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En Ouganda, Maxwell Atuhura «pour la justice que nous méritons»

Publié le : 09/11/2022 – 18:30

Maxwell Atuhura est devenu l’une des figures de la lutte contre le projet pétrolier controversé en Ouganda Tilenga/EACOP… En début d’année, il était en Europe pour porter la voix des populations des régions touchées par le projet. Arrêté quelques jours en mai 2021, il continue à faire l’objet d’intimidations.

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Maxwell Atuhura est un jeune trentenaire, grand, discret… Il est né à Buliisa, région située au cœur du projet pétrolier, issu d’une famille de 9 enfants, des parents agriculteurs et pêcheurs…

« Ils considèrent les habitants de la communauté de Buliisa comme des gens primitifs, explique le militant. Ils sont supposés être des personnes illettrées, ignorantes, qui ne peuvent pas se faire entendre. »

Bon élève, il trouve des mécènes pour payer sa scolarité. Il fait du droit à l’université où il commence les activités militantes. Il fait de la sensibilisation et apporte une aide juridique dans les villages. Puis, « avec des collègues, nous avons constitué un groupe pour apporter un soutien concret aux victimes d’accaparement de terres afin qu’elles accèdent à la justice », détaille-t-il.

Il s’implique ensuite dans différentes organisations, démissionne lorsqu’il n’est pas satisfait… Il travaille rapidement sur le projet pétrolier qui touche directement sa communauté. Il rejoint l’organisation Africa institute for energy governance (Afiego) très active sur le sujet.

À Buliisa, pour avoir aidé une journaliste italienne sur le terrain, il est arrêté plusieurs jours, son bureau fermé. La police l’interroge vivement sur ses prises de position contre le projet pétrolier, confie-t-il. Victime d’intimidations, il fait toujours l’objet de poursuites… Aujourd’hui, il travaille dans un lieu discret dans la périphérie de Kampala… Un rideau de fer ferme l’accès à son bureau.

« Nous sacrifions beaucoup pour dire non à ces injustices. Nous sommes isolés ici. Ils nous considèrent comme de mauvaises personnes. Mais pour autant, je ne vais pas m’arrêter », assène-t-il.

Ses collègues le décrivent comme quelqu’un de pugnace, et de désintéressé. Assis dans le jardin de la concession, il parle doucement, tête basse, mais s’anime dès qu’il parle du quotidien des populations et de leurs difficultés.

« Je ne travaille pas pour un poste ou pour être sur le devant de la scène, tient-il à préciser, mais pour la justice que nous méritons. » Malgré les compensations mises en place, Maxwell Atuhura pointe l’injustice des déplacements et la déstructuration des cellules sociales.

Qu’espère-t-il à l’avenir ? Voir les populations disposer librement de leurs terres, que les richesses environnementales du pays soient protégées, et que soit mis en avant le développement d’une économie verte et durable dans son pays.

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