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Nobel de littérature : Annie Ernaux tacle Michel Houellebecq pour ses idées « réactionnaires et antiféministes »

Annie Ernaux, prix Nobel de la littérature, se réjouit que son confrère français Michel Houellebecq ne l’ait pas eu à sa place, étant donné ses idées « totalement réactionnaires et antiféministes« , dans un entretien au Parisien daté vendredi 9 décembre. « Quitte à avoir une audience avec ce prix, étant donné ses idées délétères, franchement, mieux vaut que ce soit moi!« , ajoute-elle, à la veille d’aller recevoir sa prestigieuse récompense en Suède.

« J’avais beaucoup aimé son premier livre, Extension du domaine de la lutte (…) C’était vraiment neuf, cette idée que la lutte allait se jouer sur l’apparence physique. Mais ensuite… J’ai arrêté de le lire à cause de son image des femmes, des mères, des femmes mûres, sa manière de décrire les peaux, les seins qui tombent« , a-t-elle poursuivi. « J’ai lu son Goncourt, La Carte et le territoire, mais l’écriture… Il n’y en a pas. Alors il est très traduit, parce que c’est extrêmement facile à traduire« , a-t-elle ajouté.

Couronnée pour « le courage et l’acuité clinique » de son œuvre en grande partie autobiographique, Annie Ernaux, âgée de 82 ans, est la première femme française à recevoir le Nobel de littérature. « Le Nobel, c’est un grand investissement, une sortie de votre vie habituelle », souligne-t-elle dans le quotidien. « Je m’en doutais, c’était pour ça que je ne voulais pas l’avoir !« , dit-elle en riant, note le journaliste qui l’a interviewée. « Mais ce qui me touche, c’est que mon prix a été accueilli avec ferveur par beaucoup de gens, des femmes notamment.« 

Cette récompense n’a pas fait l’unanimité en France, surtout auprès de critiques et écrivains hommes. « Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature: et si c’était nul« , a titré le critique Nicolas Ungemuth dans le Figaro. Après l’annonce du prix, le Figaro a republié une chronique de 2016 de Frédéric Beigbeder qui ironisait sur les thèmes de ses œuvres : « en un demi-siècle, Annie Ernaux a successivement écrit sur son père, sa mère, son amant, son avortement, la maladie de sa mère, son deuil, son hypermarché (…) sur son dépucelage raté durant l’été 1958, en colonie de vacances (…) L’événement est raconté à cinquante ans de distance avec un sérieux inouï« .


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