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Lille : avec le « péage positif », les automobilistes qui ne rouleront plus aux heures de pointe seront payés

C’est une première en France, la métropole européenne de Lille a voté, vendredi 16 décembre, la mise en place d’un « écobonus » pour soulager les embouteillages sur l’A1 et l’A23. Les automobilistes pourront toucher jusqu’à 80 euros par mois. Une mesure contestée par les écologistes.

Être payé pour laisser sa voiture au garage aux heures de pointes. Voilà le sens de la mesure dite du « péage positif » ou du « péage inversé » votée par la métropole européenne de Lille (MEL), vendredi 16 décembre. 

A partir du printemps 2023, la MEL va mettre en place un bonus versé aux automobilistes qui renoncent à rouler seuls en voiture en période de forte affluence – matin et soir donc – sur les axes les plus embouteillés aux abords de Lille, à savoir l’A1 et l’A23.

Cet « écobonus », présenté comme un « atout anti-embouteillages », est inspiré d’une mesure observée par des élus lillois en 2015 à Rotterdam. Mais c’est une première en France.

Seront éligibles au bonus ceux qui changent de moyen de transport, mais aussi ceux qui se mettent au covoiturage, et ceux qui décalent leurs déplacements à des horaires moins intenses. « On cible les auto-solistes », a souligné le président de la MEL Damien Castelain.

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Les automobilistes concernés toucheront deux euros par trajet évité, déclaré sur une application. Et pourraient ainsi empocher jusqu’à 80 euros par mois. Un plafond maximal a précisé la MEL. 

Le principe, simple sur le papier, relève d’une véritable ingénierie. En effet, cette mesure s’appuie sur un système de lecture automatisée des plaques d’immatriculation. Pour savoir quelle voiture roulait aux heures de pointe et n’y roule plus.

Les automobilistes sont donc appelés à se porter volontaires à partir du printemps 2023. Puis 5.000 d’entre eux seront inscrits à l’été 2023, pour un premier programme de neuf mois.

La MEL espère par exemple une diminution du trafic de 750 véhicules sur les 12.000 présents sur l’A1 le matin aux heures de pointe, a-t-elle précisé dans un communiqué.

Le dispositif, d’une durée globale de trois ans, devrait coûter environ neuf millions d’euros.

Séduisant de prime abord, cette mesure n’est pas sans soulever des contestations. Les conseillers écologistes, qui ont voté contre, parlent « d’une usine à gaz ». « C’est beaucoup d’argent public, pour un résultat très incertain », déplore Pauline Ségard, élue EELV de Villeneuve d’Ascq.

D’un point de vue environnemental, cette dernière dénonce également une mesure qui n’aura « aucun effet sur les émissions de gaz à effet de serre ou de la pollution ». Et de préciser sa pensée : « les personnes qui vont bénéficier de cet « écobonus » peuvent très bien, tout simplement, reporter leur déplacement en voiture à un autre moment qu’aux heures de pointe. »

Rudy Elegeest, conseiller métropolitain EELV de Mons-en-Baroeul, est tout aussi dubitatif sur la question : « pour nous c’est une idée très curieuse, dans la mesure où on considère que ces milliers d’automobilistes pourraient faire autrement. Nous on pense que s’ils ne le font pas c’est qu’ils ne peuvent pas le faire. » Et d’ajouter : « je pense qu’il faut concentrer nos moyens sur l’offre de transports collectifs. »

Sur Twitter, le collectif « Usager.e.s transports MEL », dénonce une « incohérence » dans cette mesure. En effet, alors que les automobilistes sont incités à se tourner vers les transports en commun, l’association déplore que le ticket unitaire de ceux-ci a augmenté cet été.

Ce conseil métropolitain a accouché d’autres délibérations ce vendredi 16 décembre. Parmi elles, l’instauration des tracés et orientations des deux futures lignes de tramway. Voir le plan ci-dessous.

La MEL annonce également le lancement d’un « plan piscine », visant à « développer la pratique de la nage et mieux équiper le territoire ». Pour ce faire, la métropole va poursuivre ses investissements dans les infrastructures existantes. Une enveloppe de 600.000 millions d’euros abondera également le budget alloué aux communes dans le cadre de l’apprentissage de la natation à l’école.

Aussi, la MEL lance un appel aux communes qui souhaitent construire de nouvelles piscines « pouvant accueillir les jeunes qui apprennent à nager et les clubs métropolitains de haut niveau ». Les communes devront financer 30 % des travaux et contribuer à 50 % du déficit d’exploitation.

Avec AFP


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