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Le boom du compte personnel de formation avant son passage en euros

Tout ce qui est pris n’est plus à prendre. Avant  le passage du compte personnel de formation (CPF) d’heures en euros , le 1er janvier 2019, les organismes de formation font le forcing pour que les salariés mobilisent leurs comptes, seuls ou via leurs employeurs. C’est le constat que font plusieurs Organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), soucieux des conséquences de cette inflation de demandes pour leurs trésoreries.

« C’est vrai, je constate une accélération des mobilisations depuis un ou deux mois », confirme Thierry Teboul, le directeur général de l’Afdas, l’OPCA des secteurs de la culture, de la communication, des médias et des loisirs. Même son de cloche chez Opcalia, un des deux OPCA interprofessionnels. « Certains projets de formation s’accélèrent dans la perspective d’une baisse de ressources », confirme un de leur pair, sous couvert d’anonymat.

500 euros par an

Mis en place avec la réforme de 2014, le CPF est un droit individuel financé par une contribution mutualisée des employeurs gérée par les OPCA. Fin février, les partenaires sociaux se sont mis d’accord pour que son crédit passe de 24 à 35 heures par an, avec un plafond de 400 heures (contre 150).  Jugeant le dispositif trop opaque , le ministère du Travail a, au contraire, décidé que le CPF devait être crédité en espèces sonnantes et trébuchantes, à raison de 500 euros par an (800 pour les moins qualifiés), à la seule main de son titulaire.

Le hic, c’est que 35 heures ramenées à 500 euros, cela fait un taux de conversion de 14,28 euros de l’heure, alors que le taux moyen via les OPCA ressort à 31 euros grâce aux bénéfices de la mutualisation. Autrement dit, dénoncent les opposants à la monétarisation, les salariés vont y perdre lors de la bascule : un CPF doté de 100 heures par exemple ne « vaudra » plus que 1.428 euros passé le 1er janvier, contre 3.100 euros s’il est mobilisé d’ici au 31 décembre.

Une super application sur smartphone

« Il est évident qu’un salarié doit mobiliser son CPF aujourd’hui et pas demain », lâche Natanael Wright, le président de « Wall Street english » pour la France qui a tenté, sans succès, d’obtenir une rallonge de la part de l’exécutif. Le ministère du Travail n’en démord pas : le système de mutualisation a favorisé l’inflation des prix. Ce que les OPCA reconnaissent en partie tout en réfutant le procès en inconséquence qui leur est fait. Le marché va donc s’aligner et le salarié y gagnera.

Il y gagnera, à condition de pouvoir accéder aux euros de son CPF. Pour cela, Muriel Pénicaud promet une super application sur smartphone souvent présentée comme le « tripadvisor » de la formation professionnelle mais qui ne sera pas disponible, au mieux, avant mi-2019 (et encore pas dans sa version définitive qui permettra de payer directement l’organisme de formation).

Les OPCA ont été mobilisés pour assurer la transition. Charge à eux d’instruire les demandes de mobilisation des CPF en euros au moins six mois l’année prochaine, alors même qu’ils sortiront secoués. Le ministère leur impose une  consolidation au pas de charge pour assurer leurs nouvelles missions, centrées sur l’apprentissage.


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