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Attentat de Nice: la cour se penche sur les intentions et le profil du tueur

Publié le : 26/10/2022 – 08:25

Après cinq semaines consacrées aux témoignages des parties civiles, le procès de l’attentat de Nice entre dans une nouvelle phase : l’étude des motivations et du parcours de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, abattu par les forces de l’ordre après avoir foncé sur la foule au volant de son camion-bélier, le 14 juillet 2016.

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Avec notre envoyée spéciale au palais de justice de Paris, Laura Martel

Pendant une semaine, la cour d’assises spéciale de Paris tente de cerner la personnalité de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, ce Niçois de nationalité tunisienne, qui avait fait 86 morts et plus de 400 blessés.

L’audition d’un enquêteur antiterroriste a permis d’aborder les principales interrogations autour des intentions du tueur. « La volonté de faire du mal précède la volonté de faire du mal au nom de la religion », synthétise l’enquêteur, après avoir brossé le parcours empreint de violence de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Violences dès ses 16 ans contre sa famille en Tunisie ; violences conjugales marquées de sadisme ; brutalité des contenus qu’il visionne : des accidents de la route à des scènes de torture, en passant par des images zoophiles.

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Mais alors, Lahouaiej-Boulehl, décrit selon les témoins comme pervers, obsédé sexuel, dépressif, paranoïaque, relevait-il de la psychiatrie ? Faute de diagnostic de son vivant, l’enquêteur s’est gardé de l’affirmer, mais il a pu apporter plus d’éléments sur la question d’une éventuelle radicalisation. D’après l’enquêteur, c’est la « fascination pour la violence » qui a amené le tueur vers les vidéos de l’organisation État islamique, lui qui longtemps « n’a manifesté aucun intérêt pour la religion » et « n’a montré de faibles signaux de religiosité » que dans les « dernières semaines » avant l’attentat.

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Des indices délibérés pour incriminer son entourage ?

Un autre détail dans le comportement de Lahouaiej-Bouhlel intrigue : le terroriste a laissé derrière lui beaucoup d’indices, notamment 39 tirages réalisés la veille de l’attentat le montrant avec des accusés à la plage ou au café, et parfois dans le camion, annotés de leurs prénoms. Les enquêteurs ont aussi retrouvé chez lui une feuille où figure une liste manuscrite de noms et de numéros de téléphone.

Aurait-il donc délibérément impliqué son entourage ? C’est ce que cherche à savoir la cour, explorant l’hypothèse d’une manipulation ou d’un piège, une hypothèse privilégiée par la défense. Vue « l’accumulation » des éléments laissés, pointe l’enquêteur, « je pense qu’il y a effectivement une volonté de sa part qu’on retrouve les personnes qu’il a impliquées dans ses préparatifs, mais pourquoi, je n’en sais rien ». Selon ses conclusions, « ce dossier est unique ».


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