A la Une

VRAI OU FAKE. Sapins toxiques, père Noël inventé par Coca, baisse des prix après le 25 décembre… On a vérifié 7 idées reçues sur les fêtes

Pour ne pas vous faire avoir par de fausses informations entre l’apéritif et la bûche, franceinfo a regardé de près quelques mythes.

« Joyeuses fake (news) » de Noël ? Certaines affirmations autour des fêtes de fin d’année sont en réalité des légendes urbaines. Ces mythes pourraient très bien s’inviter lors de discussions autour du sapin ou de la dinde. Franceinfo a mené l’enquête sur sept idées reçues.

1Le sapin artificiel est plus écologique

A court terme, non. Le bilan carbone d’un sapin artificiel est deux à trois fois plus élevé que celui d’un vrai arbre de Noël. Selon une étude (en anglais) menée en 2009 par le cabinet québécois Ellipsos, le sapin coupé dans une forêt émet 3,1 kg de CO2, contre 8,1 kg pour sa réplique en plastique. Cette différence s’explique principalement par le transport. La quasi-intégralité des sapins artificiels est fabriquée en Asie, tandis que la plupart de nos sapins naturels ont poussé en France. De plus, contrairement aux versions synthétiques, les véritables sapins peuvent être très facilement recyclés, ce qui limite encore davantage leur impact environnemental. Surtout si vous avez opté pour un sapin naturel, cultivé près de chez vous, acheté avec son sac de recyclage.

Mais si vous êtes déjà possesseur d’un sapin synthétique, ne le jetez pas tout de suite à la poubelle ! Quand vous conservez votre sapin en plastique pendant au moins 20 ans, la tendance s’inverse, selon Ellipsos. Utiliser un arbre artificiel devient alors une meilleure option pour limiter ses émissions de CO2.

2Le sapin de Noël est mauvais pour la santé

Connaissez-vous le « Christmas Tree Syndrome », ou syndrome du sapin de Noël ? Le roi des forêts vient parfois avec son lot de petits désagréments : nez qui coule, éruption cutanée, asthme. Les sapins naturels sont souvent coupés, transportés et stockés durant plusieurs semaines avant de rejoindre nos salons. Durant ce laps de temps, il est possible qu’ils développent quelques moisissures. Une fois à l’intérieur, celles-ci peuvent causer une réaction allergique aux personnes sensibles.

Plus rarement, les sapins peuvent avoir été en contact avec du pollen, ce qui peut aussi déclencher des réactions. Pour les personnes sujettes aux allergies respiratoires, il est conseillé de nettoyer son sapin avant de l’installer, et de le jeter rapidement après Noël pour éviter la prolifération des spores.

Quant au sapin artificiel en plastique, souvent en PVC (polychlorure de vinyle), plusieurs études mettent en garde contre un potentiel risque d’exposition au plomb. « Si la plupart des sapins de Noël artificiels ne présentent pas un risque d’exposition significatif, dans les pires scénarios, un risque substantiel pour la santé des jeunes enfants est tout à fait possible », conclut une étude américaine publiée dans la revue scientifique Journal of Environmental Health (contenu en anglais), en 2005 . Cette pollution n’est cependant pas plus importante que pour n’importe quel autre objet en plastique présent dans un logement.

3Le 25 décembre est le jour de l’année qui affiche le pire bilan carbone

Il s’avère difficile d’isoler la pollution engendrée lors d’une unique journée. Une étude de 2007 (en anglais) menée par le Stockholm Environment Institut (SEI) estime que les 24, 25 et 26 décembre représentent 5,5% de l’empreinte carbone annuelle au Royaume-Uni. Selon les chercheurs, la consommation totale pendant ces trois jours entraînerait jusqu’à 650 kg de CO2 par personne : 26 kg pour la nourriture, 96 kg pour les transports, 218 kg dans les éclairages et 310 kg en cadeaux. Ce bilan carbone est attribuable à une surconsommation généralisée, mais également à un fort gâchis. Les nombreux cadeaux non désirés reçus le jour de Noël représentent à eux seuls 4,8 millions de tonnes de CO2 au Royaume-Uni.

A lire : Noël : comment limiter votre impact écologique pendant les fêtes  ?

L’étude propose des pistes pour réduire son empreinte carbone lors des fêtes.  Par exemple, il faudrait opter pour des guirlandes à LED, plus économes en énergie, prendre le train plutôt que la voiture, faire attention au gâchis alimentaire, et surtout, acheter moins de cadeaux.

4Les prix baissent juste après Noël

C’est la hantise de certains : faire de mauvaises affaires à cause des fêtes. Pour se plier au rituel des cadeaux, achète-t-on au prix fort des produits qui seront moins chers dès le lendemain de Noël  

C’était le cas en 2019, selon une étude du site de comparateur de prix Idealo. Le phénomène est désormais moins marqué, du fait de l’inflation, mais aussi « des problèmes d’approvisionnement et de la pénurie de semi-conducteurs résultant de la pandémie du coronavirus. Cela se remarque surtout pour les produits d’informatique (tablettes tactiles, moniteurs) et l’électroménager (réfrigérateurs, lave-vaisselle) concernés par ces pénuries » , explique à franceinfo Anna Perret-Silberberg, responsable communication chez Idealo.

Pour Noël 2021, les prix sont en effet restés « assez stables » entre la mi-décembre et le début des soldes, même si une tendance à la baisse a été observée « début janvier » analyse Anna Perret-Silberberg. Franceinfo a pu constater cette relative stabilité des prix dans une autre étude sur la question menée par le site Le Dénicheur. Le comparateur de prix a analysé plusieurs milliers de produits proposés à la vente en ligne, dans les secteurs de l’électroménager, la mode (chaussures) et la technologie (informatique, téléphonie, image et son… ). Le périmètre de l’étude porte sur un panel figé de produits entre novembre 2021 et janvier 2022, excluant donc les nouveautés qui sont mises à la vente dans l’intervalle.

