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Guerre en Ukraine : ce qu’il faut attendre de la conférence pour l’aide et la reconstruction organisée à Paris ce mardi

L’Elysée entend mieux coordonner l’aide d’urgence à Kiev et déjà s’investir dans l’énorme chantier de la reconstruction du pays.

Une journée de rencontres pour aider l’Ukraine « aujourd’hui et dans le futur ». C’est ainsi que l’Elysée décrit le cycle de conférences organisé mardi 13 décembre à Paris, en présence notamment d’Emmanuel Macron et du Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal. Comme à son habitude depuis le début de l’invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’exprimera lui en visioconférence depuis son pays en guerre.

Cette journée vise à mieux organiser l’aide humanitaire tout en préparant le terrain pour les entreprises françaises désireuses de participer à la reconstruction du pays, ravagé par les combats contre l’armée russe. Voici ce que l’on sait sur l’événement et les annonces attendues.

Des réunions au Quai d’Orsay et à Bercy

La journée de mardi doit débuter avec une rencontre baptisée « Solidaires du peuple ukrainien », avant de laisser place à une conférence « Pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine », a fait savoir l’Elysée vendredi 9 décembre. L’occasion « d’exposer les besoins de l’Ukraine » aux bailleurs de fonds humanitaires, avant de parler coopération avec les entreprises françaises. Cet évènement est organisé à l’initiative d’Emmanuel Macron, qui entend répondre aux « demandes » de l’Ukraine formulées « à l’été 2022 », assurent ses conseillers. Le chef de l’Etat avait annoncé la tenue de cet évènement le 1er novembre, après s’être entretenu avec son homologue ukrainien.

Deux lieux ont été choisis pour accueillir ces rencontres : le ministère des Affaires étrangères le matin, puis le ministère de l’Economie l’après-midi. Du côté des participants, l’Elysée a confirmé la présence d’Emmanuel Macron, « qui ouvrira chacune des deux conférences ». Comme l’explique Bercy, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire prendra également la parole, après avoir reçu Denys Chmyhal, le chef du gouvernement ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’exprimera lui en visioconférence. Son épouse Olena Zelenska, devenue diplomate de choc et en visite à Paris mardi, devrait également participer aux évènements, « si son emploi du temps le lui permet », espère l’Elysée.

Un portail en ligne pour coordonner l’aide

C’est l’une des grandes annonces attendues lors de ce sommet. La France va proposer la mise en place d’un système baptisé « mécanisme de Paris », afin de mieux coordonner l’aide humanitaire apportée à l’Ukraine par les Occidentaux notamment. Concrètement, il s’agira d’un portail en ligne permettant aux bailleurs de connaître « en temps réel les besoins des Ukrainiens », explique l’Elysée. Pour éviter les doublons et soutenir « plus efficacement » la population, « chaque bailleur pourra indiquer à quel montant il contribue à ces besoins ».

Quatre thématiques prioritaires sont au programme : l’eau, l’alimentation, l’énergie et la santé. La première conférence vise ainsi à mobiliser la communauté internationale pour soutenir la population ukrainienne « en urgence », et ainsi apporter « une aide financière ou en nature qui devra arriver en Ukraine avant l’hiver », insiste la présidence. Des représentants de 47 Etats et d’une vingtaine d’institutions internationales doivent participer à cette première rencontre.

Quelque 500 sociétés françaises attendues

Les discussions prendront une tournure bilatérale mardi après-midi à Bercy, en présence d’environ 500 entreprises françaises « qui ont manifesté un intérêt » pour la reconstruction de l’Ukraine. Cinq tables rondes thématiques sont prévues par le gouvernement pour aborder la coopération en matière d’infrastructures, d’agroalimentaire, d’énergie, de développement numérique et de santé. A cette occasion, l’exécutif s’attend à « la signature de contrats » que Bercy entend sécuriser avec des garanties à l’export chiffrées à 1,2 milliard d’euros. « L’objectif de cette conférence est de relier les besoins des Ukrainiens au savoir-faire des entreprises françaises », résume-t-on au ministère de l’Economie.

Même si aucun signe ne laisse pour l’instant présager un cessez-le-feu en Ukraine, la France compte bien mettre un pied dans le chantier de reconstruction du pays, à court puis à long terme. « On parle de dizaines de millions d’habitants qui continuent à vivre, fait remarquer l’Elysée. Certaines zones ont déjà été évacuées par l’armée russe et ont besoin de retrouver un quotidien normal. » Immobilier, routes, agriculture, télécommunications, stockage de données… Aucun domaine ne sera oublié, promettent les organisateurs de cette conférence.

Dans l’hypothèse du retour de la paix, la France espère ainsi que ses entreprises s’implanteront durablement en Ukraine. « Il ne s’agit pas de reconstruire le pays comme il était avant, assure-t-on à l’Elysée, mais de reconstruire en mieux. » Un chantier estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars, qui attire déjà bon nombre d’entreprises étrangères, américaines notamment. Et que les Européens espèrent mener en grande partie. Mais « l’idée n’est pas de faire une nouvelle conférence de Yalta pour se partager le marché ukrainien avec les Etats-Unis », se défend l’Elysée. Officiellement, cet évènement doit également conforter le soutien à l’Ukraine dans l’idée qu’un jour, si sa candidature est acceptée, le pays puisse faire partie de l’Union européenne.


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