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Plus d’un mois après la disparition de Leslie et Kevin, leurs proches ne croient pas à une « improbable » fugue

Kevin Trompat et Leslie Hoorelbeke n’ont plus donné de nouvelles depuis le 26 novembre. Une battue est organisée jeudi à Prahecq, dans les Deux-Sèvres, où ils ont disparu.

Que sont devenus Leslie Hoorelbeke et Kevin Trompat ? Ce couple, formé depuis trois semaines au moment de la disparition, est introuvable depuis plus d’un mois. La jeune femme de 22 ans et son petit-ami de 21 ans ont été vus pour la dernière fois dans la nuit du 25 au 26 novembre 2022, après avoir passé la soirée chez un ami à Prahecq, un bourg près de Niort (Deux-Sèvres). Pour tenter de retrouver leurs traces, une battue est organisée jeudi 5 janvier à partir de 9 heures.

C’est la belle-mère et le père de Kevin Trompat qui sont à l’initiative de ce rassemblement, lancé sur Facebook. Les participants ont prévu de partir de la place de l’église de Prahecq à 9 heures, puis de fouiller les bois aux alentours. « L’objectif est d’exploiter les sentiers, les coins perdus. On a besoin de se sentir utile : c’est une action pour éviter de rester sans rien faire, sans gêner l’enquête », explique à franceinfo Karine Prat, la belle-mère de Kevin Trompat. La gendarmerie et la préfecture sont prévenues, mais les enquêteurs n’y participeront pas, car il s’agit d’une initiative personnelle. Eux poursuivent leurs investigations dans le cadre de l’information judiciaire ouverte pour disparition inquiétante le 12 décembre. Cinq jours plus tôt, la gendarmerie des Deux-Sèvres avait lancé un appel à témoins, encore valable à ce jour.

L’enquête a été confiée à la section de recherches de Poitiers en co-saisine avec la brigade des recherches de Niort, selon France 3 Nouvelle-Aquitaine. Des plongeurs de la gendarmerie ont procédé à des recherches dans la Sèvre niortaise, au cœur du Marais poitevin. Mi-décembre, les enquêteurs ont entendu des dizaines de personnes, la famille et les proches. Ils ont également fait appel à une équipe cynophile pour tenter de retrouver la piste du jeune couple. Sans succès.

L’issue de la soirée de Leslie Hoorelbeke et Kevin Trompat reste un mystère. « Ils seraient arrivés vers 17h30 chez Tom, où ils voulaient dormir, pour y laisser le chien », raconte Emilie Cardré, la belle-mère de la jeune femme, contactée par franceinfo. Car cette peintre en bâtiment à son compte depuis début 2022, « très travailleuse », fan de techno parties, de piercings et de chiens, s’était déplacée avec Onyx, son croisé staff, introuvable lui aussi. Un attrait pour les chiens que partage Kevin, également « amoureux de la nature, de la chasse et de la pêche » selon sa belle-mère.

Le couple avait les clés de la maison de leur ami, qui affirme s’être absenté ce soir-là. « Leslie et Kevin venaient quand elle avait des chantiers dans le coin, explique Marie-Hélène, la mère de Tom, qui crie à l’innocence de son fils dans Ouest-France. Tom a rencontré Leslie en rave party. Il la considère comme sa petite sœur de cœur. » Sa maison a été perquisitionnée début décembre et placée sous scellés le 15, selon les informations du quotidien régional.

A 10 mètres de là, se tient le logement d’un autre ami du jeune couple. Leslie et Kevin y sont arrivés vers 18h30 le vendredi 25 novembre. « La soirée s’est passée normalement. Nous avons bien rigolé. Nous avons joué aux jeux vidéo », résume le quadragénaire, qui souhaite rester anonyme, toujours dans Ouest-France. D’après lui, Leslie s’est absentée un moment. Ce que confirme sa belle-mère :

« De 21h30 à minuit environ, elle est allée récupérer des affaires chez un autre ami, Jérémy. »

Emilie Cardré, belle-mère de Leslie Hoorelbeke

à franceinfo

« Elle avait dormi à droite et à gauche, elle voulait rassembler ses affaires. Elle vit chez nous, en Charente-Maritime, mais elle a des chantiers dans les Deux-Sèvres, où elle a beaucoup d’amis, donc elle en profite pour dormir chez eux », explique Emilie Cardré.

