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Pénurie de carburant : est-il vrai qu’une minorité de grévistes bloquent les raffineries de TotalEnergies ?

Alors que la mobilisation à TotalEnergies a finalement été reconduite jusqu’à mercredi 19 octobre à midi, on assiste une véritable bataille de chiffre sur le nombre de salariés grévistes chez le géant pétrolier. Dimanche, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a d’abord affirmé qu’ils n’étaient « que » 150 par jour. Et le lendemain lundi, la direction de Total a même avancé le chiffre de 90. 

Pourtant, ni le président du Medef, ni la direction du groupe n’a raison. Quand franceinfo l’a joint, le Medef n’a pas répondu à ses questions sur ce chiffre de 150, en revanche, la direction de Total maintient celui de 90. Cependant, formulé ainsi, c’est très trompeur.

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La direction du groupe l’a dit elle-même à franceinfo : c’est un chiffre « à un instant T ». Dans les raffineries, les salariés travaillent en « trois huit », avec une équipe le matin, une l’après-midi et une la nuit. Ainsi, 90 est en fait le nombre de grévistes dans l’équipe de lundi 17 octobre au matin uniquement.

Mais la journée n’était pas terminée. Après l’équipe du matin, celle de l’après-midi a pris le relais, puis celle de la nuit et dans ces équipes-là aussi, il y avait des grévistes. La direction de Total a indiqué à franceinfo que le nombre moyen de salariés en grève reste plutôt stable d’une vacation sur l’autre, ce qui laisse supposer qu’ils pourraient être jusqu’à trois fois plus, au maximum. On peut dire en tout cas avec certitude qu’il y en a largement plus que 90, et même plus que les 150 avancés par Geoffroy Roux de Bézieux.

Cependant, sachant que les raffineries de Total comptent plus de 2 000 opérateurs, les grévistes restent une minorité. Et celle-ci peut, selon les cas, suffire à bloquer une raffinerie. D’ailleurs la stratégie de la CGT a changé depuis le début du mouvement. Son objectif n’est plus d’avoir le maximum de salariés en grève mais d’avoir des grévistes à des postes stratégiques, notamment, dans les services qui s’occupent de l’expédition des produits pétroliers vers les stations-essence.

Les salariés qui y travaillent ont des compétences très spécifiques et travaillent aux deux huit, il est donc beaucoup plus difficile de les remplacer. À la raffinerie de Feyzin par exemple, la CGT nous a indiqué que 100% des opérateurs du service d’expédition étaient grévistes mardi 18 octobre.

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