A la Une

« Dry January » : quels sont les effets sur la santé de ce mois sans alcool ?

Comme chaque année, ce défi lancé par un collectif d’associations comme la Ligue contre le cancer et d’institutions comme l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris propose aux Français de ne pas boire d’alcool pendant un mois.

Un mois (celui de janvier) sans boire d’alcool. C’est le défi lancé chaque année depuis 2020 par un collectif d’associations et d’institutions lors du « Dry January », pour éliminer les excès des fêtes de fin d’année. L’expérience est apparue au Royaume-Uni dès 2013. Ses promoteurs assurent qu’il s’agit du « moyen idéal pour faire une pause dans notre consommation et revoir notre relation à l’alcool ». Mais quels sont les bénéfices d’une telle sobriété ? Est-ce vraiment utile ? Franceinfo fait le point.

A court terme : un capital santé amélioré

« Les bénéfices de l’abstinence à court et long terme sont nombreux », assure Mickaël Naassila, président de la Société française d’alcoologie, l’une des organisations appartenant au collectif Dry January, dans Le Monde. Ce professeur de physiologie, directeur du groupe de recherche sur l’alcool à l’Inserm, cite pêle-mêle « des améliorations sur la pression artérielle », « moins de cholestérol », et un gain en qualité de sommeil.

Une étude conduite au Royaume-Uni en 2018 a également montré une perte de poids de 2 kg, une réduction de risques associés au diabète de 30% et une diminution de facteurs liés au cancer dans le sang, explique son auteur principal, le docteur Gautam Mehta, à la BBC (en anglais). Au final, pour Mickaël Naassila, ce défi, « qui offre une pause d’alcool, permet de gagner du capital santé ».

A moyen terme : une consommation abaissée

Le premier bénéfice de ce mois sans boire est d’offrir une occasion de réfléchir à sa consommation d’alcool. Contrairement à ce que continuent de prétendre les producteurs de vin et le lobby alcoolier (qui avait empêché tout soutien public au « Dry January » en 2020), l’alcool est dangereux pour la santé dès la première goutte et constitue la deuxième cause de mortalité prématurée en France (maladies cardiovasculaires, cirrhose, accident, suicide, etc.). L’Inserm l’a confirmé très clairement en octobre 2021 : « Une faible consommation d’alcool n’est pas bénéfique pour la santé. » « Il n’existe pas de seuil en dessous duquel la consommation d’alcool est sans risque », martèle l’Institut national de la santé et de la recherche, en soulignant que « le risque de développer certains cancers devient significatif dès le premier verre ».

Dans ce contexte, le « Dry January » « peut être bénéfique à tout le monde, c’est une autoévaluation de sa capacité à ne pas pouvoir boire d’alcool », explique Nicolas Franchitto, responsable du service addictologie du CHU de Toulouse, dans La Dépêche. A moyen terme, ce défi semble d’ailleurs se traduire par une baisse de la consommation. « Six ou huit mois après le ‘Dry January’, la proportion des personnes qui boivent à des niveaux dangereux a diminué de 50%. Participer leur a peut-être permis de repartir à zéro dans leur relation à l’alcool », détaille le docteur Gautam Mehta auprès de la BBC.

A long terme : des recherches à affiner

Les effets à long terme sur la santé sont plus complexes à mesurer. « Pour avoir un vrai bénéfice sur la santé, les gens devraient boire de façon modérée tout au long de l’année. Le ‘Dry January’ n’a probablement pas d’effet à long terme à lui seul », estime le professeur de psychologie biologique Marcus Munafo, interrogé par la BBC. Le chercheur s’inquiète en effet d’une éventuelle consommation accrue les mois suivants le « Dry January ». Un autre scientifique interrogé par la BBC, Matt Field, de l’université de Sheffield, estime lui que si les recherches existantes sur les effets du mois sans boire sont « prometteuses », d’autres sont nécessaires pour déterminer s’il s’agit du moyen le plus efficace de réduire la consommation d’alcool.


Continuer à lire sur le site France Info