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Écologie : « On n’a pas du tout des actes à la hauteur de l’enjeu », dénonce un astrophysicien membre du collectif « Scientifiques en rébellion »

« On n’a pas du tout des actes à la hauteur de l’enjeu », estime sur franceinfo, Jérôme Guilet, astrophysicien et membre du collectif « Scientifiques en rébellion », alors que la COP27 démarre dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh en Egypte pour tenter de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement climatique. Comme trois autres scientifiques français, Jérôme Guilet est tout juste sorti de cinq jours de prison en Allemagne, après s’être collé les mains à une voiture dans une concession BMW à Munich. Le Français assume ce passage à l’action « sur le terrain », face à l’urgence climatique. « Et c’est pour cela que j’ai choisi de faire des actions de désobéissance civile ».

franceinfo : Pourquoi est-ce qu’un scientifique comme vous en vient à enfreindre la loi ? 

Jérôme Guilet : Il y a le constat de l’inefficacité de rester à un discours rationnel. Ça fait des décennies qu’il y a des rapports écrits par des scientifiques, beaucoup de sensibilisation, pour essayer de convaincre l’opinion. Je pense que dans l’ensemble, la majorité de l’opinion est convaincue de l’importance d’agir contre le changement climatique. Malgré tout, on n’a pas du tout des actes à la hauteur de l’enjeu. On a une courbe des émissions qui continue d’augmenter COP après COP.

En tant que scientifique, je pense que’il est de ma responsabilité d’agir à la hauteur de l’enjeu. C’est-à-dire ne pas se contenter d’un discours rationnel de laboratoire, mais aussi de prendre des risques pour montrer que l’enjeu est extrêmement important. Et c’est pour cela que j’ai choisi de faire des actions de désobéissance civile. C’est une façon de montrer l’importance des enjeux et de faire monter la pression sur les décideurs pour qu’ils ne puissent plus continuer à ne pas agir comme ils devraient.

Vos détracteurs disent que ces actions sont spectaculaires, mais stériles. Pourquoi pensez-vous que ça fait avancer les choses ? 

Je pense que ça fait avancer les choses parce que rien ne se fait sans pression. Je pense que ceux qui bloquent la situation, ce n’est pas seulement par un manque de connaissances ou de discussions. On a des intérêts économiques, politiques, financiers qui s’opposent activement au changement. Face à ça, il faut établir un rapport de force avec ces intérêts, et c’est le sens de ces actions. Par ailleurs, il y a des articles scientifiques qui ont montré que les actions de désobéissance civile ont un rôle positif.

Quelle est votre limite ?    

La limite que je me fixe, c’est d’éviter à tout prix des violences, que ce soit physiques ou psychologiques, sur les personnes. Je me tiens à la non-violence des actions de désobéissance civile.

Mais il n’y a pas de limite, tant que c’est du matériel ?

C’est quelque chose qui peut être, à mon avis, discuté en fonction du contexte, de l’action et de son efficacité. Ce n’est pas un but en soi pour moi, de détruire des biens. Mais si ça me semble efficace dans le cadre de l’action, je n’ai pas forcément d’opposition. 

Gérald Darmanin a parlé d’écoterrorisme de la part de manifestants écologistes qui protestaient notamment contre le projet de mégabassine à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Que pensez-vous de ce terme ?

Je ne pense pas que le sectionnement de canalisations fasse partie de ce qu’on appelle du terrorisme. À mon avis, l’utilisation de ce genre de terme, est plus une façon de nous attaquer et d’essayer de décrédibiliser le mouvement écologiste. Le gouvernement s’inquiète parce qu’il est justement mis en cause.

Sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron appelle les Français à l’interroger sur l’action climatique de la France. Vous avez une question ?

Moi, j’ai surtout des demandes, c’est-à-dire des actes concrets qui soient mis en place, plutôt que de parler et de faire des belles promesses, ce qui est la spécialité ces derniers temps. Qu’on ait de vraies actions.


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