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Sainte-Soline : Jadot et Rousseau ont rejoint les manifestants « anti-bassines »

En pleine sécheresse historique, plusieurs milliers de manifestants entendent braver samedi 29 octobre l’interdiction de la préfecture des Deux-Sèvres pour crier leur opposition aux « bassines » près du chantier d’une nouvelle réserve d’eau destinée à l’irrigation agricole. Le collectif « Bassines non merci », qui rassemble des associations environnementales, organisations syndicales et groupes anticapitalistes opposés à cet « accaparement de l’eau » destiné à l’« agro-industrie », a annoncé la présence de 10 000 personnes. Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, de EELV, sont venus leur apporter leur soutien.

Un campement a été installé depuis mardi dans un champ prêté par un paysan, à proximité du chantier. La préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubée a, elle, évoqué vendredi aux alentours de « 5 000 » manifestants attendus à partir de 10 heures dans ce village d’environ 350 habitants devenu le nouvel épicentre d’un conflit sur l’usage de cette ressource qui se raréfie avec le réchauffement climatique.

En début de semaine, elle a interdit « toute manifestation et attroupement » autour de Sainte-Soline pour « limiter » d’éventuels « actes de violence », a-t-elle justifié vendredi, en confirmant le déploiement de 1 500 gendarmes. Des dégradations et des heurts entre gendarmes et manifestants avaient émaillé un précédent rassemblement en mars.

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Des élus signent une tribune de soutien au droit de manifester

L’arrêté concerne neuf autres communes ainsi que celles de Mauzé-sur-le Mignon, où une première réserve est déjà construite, et de Val-du-Mignon. Une interdiction de circuler et de stationner pour les personnes venues de l’extérieur a été ajoutée mercredi. Les opposants aux réserves d’eau, qui ont prévu des événements sur place tout le week-end, ont intenté un référé contre ces arrêtés, rejeté vendredi par le tribunal administratif de Poitiers. Les participants encourent une amende de 135 euros, a rappelé le tribunal.

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Environ 200 élus, avocats ou professeurs ont dénoncé un manquement à « la liberté fondamentale de manifester » dans une tribune publiée par Libération. Parmi les signataires, des élus Insoumis ou écologistes comme Mathilde Panot, Clémentine Autain, Alexis Corbière ou Yannick Jadot seront sur les lieux samedi. Sandrine Rousseau était également sur place samedi matin, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse.

La réserve de Sainte-Soline est la deuxième de 16 réserves de substitution, au cœur d’un projet élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l’eau, pour « baisser de 70 % les prélèvements en été », dans cette région qui connaît encore des restrictions d’irrigation après une sécheresse estivale hors norme.

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Aucune « conséquence négative pour les nappes » selon Béchu

Ces cratères à ciel ouvert, recouverts d’une bâche en plastique, sont remplis grâce au pompage de l’eau des nappes phréatiques superficielles l’hiver et peuvent stocker jusqu’à 650 000 m3 (soit 260 piscines olympiques). Cette eau est utilisée pour l’irrigation l’été, quand les précipitations se font plus rares. Les opposants dénoncent des « mégabassines » réservées à de grandes exploitations céréalières tournées vers l’exportation et défendent la mise en place d’autres mesures pour mieux partager et préserver l’eau – agroécologie, changement de cultures, retour des prairies…

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a estimé samedi sur France Inter que les opposants « dénoncent quelque chose de juste, la nécessité qu’on diminue collectivement, et les agriculteurs aussi, nos usages d’eau », mais a souligné qu’une étude publiée en juillet était « venue dire à quel point le projet n’avait pas de conséquences négatives pour les nappes » phréatiques.

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Selon cette étude du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), le projet pourrait, par rapport à la période 2000-2011, augmenter « de 5 % à 6 % » le débit des cours d’eau l’été, contre une baisse de 1 % l’hiver.

Plusieurs associations se sont retirées du protocole

Christophe Béchu a également rappelé que le « plan signé par tout le monde il y a quatre ans » après une longue concertation entre agriculteurs, élus, autorités et associations conditionnait l’accès à l’eau à des changements de pratiques (réduction des pesticides, plantation de haies, conversion à l’agro-écologie).

Mais sur dix agriculteurs utilisant la première retenue, « aucun n’a souscrit de réduction de pesticides », selon Vincent Bretagnolle, spécialiste d’agro-écologie au CNRS à Chizé (Deux-Sèvres) et membre du comité scientifique et technique de suivi (CST) du projet, et depuis la signature, plusieurs associations se sont retirées du protocole.

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Denis Mousseau, président de la FNSEA 79 qui défend ce projet de stockage, a rappelé jeudi à l’Agence France-Presse « la forte inquiétude » des agriculteurs locaux face à l’appel d’organisations à « la désobéissance civile ».


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