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Les Français plébiscitent la banque mobile

Rien n’est plus secret pour les banques traditionnelles, ou en ligne, que leurs scores d’acquisition ou de pertes de clients. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) doit publier en septembre une étude qui devrait mettre tout le monde d’accord. On y observe, selon nos informations, la fulgurante percée des banques sur mobile et en ligne : en 2017, elles auraient ouvert pas moins de 1,3 million de comptes bancaires, soit 36 % des ouvertures de comptes enregistrées au cours de l’année par le secteur bancaire.

En un an,  ces acteurs qui proposent des services 100 % à distance auraient ainsi engrangé un tiers de clients supplémentaires. En effet, à fin 2017, les 12 principales banques en lignes et néobanques passées au crible par l’ACPR (Boursorama, HelloBank, Orange Bank, Nickel, N26, etc.) revendiquent un total de 4 millions de clients.

La percée des néobanques s’accélère

Cette percée n’est pas nouvelle mais les données compilées par le régulateur montrent qu’elle s’accélère à mesure que de nouveaux acteurs investissent le marché. En la matière, 2017 a été une année clef avec le  lancement du compte C-Zam de Carrefour en avril et celui de la banque mobile d’Orange en novembre.

Il faut dire que pour se faire une place dans le paysage compétitif du compte sur mobile, certains acteurs n’hésitent pas à faire de généreux cadeaux de bienvenue à leurs clients. C’est dans ce contexte que l’ACPR a notamment regardé de plus près les néobanques et banques en ligne.

Le gendarme bancaire vigilant

« Le  gendarme bancaire s’est interrogé sur leur rythme de conquête de clients, la rentabilité de leurs différents modèles économique, leurs investissements marketing, leur proportion de leurs clients actifs par rapport à ceux qui sont plutôt opportunistes, etc. », précise une source. Pour l’ACPR, il s’agit de s’assurer que ces acteurs, qui détiennent environ 5 % du marché bancaire français, ne créent pas de perturbations qui pourraient nuire à la stabilité financière. Dans ce domaine, le régulateur réserve ses conclusions pour la rentrée.

Au coeur des interrogations de la place figure la pérennité de  ces modèles de banques « low cost » . Les comptes annuels de ces acteurs publiés au BALO (Bulletin des annonces légales obligatoires) attestent du fait qu’ils n’engrangent pas de profits : en 2017, Orange Bank a réalisé une perte nette de 75,9 millions d’euros, Boursorama (Société Générale), pionnier du secteur, affiche une perte de 48,8 millions d’euros. Plus petites BforBank (Crédit Agricole) et Monabanq (Crédit Mutuel) sont aussi dans le rouge avec respectivement 20,2 millions et 8,6 millions d’euros de pertes.

Une mobilité bancaire encore limitée

En phase d’investissements, ces banques misent sur un équipement progressif de leurs clients en produits bancaires plus rentables (crédit à la consommation, assurances, produits d’investissements et de Bourse, etc.). Reste que si  les clients sont partants pour tester de nouvelles offres , ils semblent plus réticents à quitter définitivement leur banque d’origine : en 2017, selon le rapport à paraître en septembre, seuls 4,5 % des clients auraient réellement changé de banque. Un taux proche de celui mesuré en 2014 par le rapport d’Inès Mercereau sur la portabilité du compte bancaire.

Un récent rapport de l’Autorité bancaire européenne (EBA) souligne les risques opérationnels liés au développement de nouveaux services mobiles. Avec l’usage intensif du téléphone portable, la maîtrise du risque opérationnel n’est plus seulement dans la main des banques, mais aussi dans celle des grands fabricants mondiaux de smartphones.

Ce document – qui liste les risques et opportunités que créent les fintechs pour les établissements de crédit – pointe plus particulièrement la biométrie, comme par exemple la reconnaissance de l’utilisateur par son empreinte digitale. Outre de possibles détournement ou fraudes liés à cette technologie, les auteurs du rapport soulignent les risques « d’oligopole » et de « capacité à fixer les prix » d’un faible nombre de fabricants. « Etant donné la prolifération de banques mobiles et la domination sur le marché de certains systèmes d’exploitation mobiles, qui incluent des systèmes de biométrie intégrés, un risque de concentration sur un faible nombre de fabricants de portables dominants pourrait subvenir […] et atteindre un niveau systémique », souligne l’EBA. 

Le paiement sans contact est l’autre grand domaine dans lequel cette dépendance pourrait jouer des tours aux banques. L’usage du mobile peut « rendre plus inquiet » sur l’accès par des tiers aux informations bancaires du client (lorsque la banque propose à ses clients un « wallet » électronique conçu par le fabricant du téléphone). Une défaillance technique sur les téléphones peut, enfin, nuire à la continuité du service de paiement. 

E.Le.


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