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Chèque énergie, indemnité inflation, baisses d’impôts… Quels effets ont eu les mesures gouvernementales sur le niveau de vie des ménages en 2021 ?

L’heure des comptes. A l’occasion de la publication de son « portrait social », mardi 22 novembre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a analysé l’effet des mesures sociales et fiscales introduites en 2020 et 2021 sur le niveau de vie des Français. Il s’est penché sur plusieurs réformes symboliques, comme la baisse de l’impôt sur le revenu et la suppression de la taxe d’habitation, mais aussi sur l’impact de plusieurs aides exceptionnelles versées lors de la crise sanitaire, puis pour répondre à la hausse des prix. 

« L’ensemble des mesures augmente de 1,1% le niveau de vie des personnes (…) par rapport à une situation sans leur mise en œuvre », conclut l’Insee. Soit un gain de 280 euros par an et par personne. Cependant, la hausse du revenu disponible profite particulièrement à la moitié de la population la plus aisée. Franceinfo vous détaille les principales conclusions de l’étude.

De fortes disparités selon les niveaux de vie

L’Insee a analysé les effets de deux types de dispositifs : les « mesures pérennes » et les aides exceptionnelles. La première catégorie regroupe notamment la baisse du barème de l’impôt sur le revenu intervenue en 2020, la suppression progressive de la taxe d’habitation, ou encore la revalorisation du minimum vieillesse (Aspa) et de l’allocation supplémentaire d’invalidité (Asi).

Les mesures ponctuelles rassemblent quant à elles les aides exceptionnelles de solidarité, distribuées en 2020 dans le cadre de la crise sanitaire, la revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire en 2020, ainsi que le bonus de 100 euros du chèque énergie et l’indemnité inflation de 100 euros versés en 2021.

Au total, l’ensemble de ces mesures a augmenté le niveau de vie d’en moyenne 280 euros par an en 2021. Dans le détail, 240 euros sont liés aux mesures instaurées en 2020 et 40 euros à celles de 2021. Pour un couple avec deux enfants, ce gain annuel était d’environ 600 euros par an, précise l’institut. Cette hausse du revenu disponible recouvre cependant d’importantes disparités, et bénéficie particulièrement aux ménages les plus aisés. Ainsi, le gain moyen atteint 420 euros pour la moitié la plus riche de la population, contre 130 euros pour les autres, avance l’Insee.

Des baisses d’impôts bénéficiant surtout à la moitié la plus aisée de la population

L’ensemble des mesures étudiées par l’Insee a contribué à augmenter de 12,7 milliards d’euros le revenu disponible total des ménages en 2021. Dans le détail, les « mesures pérennes » expliquent près de 90% de cette somme. Celles-ci ont généré en moyenne 400 euros pour la moitié la plus riche de la population, contre 90 euros pour les 50% les plus modestes. 

Ce constat s’explique car les « mesures pérennes » ont majoritairement porté sur les prélèvements. Or, les grandes réformes fiscales en 2020 et 2021 ont principalement bénéficié aux revenus intermédiaires et aisés la population. La réduction de l’impôt sur le revenu « favorise principalement les personnes se situant au-dessus du niveau de vie médian », analyse l’Insee. A l’inverse, cette refonte du barème a eu des effets limités sur la moitié la plus modeste de la population, « dont peu de foyers fiscaux sont imposables ». 

La suppression progressive de la taxe d’habitation, qui s’effectue par paliers depuis 2018, a elle profité « aux ménages de niveau de vie intermédiaire en 2020 ». En 2021, les 20% des ménages les plus riches ont à leur tour bénéficié des premières baisses de cette taxe

L’Insee a également mesuré l’effet de la fiscalité sur le tabac en 2020, à l’origine d’une hausse des prix entre 13% et 16% selon les produits. Cette mesure « pénalise l’ensemble des déciles de niveau de vie, mais pèse davantage sur les plus modestes ». Cette augmentation réduit en moyenne le revenu disponible de 50 euros par an. Si cette somme reste globalement identique quel que soit le niveau de vie, elle pèse proportionnellement plus fortement sur le niveau de vie des plus pauvres. 

Les aides exceptionnelles, dispositif le plus efficace pour les plus modestes

Les aides exceptionnelles constituent quant à elles le « principal facteur » de la hausse du niveau de vie des plus modestes, affirme l’étude. En 2020, les dispositifs mis en place pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire ont particulièrement ciblé ces ménages. Au cours de cette année, le versement des aides exceptionnelles de solidarité et de la majoration de 100 euros de l’allocation de rentrée scolaire a représenté un gain de niveau de vie de 150 euros par personne pour les 30% les plus pauvres. Ces mesures étant exceptionnelles, leur disparition en 2021 « représente donc une perte pour les ménages modestes d’une année sur l’autre », tempère l’Insee.

Les nouvelles aides exceptionnelles versées en 2021 ont quant à elles eu pour objectif de limiter les effets de la hausse des prix. Le chèque énergie versé en décembre 2021 à 4,3 millions de ménages a représenté une hausse moyenne de 40 euros du niveau de vie des 20% les plus modestes. L’indemnité inflation a elle été « davantage répartie sur l’ensemble de l’échelle de niveaux de vie », et a représenté un gain de 30 euros en moyenne par personne. Toutefois, le montant des aides ponctuelles distribuées en 2021 n’a pas suffi à « compenser la baisse mécanique de revenu disponible, induite par la non-reconduction des aides exceptionnelles de 2020″

Des mesures non prises en compte dans l’analyse

Cette analyse n’évalue pas l’ensemble des mesures mises en œuvre par le gouvernement en 2020 et 2021. Les effets de l’élargissement du dispositif d’activité partielle, du fonds de solidarité pour les travailleurs indépendants et la prolongation des droits à l’indemnisation chômage, mis en place pour contrer les effets de la crise sanitaire, n’ont pas été évalués. Les conséquences de la réforme de l’assurance-chômage, introduite en 2021, n’ont pas non plus été prises en compte.

Enfin, l’étude porte uniquement sur le niveau de vie des ménages, mesuré par l’évolution du revenu disponible. Elle ne tient pas compte des répercussions de la hausse des prix observée depuis 2021, et ne dit donc rien de l’évolution du pouvoir d’achat des Français. 


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