Dans les jours précédant et suivant Noël, « on a observé d’abord une première chute des prix à la fin novembre qui correspond au Black Friday », analyse Romain Gavache, directeur du Dénicheur. « L’index global des prix est remonté ensuite rapidement courant décembre, tout en restant à un niveau inférieur aux prix d’avant le Black Friday ». Après Noël, les prix ont fluctué, à la baisse comme à la hausse, mais « sont restés dans la même zone » que la période précédente, et ce, jusqu’aux soldes d’hiver, vers le 12 janvier.

Peut-on malgré tout s’attendre à de meilleurs rabais dans les prochains jours  ? Cela ne sera probablement pas le cas. Le ralentissement de la production dû à  » la politique zéro Covid en Chine » et  « l’inflation » devraient « encore plus restreindre la chute des prix« , estime Anna Perret-Silberberg.

5Le père Noël a été inventé par Coca Cola 

Avec son costume rouge et blanc, soit les mêmes couleurs que celles de la marque, et les campagnes publicitaires qui le mettent en avant depuis les années 1930, le père Noël semble être une création tout droit sortie du département marketing de Coca Cola. Mais cette idée est erronée, explique Nadine Cretin, historienne des fêtes et des traditions. La marque a eu seulement « le mérite de fixer son image dans l’imaginaire mondial », précise la spécialiste à franceinfo.

Les origines du père Noël, bien plus anciennes, sont liées à saint Nicolas . L’évêque a vécu à Myre en Asie Mineure entre le IIIe et IVe siècle. Au Moyen-Age, ses reliques sont rapportées en Italie puis en Lorraine. Le culte autour de saint Nicolas recouvre alors certains éléments de la mythologie germanique comme « la capacité de voler dans les airs sur un cheval » , inspirée des pouvoirs du dieu Odin, détaille Nadine Cretin . Saint Nicolas incarne alors un personnage synonyme de « pourvoyeur de générosité, qui distribue des gâteaux, le jour de sa fête » .

Mais c’est outre-Atlantique que saint Nicolas se transforme en père Noël, souligne Nadine Cretin. Son culte débarque en Amérique du Nord au XVIIe siècle grâce aux premiers colons européens. Puis l’homme perd ses « attributs d’évêque » , lorsqu’en 1822, un pasteur américain écrit pour ses enfants un poème évoquant « Saint Nick » . Clement Clarke Moore imagine des « lutins ou l’arrivée en traîneau avec les rennes » , décrit l’historienne. Dans les années 1860, Thomas Nast, un illustrateur américain né en Allemagne, donne au père Noël l’allure d’un vieillard bedonnant. Il établit sa résidence au pôle Nord. Enfin, en 1931, pour Coca Cola, l’illustrateur américain Haddon Sundblom fige l’image traditionnelle de « Santa Claus » en l’affublant de son emblématique costume. 

6Jésus est né le 25 décembre

Pour les catholiques, le 25 décembre constitue une des dates les plus importantes du calendrier liturgique, celle de la naissance du Christ. Historiquement pourtant, rien n’indique que Jésus soit né ce jour-là. « Il s’agit d’une date fixée de manière arbitraire et mentionnée pour la première fois par l’Eglise latine en 354 », précise Nadine Cretin.

Selon le site de l’émission « Le Jour du Seigneur », dans l’histoire de la chrétienté, la naissance de Jésus a été associée à d’autres dates, comme le 25 mars, jour de l’équinoxe du printemps, qui symbolisait durant l’Antiquité la « renaissance de la terre », ou le 6 janvier qui correspond à l’Epiphanie . Par ailleurs, chez les chrétiens orthodoxes , Noël est fêté le 7 janvier, ce qui correspond au 25 décembre dans le calendrier julien.

Pour les catholiques, le choix du 25 décembre, selon Nadine Cretin, a semble-t-il été décidé pour substituer la date de la commémoration de la naissance du Christ à celles d’autres fêtes païennes associées au solstice d’hiver, comme « la fête du Sol invictus (Soleil invaincu), liée au dieu Mithra, une divinité d’Orient ou les Saturnales », explique l’historienne. A l’occasion de ces festivités organisées en l’honneur du dieu Saturne, les Romains se réunissaient pour un repas et, comme de nos jours à Noël, il était d’usage d’échanger des cadeaux entre convives.

7Les fêtes de Noël sont marquées par un nombre plus important de suicides

Le temps des fêtes peut engendrer un sentiment de solitude exacerbé chez certains. Pour autant, il n’y a pas davantage de suicides lors du réveillon et du 25 décembre. La période la plus à risque se situe en réalité après Noël, selon une étude conduite par l’OMS entre 1989 et 1996. En analysant une base de données de 24 388 tentatives de suicide, les auteurs de l’étude publiée en 1999 concluent qu’il y a « moins de tentatives de suicide que prévu avant Noël » et observent « environ 40% de tentatives de plus que prévu après Noël ». Ce phénomène serait lié à une désillusion au sortir des fêtes de fin d’année, un « effet de promesse non tenue ».

Bien que démontré comme faux par de nombreuses études, cette idée reçue continue d’être véhiculée dans les médias. Une analyse conduite dernièrement à l’Université de Pennsylvanie (contenu en anglais) le démontre. Les données des autorités sanitaires américaines en 2021 soulignent pourtant que le nombre de suicides a atteint un pic en août avant d’atteindre son niveau le plus bas… en décembre.


Si vous avez besoin d’aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d’un membre de votre entourage, il existe des services d’écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D’autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.


Continuer à lire sur le site France Info