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VIDEO. Plus de 100€ pour un rendez-vous en préfecture : le trafic qui vise les étrangers

Maryam Taheri est une iranienne de 33 ans. Elle est arrivée en France il y a deux ans pour étudier. Elle détient un titre de séjour mais celui-ci a expiré en octobre dernier. Elle ne parvient toujours pas à obtenir un rendez-vous sur le site de la préfecture pour le renouveler.

« Je mets mon nom et mon numéro de titre de séjour, et voilà, le site dit « Nous ne sommes pas en mesure de traiter votre demande » « , confie Maryam.

Et c’est ainsi selon elle depuis bientôt trois mois. Aujourd’hui, Maryam Taheri est en situation irrégulière. Elle se sent démunie et a peur de perdre son travail.

Heureusement que je peux travailler parce que mon patron comprend ma situation. Ce n’est pas comme si j’étais sans papiers, mais je suis dans l’attente d’un renouvellement. Sinon ce serait un cauchemar.

Maryam Taheri

à l’Oeil du 20 heures

Combien d’étrangers se trouvent dans la même situation ? Aucun chiffre officiel n’est donné par le ministère de l’Intérieur.

Mais sur Internet, ils sont nombreux à exprimer leur désespoir. Un filon pour certains escrocs qui, en parallèle, proposent de vendre des créneaux illégalement. Des dizaines voire des centaines d’annonces sont postées.

Par messagerie privée, nous entrons en contact avec l’un d’entre-eux. Il dit détenir plusieurs créneaux à travers toute la France et affirme utiliser un logiciel qui l’avertit dès qu’un rendez-vous est disponible.

Je réserve beaucoup de rendez-vous, dans beaucoup de préfectures.Je peux faire ça à 500 ou 1000 € car en France tu ne peux rien faire sans ce rendez-vous. Je peux gagner 2000 à 3000 € par mois.

un trafiquant de rendez-vous

à l’Oeil du 20 heures

Une méthode bien rodée selon lui. En mai dernier un rapport du Sénat alertait déjà en évoquant un véritable “commerce parallèle” :

La rareté des créneaux offerts a suscité l’apparition d’un phénomène inédit et massif de revente sur internet des rendez-vous en préfectures, constitutif d’un véritable trafic.

Pour la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués) qui défend les droits des étrangers, l’État n’est pas victime mais responsable de ne pas avoir suffisamment sécurisé ses plateformes de rendez-vous en ligne.

« C’est une posture un peu facile pour les préfectures et plus globalement pour l’Etat de se présenter comme victime de ses revendeurs qui seraient à l’origine des encombrements des services car c’est le fonctionnement lui-même mis en place par les pouvoirs publics qui génère l’existence de ces services de revente » affirme Lise Faron, responsable des questions liées au droit au séjour à La Cimade.

Contacté, le ministère de l’intérieur dit déjouer au quotidien de nombreuses tentatives de fraudeurs :

Près de 170 millions de connexions illicites ou malveillantes ont pu être identifiées et déjouées depuis 2020 par des dispositifs techniques. Ils ne permettent pas en revanche de lutter contre une fraude manuelle (…) visant à préempter des rendez-vous puis à les monnayer.

Le ministère de l’Intérieur précise par ailleurs que chaque tentative de fraude constatée les préfectures fait l’objet d’un dépôt de plainte systématique.


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