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On en parle à Moscou : quand l’armée russe gonfle ses muscles

La Russie veut être militairement sur tous les fronts. Alors qu’elle a déclenché une opération aérienne d’envergure pour aider Bachar Al Assad à reprendre Idleb, l’armée russe prépare le plus impressionnant exercice militaire sur son territoire depuis la guerre froide. Ces manoeuvres, Vostok-2018 (Est-2018), doivent se tenir en Sibérie orientale et dans l’Extrême-Orient russe, de mardi à samedi. Elles vont mobiliser 300.000 militaires, y compris des petits contingents de la Chine et de la Mongolie, 1.000 avions dont des drones, plus quelque 36.000 tanks, blindés et véhicules d’artillerie et 80 navires. En annonçant en août ces manoeuvres, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, avait évoqué Zapad-81 (Ouest-81), les plus grandes manoeuvres de l’époque soviétique et qui avaient été organisées en pleine guerre froide par le défunt Pacte de Varsovie. Une façon de menacer alors la Pologne d’invasion si le pouvoir faisait trop de concessions au syndicat Solidarnosc.

Aujourd’hui, le  contexte est très différent . Vostok-2018 fait cependant suite à des exercices militaires opérés l’année dernière à la frontière de l’Union européenne, Zapad-2017 (Ouest-2017), d’une moindre envergure, mais qui avaient inquiété  les pays Baltes et la Pologne. Certes, pour le nouvel exercice Vostok, les responsables militaires russes ont tenté de dissiper toute inquiétude. « Vostok-2018 n’est dirigé contre aucun pays tiers, a affirmé le chef d’état-major, Alexandre Guerassimov. Elles s’inscrivent dans la doctrine militaire russe qui revêt un caractère défensif », a-t-il dit.

La Russie a en outre convié des observateurs de 57 pays ainsi que les missions militaires de l’Otan et de l’Union européenne à Moscou. « Les attachés militaires à Moscou ont été invités pour observer sur une base volontaire l’exercice. Cette offre est examinée », a indiqué aux « Echos » la porte-parole de l’Otan, Oana Lungescu. Ces exercices ne sont néanmoins pas soumis aux règles sur la transparence militaire de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) car ils ont lieu à l’est de l’Oural, hors de la zone.

Et en dépit de ces déclarations rassurantes, l’exercice est clairement « conçu pour examiner la capacité militaire de la Russie à coordonner ses forces dans le contexte d’une guerre avec l’Otan », résume Jack Watling, du think tank  Rusi (Royal United Services Institute). Cette démonstration de force souligne non seulement les ambitions militaires grandissantes de la Russie, mais également le rapprochement croissant, en dépit des tensions, avec la Chine.


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