« Leslie est arrivée vers 21h30, seule, sans son chien. Elle s’est garée devant la maison. Nous avons eu une discussion normale : le travail, ses chantiers, son camion qu’elle retape, les teufs [les fêtes] qu’elle faisait… » raconte Jérémy, conducteur d’engin et père de famille, qui habite à moins de dix minutes de Prahecq, dans Le Parisien. « Bizarrement, elle ne m’a jamais parlé de Kevin, à aucun moment ce soir-là, souligne-t-il. Elle ne voulait pas picoler, elle m’a parlé d’un chantier le lendemain. Nous avons bu une bière dans la cuisine, elle a fumé une cigarette à la fenêtre. Puis elle est partie vers 23h30″, affirme cet homme de 35 ans, qui a été entendu par les enquêteurs début décembre, d’après Le Parisien. Il a également appelé la belle-mère de Leslie pour lui livrer le même récit. 

La soirée de Leslie se termine là où elle a commencé : à Prahecq, chez l’ami de Kevin, vers 3 heures du matin. « Elle a répondu à des messages jusqu’à cette heure-là. Ses messages sont lus jusqu’à 4 heures du matin. Depuis, aucun n’a été ouvert. Il n’y a plus rien, plus aucune transmission », se désole Emilie Cardré, très émue. Les deux véhicules des disparus ont été retrouvés à deux endroits différents : l’utilitaire de la jeune femme sur les lieux à Prahecq et le camion aménagé de son petit-ami à Coulon (Deux-Sèvres). Un dernier élément renforce le mystère autour de cette affaire : le 8 décembre, des papiers d’identité et des photos de Kevin, titulaire d’un CAP cuisine, en recherche d’emploi dans le secteur de la pêche, ainsi que des affaires du couple, ont été retrouvés dans un container de recyclage de vêtements à Puyravault (Vendée).

« On m’a dit qu’ils étaient partis se vider la tête tous les deux en vacances et qu’ils avaient éteint leur téléphone pour être tranquilles,témoigne Théo Boinot, un ami proche du jeune homme, auprès de France 3 Nouvelle-AquitaineAu début, on y a cru un peu, mais on n’avait pas de nouvelles non plus de leurs vacances, donc on s’est posé des questions. » Ni les parents de Leslie, ni ceux de Kevin Trompat ne croient à « un départ volontaire » ou à une fugue. Le père du jeune homme – incarcéré jusqu’en février après une altercation – et sa belle-mère, Karine Prat, ont même évoqué, le 14 décembre, dans une interview accordée au Courrier de l’Ouest, l’hypothèse d’un enlèvement et d’une séquestration, notamment « pour des raisons financières ». « On garde espoir et on ne baissera pas les bras tant qu’ils ne seront pas revenus dans nos foyers », affirme, aujourd’hui, à franceinfo, Karine Prat.

« On rejoint cette hypothèse car le reste nous paraît improbable », acquiescent Emilie Cardré et Patrick Hoorelbeke. Mais les parents de Leslie ne participeront pas à la battue jeudi. « Je comprends l’initiative de Guy et Karine, mais j’ai peu d’espoir dans cette démarche », expose Emilie Cardré. Avec son compagnon, elle a déjà ratissé les bois autour de Prahecq et a préféré solliciter l’aide d’enquêteurs bénévoles de l’association Assistance et recherche de personnes disparues (ARPD). Le couple a aussi imprimé des affiches et en a distribué 500. Ils en ont placardé dans les mairies et veulent en faire autant dans les gares. Ils se sont constitués partie civile et espèrent avoir bientôt des nouvelles du juge d’instruction via leur avocat. « Il faut toujours trouver une nouvelle action à faire, car l’attente est longue. »


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