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INTERVIEW. James Cameron : « A travers Avatar, j’ai voulu raconter ce que je ressentais à propos de notre planète »

Le réalisateur d’ »Avatar : la voie de l’eau », James Cameron, nous a raconté ce qui l’a poussé à tourner cette suite très attendue qui sort pour les fêtes.

Réalisateur d’Avatar (2009), premier film du box-office mondial (2 922 917 914 de dollars de recettes), James Cameron était à Paris pour la promotion de sa suite, treize ans plus tard, Avatar : la voie de l’eau. Il nous parle de son engagement dans cette série de films prévue jusqu’en 2028, et dont le deuxième opus sort mercredi 14 décembre.

Franceinfo Culture : Comment avez-vous décidé de consacrer autant de votre vie et de votre créativité au monde de Pandora, la planète d’Avatar ?

James Cameron : Oui, c’est intéressant et assez curieux. Je crois que ce que je voulais exprimer dans La Voie de l’eau concerne la famille, les rapports humains, l’environnement, l’expérience humaine sur la planète Terre en général. C’est une autre facette de cet univers que voulais filmer, donc cela prend du temps, d’autant que j’ai enchaîné avec les scripts des autres films à venir. J’ai voulu raconter ce que je ressentais à propos de la Terre. Et cela a pris consistance dans cette planète, Pandora. Et avec cette suite, j’ai pu dire tout ce que je voulais sur ces sujets. J’ai d’autres idées pour les prochaines suites, mais ce sont ces thèmes que je voulais aborder dans ce film en particulier.


Il y a-t-il un message politique dans Avatar ?

Je hais la politique, parce que je crois qu’elle est absolument inefficace. Je ne veux transmettre aucune valeur politique, je veux communiquer sur le plan émotionnel ou spirituel si vous voulez. Maintenant, peut-être que si je faisais appel au monde réel pour aborder les thèmes dont je vous parlais, mon film serait politique. Mais là, je dis stop ! Je crois que le monde ne sera jamais sauvé par les hommes politiques. Mais il peut l’être par les gens eux-mêmes, ils doivent décider de leur manière de vivre et de ce qui est important à leurs yeux, comme la défense de certaines valeurs. Si la nature est une de ces valeurs, ils feront le bon choix. Ils feront les transformations nécessaires pour changer leur mode de vie. On commence à être connecté à la nature dès l’enfance, en jouant dans le jardin ou dans la forêt, en se promenant, en voyageant. On retrouve alors ce sentiment de l’enfance. Je veux que ce sentiment survive. Si cela se vérifiait, nous serions sur la bonne voie, mais cela ne relèvera jamais d’un processus politique.

Mais il y a un message écologique fort dans Avatar.

Oh oui, bien sûr, avec les Na’vis (les habitants de Pandora). Le premier film avait indubitablement cet angle et j’ai continué dans ce sens avec La Voie de l’eau, car c’est très important à mes yeux. Mais ce n’est pas un message politique. Pour moi, il faut avoir une vision plus large, il faut que cela vienne de l’intérieur, de chacun de nous, pour que cela ait un impact, vraiment au premier degré. Je crois que l’art dépasse l’intellect, la politique, ou la philosophie, car il touche l’âme en premier. Je crois que c’est l’effet recherché dans tout tableau, livre, musique, ou film…

L’histoire d’Avatar fait penser au film Un homme nommé cheval (Elliot Silverstein, 1970), où un Anglais intègre une tribu indienne et la mène au combat, y avez-vous pensé ?

Oui, oui, c’était un bon film. Il y a dans les deux ce fond de guerre, ce personnage venant d’une autre culture pour en rencontrer une nouvelle et qui doit faire ses preuves pour s’intégrer au clan. Oui, tout à fait, il y a une continuité.

"Avatar : la voie de l'eau" de James Cameron (2022). (WALT DISNEY COMPANY)

"Avatar : la voie de l'eau" de James Cameron (2022). (WALT DISNEY COMPANY)


Visuellement, le monde d’Avatar doit beaucoup au travail de l’illustrateur Roger Dean (créateur des pochettes de disques du groupe Yes), était-ce votre idée ?

[Rires] Je connais mes références. J’écoutais beaucoup Yes adolescent et je connaissais bien les pochettes de Roger Dean. Mais je crois que cela relève du formidable travail de mes concepteurs visuels, qui sont parmi les meilleurs. J’ai créé une équipe, dans laquelle j’étais juste un agent. Mais Roger Dean est un grand artiste. Il y a une telle richesse dans les Beaux-Arts aujourd’hui, que vous pouvez passer des heures à découvrir des mondes imaginaires étonnants. Mais si vous revenez dans les années 1960-70, ce n’était pas si commun. Roger Dean était l’un d’eux et un des plus grands.

Combien de films comptez-vous réaliser autour d’Avatar ?
Celui-ci est désormais terminé, et il y en aura trois autres, s’ils entrent en production. J’ai déjà tourné une vingtaine de minutes du prochain. Mais ils sont déjà tous écrits, avec leurs conceptions visuelles, les personnages, les créatures, les décors… Tout est prêt, et il faut attendre de voir si La Voie de l’eau aura du succès pour pouvoir continuer.


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