L’Aventure intérieure : il y a 35 ans, Première avait adoré ! [critique]
Fin 1987, la rédaction trouvait ce film de SF de Joe Dante parfait. Presque trop, même.
En ce vendredi soir, Arte vous propose un film de science fiction inoubliable : L’Aventure intérieure, alias Innerspace, de Joe Dante (Gremlins, Explorers…), produit par Steven Spielberg. Fin 1987, cette expérience scientifique qui tourne mal, au cours de laquelle le personnage de Dennis Quaid se retrouve par mégarde dans le corps de Martin Short, avait conquis Jean-Pierre Guérand. Voici ce qu’il écrivait dans Première, il y a tout juste 35 ans.
« Quittant les astéroïdes inaccessibles où vivent Gremlins et Mogwaïs, Hollywood plonge cette fois dans les arcanes du corps humain. Sur un scénario diabolique où tout est pesé, dosé, minuté à la perfection, les rebondissements s’enchainent avec bonheur dans une mise en scène hyper efficace. Roublardise suprême, les deux personnages principaux, Dennis Quaid (héros à l’étoffe évidente) et Martin Short (le genre de timoré dont on ne pourra bientôt plus se passer), ne se rencontrent que cinq minutes avant le générique de fin. La seule réserve relève du chipotage : L’Aventure intérieure est un film aux rouages trop bien huilés pour laisser place aux débordements. C’est un délire implacablement ordonné. (…) Mené à cent à l’heure par la crème de la crème des techniciens américains, avec une musique ad hoc de Jerry Goldsmith, L’Aventure intérieure est un divertissement de premier choix dont la fin ouverte laisse présager de suites prochaines. L’usine à rêves vient encore d’accoucher de l’un de ces produits sans faille dont Hollywood a le secret. Il faudrait être bien bégueule pour bouder son plaisir. »
Saluant aussi la prestation de Meg Ryan, capable de « renouveler intelligemment le personnage ingrat de la fiancée du héros« , il appréciait tous les « clins d’oeil ironiques et réjouissants » du film et ses méchants, « odieux à souhaits, décalages subtils de J.R., Terminator ou Crocodile Dundee. »
Ma scène culte de Gremlins, par Joe Dante
A sa sortie, ce fut un succès (25 millions de dollars récoltés aux Etats-Unis, 1,7 million d’entrées en France), sans pour autant battre des records, si bien que contre toute attente, Innerspace n’a finalement pas eu de suite. Meg Ryan et Dennis Quaid ont véritablement craqué l’un pour l’autre sur ce tournage, se sont mariés en 1991, et ont accueilli leur fils Jack un an plus tard – il est aujourd’hui célèbre pour son rôle dans la série comique The Boys, diffusée sur Amazon. Fort de l’excellent accueil critique de L’Aventure intérieure, le réalisateur a décidé de se tourner vers un cinéma plus adulte en tournant le drame Les Banlieusards, avec Bruce Dern et Carrie Fisher, mais ce fut un flop. Il est revenu peu après avec Gremlins 2, une suite aussi appréciée que le premier opus de 1984.
En 2015, il expliquait à Cinemaretro être encore très fier de L’Aventure intérieure : « Je l’ai toujours aimé. Je m’étais beaucoup amusé à créer ce film, et je crois que ça ce sent en le voyant. » Il explique d’ailleurs dans le commentaire audio (en version blu-ray) que c’est lui qui a transformé ce projet de Spielberg en comédie : quand le producteur l’a approché pour le tourner, il pensait à un hommage au Voyage fantastique, de Richard Fleischer (1966), mais Dante y a vu l’opportunité d’y ajouter beaucoup d’humour, tout en conservant son côté aventure. Ses effets-spéciaux ont eux aussi bien vieilli, selon son créateur, qui ajoutait au cours de la même interview : « Aujourd’hui, on construirait l’intérieur du corps en numérique, alors qu’à l’époque, ILM a fabriqué toutes ces choses pour L’Aventure intérieure. Tout le travail pour créer les effets de miniature ont d’ailleurs permis à l’équipe de gagner un Oscar. Je ne crois pas qu’on réussirait à faire beaucoup mieux de nos jours. »
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