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Actions contre des œuvres d’art: comment les musées français tentent de se prémunir

Dans les musées français, une réflexion est engagée, dans la plus grande confidentialité, pour renforcer la sécurité des œuvres exposées après les multiples actions de militants écologistes ces derniers jours.

Le sujet est « sensible ». Après les actions spectaculaires d’activistes écologistes contre Les Tournesols de Van Gogh ou Les Meules de Claude Monet, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a appelé ce mardi les musées français à « redoubler de vigilance ». Mais les principaux concernés sont très réticents à dévoiler comment ils entendre faire face à d’éventuels happenings de militants.

« Il y a une réflexion, car c’est un risque pour les œuvres », indique une source au ministère de la Culture à BFMTV.com. « Même si nombre d’entre elles sont protégées, toutes ne le sont pas. »

Estimant que toutes les œuvres ne peuvent être protégées par des vitres, et que la France n’est pas « à l’abri un jour qu’un activiste forcené attaque un tableau qui n’en a pas », la ministre de la Culture a « demandé à tous les musées nationaux de redoubler de vigilance, d’en parler avec les agents de surveillance, de les préparer à toutes ces éventualités ».

Une « information trop confidentielle »

« Tous les responsables des musées prennent depuis très longtemps des précautions contre le vandalisme », a réagi Bernard Blistène, président honoraire du Centre Pompidou à Paris, interrogé par l’AFP. « Faut-il en prendre davantage? Sans doute. »

Interrogés par BFMTV.com, les musées du Louvre et d’Orsay, qui abritent quelques-unes des toiles les plus célèbres au monde, refusent de commenter et de préciser leur stratégie face à ce nouveau risque.

« C’est une information trop confidentielle » et qui peut avoir des répercussions « sur les assurances », précise de son côté la Fondation Louis Vuitton, qui expose en ce moment, aux côtés des œuvres de Joan Mitchell, des Nymphéas de Claude Monet.

Le Centre Pompidou, joint par l’AFP, a néanmoins indiqué avoir « pris en compte ces attaques, qui se multiplient, depuis un certain temps » par un « échange » spécifique « avec ses équipes ».

Du côté des gardiens de musée, le silence est également de rigueur sur d’éventuelles nouvelles mesures de sécurité. « C’est trop sensible », nous explique-t-on au syndicat Unsa-Paris Musées.

Des contrôles renforcés au musée Grévin

Les actions visant des œuvres au nom de la défense du climat se sont multipliées ces derniers jours. Après Les Tournesols de Van Gogh, visés par un jet de soupe de tomate, le 14 octobre dernier à la National Gallery de Londres (Royaume-Uni), ce sont Les Meules de Claude Monet, qui ont été aspergées de purée le 23 octobre au musée Barberini de Postdam (Allemagne), puis La Jeune Fille à la Perle de Johannes Vermeer, qui a été visée le 27 octobre au musée Mauritshuis de La Haye (Pays-Bas).

« Est-ce qu’il faut de la purée sur un tableau pour que vous nous écoutiez? », ont-ils lancé.

Le 24 octobre, des militants écologistes de la même organisation, Just Stop Oil, ont entarté la statue de cire du roi Charles III au musée Madame Tussauds de Londres, l’équivalent du musée Grévin. « On ne sait pas comment peut se manifester cet activisme écologique », a commenté ce vendredi Yves Delhommeau, le directeur général du musée parisien, sur BFMTV.

« Nous on a l’obligation de contrôler (les visiteurs) à l’entrée puisque le plan Vigipirate est toujours en cours, et on fouille l’ensemble des sacs », a-t-il rappelé.

Mais cette procédure a été « renforcée » pour l’ensemble des visiteurs. « Avant c’était contrôler s’il n’y avait pas un couteau ou une arme, mais là on vérifie aussi si on ne trouve pas une bombe de chantilly ou des choses étranges. »

De lourdes sanctions possibles en France

Le musée Grévin avait déjà été ciblé par le passé: en 2014, une Femen avait « poignardé » la statue de Vladimir Poutine, aux cris de « Poutine dictator ». Plus récemment, fin juin, La Joconde avait été entartée au musée du Louvre. Un geste sans conséquence puisque Mona Lisa, dont la valeur est inestimable, est derrière une vitre blindée depuis 2005. L’auteur de cet acte avait lui aussi évoqué la « planète », avant d’être admis à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de Police.

En France, « la destruction, la dégradation ou la détérioration » d’un « bien culturel qui relève du domaine public mobilier ou qui est exposé, conservé ou déposé, même de façon temporaire, soit dans un musée de France, une bibliothèque, une médiathèque ou un service d’archives, soit dans un lieu dépendant d’une personne publique ou d’une personne privée assurant une mission d’intérêt général, soit dans un édifice affecté au culte » est punie de sept ans de prison et de 100.000 euros d’amende.

La peine peut même atteindre dix ans de prison et 150.000 euros d’amende « lorsqu’elle est commise par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice ».

Magali Rangin

Magali Rangin


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