », précise la riveraine, qui habite ici depuis toujours et assure ne l’avoir jamais croisée auparavant.

Le mystère qui entoure cette affaire alimente toutes les conversations. Au pied du bâtiment, rue Manin, les habitants du quartier émettent toutes les hypothèses possibles. Le mobile et le profil de la suspecte posent particulièrement question. « Ce n’est pas courant quand même… », commente timidement une femme de 84 ans, venue déposer un bouquet de fleurs.

Zara, 50 ans, a appris la nouvelle en sortant de la synagogue samedi soir, située tout près des lieux du drame. « On a su que c’était dans le 19e. Puis on a vu la rue. Tout le monde était scotché, choqué. J’ai eu besoin de venir voir, mes pas m’ont guidée ici », dit-elle en déposant une bougie, vite éteinte par la pluie battante. 

Maria, qui habite dans le quartier depuis trente ans, est restée pendant des heures devant l’entrée de l’immeuble, lundi. Sidérée, elle avait besoin de se recueillir. Cette quarantenaire est gardienne d’un immeuble à quelques rues de là. La même profession que le père de Lola. « Je n’ose imaginer ce que doit ressentir cet homme, lâche-t-elle les larmes aux yeux. Sa fille est morte dans l’immeuble où il travaillait depuis des années, et il n’a pas pu l’en empêcher. C’est atroce. »


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